Champagne à flot pour les actionnaires, une larme pour les salariés. C’est en substance ce qu’il ressort de l’enquête conduite par Oxfam France sur les entreprises du CAC 40 en partenariat avec la coopérative Basic (Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne), et publiée ce lundi. Sur cent euros de profits réalisés en moyenne par les entreprises du CAC 40 entre 2009 et 2016, leurs actionnaires ont récupéré pas moins de 67,40 euros quand les salariés, eux, ont dû se contenter de 5,30 euros, la multinationale gardant 27,30 euros pour les investissements.
Autrement dit, la rémunération des actionnaires a augmenté quatre fois plus vite que celle des travailleurs. Or, « si les entreprises du CAC 40 avaient choisi de maintenir en 2016 le niveau de dividendes de 2009, et d’augmenter les salaires (…), l’ensemble des travailleurs du CAC 40 auraient pu voir leurs revenus augmenter d’au moins 14 000 euros sur la période, soit plus de 2 000 euros par an et par employé ». Une hystérie financière qui génère de fortes injustices sociales puisqu’elle ne profite qu’à une « minorité très fortunée », rappelle l’ONG. Oxfam note également que ce modèle économique qui vise à satisfaire uniquement l’appétit vorace des actionnaires fragilise l’entreprise. Entre 2009 et 2016, la capacité d’investissement, par exemple, a chuté de 17 milliards d’euros.
Des PDG qui gagnent 300 fois plus que leurs employés
Outre cette injuste répartition des profits, les inégalités ont aussi explosé à l’intérieur des entreprises. En 2016, les patrons des multinationales françaises ont touché pas moins de 119 fois le salaire moyen dans l’entreprise contre 96 fois en 2009, expliquent les économistes d’Oxfam. Et il faudrait plus de deux ans à un salarié payé au Smic pour espérer pouvoir gagner autant qu’un patron du CAC 40 en une seule journée.
Très loin devant, l’ancien PDG jusqu’en 2017 du groupe Carrefour, qui s’apprête à supprimer 5 000 emplois, a gagné 306 fois le salaire moyen de l’entreprise entre 2009 et 2016. Suivent ensuite les rémunérations des patrons de LVMH et de Danone, avec des rapports respectifs de 270 à 1 et de 227 à 1. Autant d’entreprises où le salaire moyen est faible, à l’instar du géant de la grande distribution dont les employés touchent en moyenne 16 000 euros brut par an.
Dénonçant ce modèle économique court-termiste, Oxfam appelle le gouvernement à « corriger le tir ». L’ONG demande à l’exécutif d’encadrer la rémunération des actionnaires, de telle sorte qu’après investissement, la « part réservée sous forme de dividendes ne pourrait représenter davantage que la part des bénéfices redistribuée aux salariés ». Ou encore d’« appliquer au maximum un facteur 20 entre la rémunération la plus haute et la rémunération médiane de l’entreprise ».
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