A l’appel de 9 organisations dont l’Union confédérale des retraités CGT, des dizaines de milliers de retraités vont défiler dans tout le pays demain contre l’amputation de leur pouvoir d’achat depuis le début de cette année via la hausse de la CSG. Cette baisse des pensions est d’autant plus injuste que ces dernières sont bloquées depuis des années tandis que la hausse de la CSG sert, entre autre, à alimenter l’UNEDIC alors que les retraités, de par leur statut de pensionnés, ne peuvent avoir droit au chômage.
Pour bien comprendre le sens de la journée d’action de ce jeudi 14 juin chez les retraités et prendre la mesure du mécontentement qui les anime, on peut se reporter au 12 avril de cette même année 2018. Ce jour-là, au journal de 13H de Jean-Pierre Pernaut, décentralisé dans l’école primaire d’un village normand, Emmanuel Macron avait « remercié » les retraités de l’effort qu’il leur avait imposé au nom, disait-il, de la « solidarité nationale » en faveur des jeunes générations.
Depuis la tenue de ces propos incongrus par le président de la République, une étude de l’INSEE publiée le 5 juin sur l’évolution du patrimoine et du pourvoir d’achat des Français entre 1996 et 2015 nous apprend que « huit ménages de parents d’un jeune de 18 à 24 ans sur dix, l’aident financièrement à hauteur de 3.670€ par an. Au total, 8% du revenu disponible des ménages de parents est consacré à l’ide du jeune adulte », poursuit l’INSEE. Certains de ces parents sont aussi des retraités et l’INSEE n’a pas poussé la curiosité jusqu’à chercher à savoir dans quelles proportions les retraités aident aussi leurs petits enfants financièrement comme en assurant bénévolement la garde à la sortie des écoles ainsi durant les jours où les gosses ne sont pas scolarités.
Quand la pension de 1.500€ baisse de 27,45€ par mois
Depuis l’entrée en vigueur de cette hausse de la CSG, chacun peut se rendre compte que la ponction de + 1,7% appliquée à la pension brute, se traduit par une baisse de 1,83% sur la pension nette. Quiconque percevait 1.500€ net avant la hausse pouvait penser que sa pension allait diminuer de 25,50€ par mois et de 306€ sur l’année. Au final, la baisse est de 27,45€ par mois et de 329,40 euros sur l’année. C’est la baguette de pain que Macron enlève chaque jour de la bouche du modeste retraité.
Des veufs et surtout des veuves qui touchaient moins de 1.200€ par mois, mais percevaient en plus une pension de réversion de leur défunt conjoint, se retrouvent taxés sur la totalité de leurs revenus par ce prélèvement. Le nouveau président des riches pille les retraités afin de concéder une petite augmentation du salaire net aux actifs, sans que cela ne coûte un centime aux employeurs. Mais, en supprimant la cotisation maladie et la cotisation chômage qui étaient à la charge du salarié, on augmente si faiblement le salaire net que même les bénéficiaires sont mécontents du résultat. Car ils subissent aussi la hausse de la CSG. Parallèlement, la hausse du prix du pétrole brut comme celle des taxe sur les carburants en France depuis le début de l’année ont déjà annulé le mini hausse du pouvoir d’achat des actifs que Macron a fait payer par les retraités en choisissant de ne rien demander aux patrons de LVMH, de Carrefour, de Renault, de Peugeot-Citroën, de Dassault, du Crédit Agricole ou de BNP Paribas.
Quand les retraités paient à la place des patrons du CAC 40
Faut-il croire que ces patrons ne pouvaient pas payer ? Le Figaro du 5 mars de cette année indiquait que, pour l’année 2017, « sur les 39 entreprises du CAC 40 qui ont dévoilé leurs comptes, 31 affichent des résultats en hausse. La palme du plus fort bénéfice revient à Sanofi avec 8,4 milliards d’euros ». LVMH a annoncé 5,12 milliards d’euros de bénéfices pour l‘année 2017. Bernard Arnault, première fortune française, bénéficie de la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pendant que la ponction sur nos pensions sert à payer la cotisation de chômage et de maladie de ses employés. Carlos Ghosn, PDG de Renault ne paiera plus cet ISF sur ses 7 millions d’euros de salaire perçus en 2017.
Partout où ils osent encore aller au contact de la population dans leur circonscription, les députés de La République En Marche constatent que cette hausse de la CSG a profondément mécontenté les gens qui ont voté pour eux. Voilà pourquoi les retraités ont de bonnes raisons de manifester le 14 juin. D’autant qu’Emmanuel Macron joue un double jeu pour le moins pervers. Evoquant la prochaine réforme unificatrice des retraites sur laquelle il demande au Parlement de légiférer, il prétend qu’il y aura demain un droit à pension identique pour chacun comme pour tous et cela résultera de chaque euro cotisé. Mais le niveau des pensions des retraités ont bien été calculés individuellement en fonction des années et des niveaux de cotisations de chacun et chacune. Or Macron a utilisé la CSG pour réduire de manière autoritaire et probablement illégale les pensions de retraites en janvier 2018.
L’étrange complicité du Conseil Constitutionnel
Ajoutons que le Conseil Constitutionnel, présidé par l’ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale Laurent Fabius, n’a rien trouvé à redire contre cette ponction. Le Conseil Constitutionnel se rend ainsi complice de la spoliation dont sont victimes des millions de retraités alors que le Conseil d’Etat a mis en doute la légalité de cette façon de procéder. Au delà du président de la République et de son gouvernement, le moment n’est-il pas venu de demander des explications au président de Conseil constitutionnel sur cette douteuse complicité ?
En savoir plus sur Moissac Au Coeur
Subscribe to get the latest posts sent to your email.