Devenue une icône intergénérationnelle, Simone Veil, figure emblématique de la lutte pour l’émancipation des femmes, rescapée de la Shoah, entre dimanche au Panthéon.
«Merci Simone », « On prend la relève ». À l’annonce de son décès, il y a tout juste un an, les hommages affluent sur les réseaux sociaux. Les murs Facebook et ceux de Paris affichent le visage volontaire de Simone Veil. Les trottoirs sont tagués ici et là d’un « Simone s’éteint, les femmes restent en Veil ».
La disparition de cette figure politique du XXe siècle, rescapée de la Shoah, devenue le symbole du droit à l’IVG, suscite une émotion intense dans tout le pays. Et touche toutes les générations. Un an plus tard, c’est tout naturellement que l’ancienne ministre et présidente du Parlement européen sera la cinquième femme à reposer dans le monument consacré… « aux Grands Hommes »…
Ce rare élan fédérateur a inspiré Julia, Éléonore et Duy-Thien, qui ont créé ensemble le collectif Merci Simone. C’est à elles qu’on doit les grandes affiches colorées du portrait, souligné d’un « Merci Simone », placardées dans les rues de Paris. « Elle est un emblème de l’émancipation des femmes. On veut transmettre son exemplarité. Notre démarche, c’est un cri d’amour collectif en son honneur, explique Julia. C’est une icône qui traverse les générations. C’est rare d’avoir un parcours de vie qui résonne encore dans l’actualité, c’est pour ça qu’elle perdure. » Au théâtre aussi, l’ancienne ministre de la Santé est à l’honneur. À la Comédie Bastille, la pièce Et pendant ce temps, Simone Veille ! retrace le parcours de trois générations de femmes, depuis 1950. Plus de 60 années d’histoire de la condition féminine y sont racontées avec humour. Et comme mentor de cette période clé du féminisme, c’est Simone qu’on a choisi. Son personnage intervient pour recadrer, guider, superviser le destin des trois autres. Poing levé, les comédiennes la nomment « mère spirituelle ». La pièce se conclut par la projection de son discours historique à l’Assemblée nationale. Un choix que Trinidad, l’auteure et compositrice de la pièce, justifie : « Simone Veil, pour moi, c’est la dignité à tous les niveaux, c’est un modèle. » À la sortie de la salle, les larmes aux yeux, une étudiante en 1968 confie : « C’est un très bel hommage, cette pièce. À la fin, on se sait plus qui on applaudit, si ce sont les comédiennes ou si c’est Simone. » Car, rarement une figure politique aura fait autant consensus, y compris chez les féministes qui pouvaient en même temps combattre sa famille politique et s’incliner devant le courage et la dignité exemplaires de cette ministre de Jacques Chirac. « C’est peut-être pas la plus féministe des femmes, mais c’est celle qui n’a pas lâché le morceau », rappelle Trinidad.
« Créer une Simone intemporelle »
Rendre hommage à Simone Veil, c’est aussi un moyen de transmettre le flambeau de la lutte féministe aux plus jeunes générations. Pour Julia, du collectif Merci Simone, il s’agit de « créer une Simone intemporelle, un totem, pour la populariser et transmettre une conscience féministe, pour que la lutte continue. Et la rue, c’est un médium très populaire. C’est comme ça qu’on touche le plus facilement. » « L’idée de ma pièce, explique Trinidad, c’était de montrer à la jeune génération d’où on vient et que rien n’est acquis. C’est très fragile tout ça. » Si la figure de Simone Veil peut paraître consensuelle, Julia dément : « On pensait naïvement que tout ce combat était acquis et, en fait, pas du tout : des gens taguent des propos fascistes sur nos affiches ou les déchirent… »
Déroulé de la journée de dimanche
La cérémonie débutera dimanche matin, à 11 heures, quand les cercueils de Simone Veil et de son mari seront portés pour remonter la rue Soufflot, accompagnés par la chanson Nuit et Brouillard de Jean Ferrat. Des films sur la Shoah ou l’Europe seront également diffusés. À 11 h 30, Emmanuel Macron prononcera son discours, avant une Marseillaise interprétée par la cantatrice Barbara Hendricks, accompagnée du Chœur de l’armée française. Les anciens chefs de l’État François Hollande et Nicolas Sarkozy seront présents. À la fin du discours, les deux cercueils entreront dans le Panthéon. De 16 heures à 22 heures, le public pourra entrer dans la nef du Panthéon pour rendre hommage au couple Veil, qui sera placé près des cercueils des résistants Jean Moulin et Pierre Brossolette.
En savoir plus sur Moissac Au Coeur
Subscribe to get the latest posts sent to your email.