Les jurés avaient commencé à délibérer le 8 août après plus d’un mois de débats dans ce procès historique, le premier à concerner le caractère possiblement cancérigène des produits au glyphosate de Monsanto. Ils ont déterminé vendredi que Monsanto avait agi avec « malveillance » et que son herbicide Roundup, ainsi que sa version professionnelle RangerPro, avaient « considérablement » contribué à la maladie du plaignant, Dewayne Johnson.
Le géant agrochimique, qui vient d’être racheté par l’allemand Bayer, était poursuivi par cet Américain de 46 ans qui a abondamment utilisé le désherbant Roundup et sa version professionnelle plus puissante, le RangerPro, dans le cadre de son travail de jardinier, entre 2012 et 2014.
Moins de deux ans à vivre
Ce père de trois garçons a été diagnostiqué en 2014 d’un lymphome non hodgkinien, un cancer incurable du système lymphatique. Les médecins lui donnent moins de deux ans à vivre.
M. Johnson, qui n’avait pas de problème de santé auparavant, à expliquer, lors de son témoignage fin juillet, qu’il n’avait aucune idée des controverses sur le glyphosate avant de voir des marques sur sa peau et de se renseigner sur internet.
« J’ai reçu beaucoup de soutien depuis le début de cette affaire, beaucoup de prières et d’énergie de la part de gens que je connais même pas. Je suis content de pouvoir aider une cause qui me dépasse largement. Et j’espère que cette décision commencera à lui apporter l’attention dont elle a besoin« , a réagi sobrement M. Johnson au cours d’une conférence de presse.
Tombé dans les bras de ses avocats à l’annonce du verdict, partagé entre larmes et sourires, cet Américain de 46 ans réclamait plus de 400 millions de dollars, estimant que les produits de Monsanto avaient entraîné son cancer et que la multinationale avait sciemment caché leur dangerosité. Cette dernière a été condamnée à 250 millions de dollars de dommages punitifs, assortis de 39,2 millions de dollars d’intérêts compensatoires.
Les avocats du plaignants soulignent que Monsanto a fait passer ses bénéfices avant la santé publique en bataillant contre des études faisant état de risques cancérigènes autour du Roundup.
Pour l’un d’entre eux Me Brent Wisner, le verdict « montre que les preuves (de la dangerosité du glyphosate) sont accablantes ». « Des gens souffrent du cancer car Monsanto ne leur a pas donné le choix », a-t-il ajouté, se disant déterminé à « (se) battre jusqu’au bout » alors que l’entreprise compte faire appel. « Comment ose-t-elle? »
Pour Monsanto, il n’y a aucun lien entre cancer et glyphosate et donc aucune raison d’avertir d’un danger quelconque à propos de cette substance très controversée.
« Le jury a eu tort », a déclaré à des journalistes le vice-président de Monsanto Scott Partridge, devant le tribunal. L’entreprise a par ailleurs immédiatement réagi dans un communiqué, annonçant qu’elle avait l’intention de faire appel et réitérant l’idée que le glyphosate, principe actif du Roundup, ne cause pas le cancer et n’est pas responsable de la maladie du plaignant.
Des milliers de procédures
Si ce dossier est le premier autour du glyphosate à arriver devant un tribunal, c’est parce que la loi californienne oblige la justice à organiser un procès avant le décès du plaignant. Des milliers de procédures contre Monsanto sont en cours aux Etats-Unis, à des degrés divers d’avancement. Le verdict de vendredi « va provoquer une cascade de nouvelles affaires », selon Robert F. Kennedy Jr, membre de l’équipe d’avocats rassemblée autour du plaignant, qui compte demander à ce que l’appel de Monsanto soit traité en urgence compte tenu de l’état de santé de M. Johnson.
Plébiscité par les cultivateurs pour son efficacité et son faible coût, le glyphosate fait particulièrement polémique en Europe et notamment en France.
Selon l’un des avocats du plaignant, Brent Wisner, le verdict « montre que les preuves (de la dangerosité du glyphosate) sont accablantes ». « Des gens souffrent du cancer car Monsanto ne leur a pas donné le choix », a-t-il ajouté, se disant déterminé à « (se) battre jusqu’au bout » alors que l’entreprise compte faire appel. « Comment ose-t-elle? »