Le plus dur est à venir pour les paysans français

Une réduction des aides est annoncée alors que les prix agricoles restent désespérément bas depuis plus de trois ans. Photo : AFP

Une réduction des aides est annoncée alors que les prix agricoles restent désespérément bas depuis plus de trois ans. Photo : AFP

La loi agricole votée par l’Assemblée nationale va passer au Sénat sans avoir laissé espérer une rémunération des paysans par les prix. En effet, ces derniers restent désespérément bas. Et en même temps, la Commission européenne veut imposer une réduction de aides directes versées aux paysans européens à partir de 2021.

Depuis deux jours on entendait surtout parler d’un seul volet de la loi voulue par Emmanuel Macron pour améliorer le revenu des paysans en prenant en compte les coûts de productions au moment de négocier les prix faces aux transformateurs et aux distributeurs. Car, à l’initiative d’une partie des députés du groupe majoritaire LREM, on a surtout polémiqué sur la non intégration dans la loi de la promesse faite par le même Emmanuel Macron d’interdire le traitement de certaines cultures par le glyphosate, un herbicide dont il se dit qu’il serait cancérogène probable.

Sur le principe on pourrait approuver sans réserve l’adoption d’une telle mesure. Mais si le glyphosate est cancérogène, il convient de l’interdire dans tous les pays membres de l’union européenne en même temps et d’interdire en Europe les importations de céréales et d’oléagineux des pays tiers traités au glyphosate, qu’il s’agisse du blé canadien, du maïs brésilien ou du soja argentin. Sinon, interdire l’utilisation du glyphosate en France seulement revient  à imposer une distorsion de concurrence aux paysans français tout en laissant les transformateurs et les distributeurs nous vendre des denrées traitées avec cet herbicide. Curieusement, les partisans de l’interdiction de cette molécule chimique d’ici trois ans n’ont jamais invoqué cette distorsion de concurrence.

Vers une baisse de 8% des aides directe à partir de 2021

Au lendemain de ce débat de l’Assemblée nationale qui a occulté la question sensible des prix agricoles et du revenu paysan, des nouvelles préoccupantes sont venues s’additionner concernant le revenu des paysans. Viticulteurs, maraîchers et autres ont été nombreux à subir ces derniers jours les dommages occasionnés par les orages de grêle dans différentes régions. Hier la Commission européenne a annoncé une baisse de 8%des aides directes à l’agriculture pour les années qui vont de 2021 à 2027 par rapport à ce que perçoivent les paysans jusqu’en 2020.

Cette réduction des aides est annoncée alors que les prix agricoles restent désespérément bas depuis plus de trois ans. Selon la note de conjoncture publiée par l’INSEE ce 31 mai, le prix des animaux de boucherie a baissé de 2,1% en avril, celui des porcs ayans baissé de 6,7% sur un mois et de 20,2% sur un an. Le blé se traîne à 160€ la tonne rendu au port d’embarquement le lait est tombé 30 centimes le litre au départ de la ferme, contre 41 centimes en  2014.

Parallèlement, le prix moyen de l’énergie a augmenté de 3,8% en avril et de 9,2% en un an. Mais ce chiffre concerne la totalité des énergies et l’on sait que le gazole utilisé par les tracteurs augmenté plus que cela. Le prix d’achat d’un tracteur est également en hausse de 4,1% sur un an. Voilà qui ne va pas contribuer à l’amélioration du revenu des paysans. Mais, un an après l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée, il apparaît que la situation globale des consommateur se fragilise aussi comme en témoigne la publication de plusieurs notes de l’INSEE, ce jeudi 31 mai.

La consommation des ménages recule de 1,5% en avril

En avril, le chiffre d’affaires des grandes surfaces alimentaires se replie de – 2,6% , tandis que la consommation des ménages baisse également de- 1,5% .Il faut sans doute voir là les effets, à terme, de la hausse de la CSG dont les retraités ont été les principales victimes tandis que la précarité progresse chez les salariés.

Finalement, on peut se demander si la polémique autour du glyphosate mise en exergue par certains députés de la majorité n’a pas été montée comme une opération de diversion afin de laisser la grande distribution mener la guerre des prix bas sur le dos des producteurs et des transformateurs. Surtout que cette guerre résulte d’une loi votée par la droite en 2008 à partir du rapport de la Commission Attali rédigé à l’époque par …Emmanuel Macron.

Gérard Le Puill, Journaliste et auteur


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