8 mai : Devoir de mémoire tronqué…

Le message du gouvernement lu lors de la commémoration de la Victoire 1945 laisse perplexe. Dire « A la suite du général de Gaulle, ils ont relevé notre honneur et permis à la France d’être à la table des vainqueurs…» est quelque peu réducteur ! Certes, le fameux appel du 10 juin 40 est historique, mais certains, parmi lesquels les communistes, se sont rapidement positionnés sur le sol national vis à vis du régime de Vichy et de l’envahisseur. Suite à la dissolution du PCF le 26 septembre 39, un tract diffusé par ses militants notamment aux portes des usines à Castelsarrasin et Montauban, indique : « Les communistes affirment qu’ils seront toujours au premier rang de la lutte et accompliront leur devoir ». (Cet acte de bravoure entraînera des arrestations suivies de condamnations).

Ainsi, le 17 juin 1940, après la capitulation de Pétain, Charles Tillion, dirigeant du PCF clandestin, lance depuis Bordeaux un appel qui stipule : «Le peuple français ne veut pas de l’esclavage, de la misère, du fascisme, ni de la guerre des capitalistes. Notre devoir est de nous unir pour libérer notre territoire. Il faut l’union pour chasser à la fois les capitalistes, leurs valets, les traîtres et les envahisseurs ». Le 10 juillet 40, les dirigeants du PCF, Maurice Thorez et Jacques Duclos, signent un autre appel national titré : « Le peuple français ne sera jamais un peuple d’esclaves ! ».

L’affirmation « La victoire des nations alliées, le 8 mai 1945, a consacré la victoire de la démocratie, des valeurs universelles et de la dignité de l’Homme. L’idéologie criminelle et raciste était vaincue », mériterait d’être nuancée sauf à oublier le fascisme qui perdurera en Espagne et au Portugal.

Omission de taille encore, le texte gouvernemental n’évoque nullement ni le programme du Conseil National de la Résistance, ni l’œuvre des gouvernements qui l’appliquèrent, en 44, 45 et 46, sous l’impulsion souvent de personnalités communistes, décidant du droit de vote des femmes (Fernand Grenier), créant la Sécurité Sociale (Ambroise Croizat), nationalisant la Banque de France et les sources d’énergie dont EDF/GDF (Marcel Paul), instituant les statuts de la fonction publique (Maurice Thorez), du fermage-métayage (Waldeck Rochet), ou encore des Comités d’Entreprise ou de la presse…

Guy Jamme


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