Interdite de manifestation pour trois ans, la militante PCF semble faire les frais d’un « contexte national » et politique.
«Il s’agit d’une peine qui tient compte des circonstances particulières de commission des faits après une audience longue et une instruction circonstanciée. » Ces mots voilés de l’avocat de Maria B., Me Beaux, révèlent en substance le caractère exceptionnel de la condamnation de la militante PCF mercredi soir. Accusée d’avoir participé à l’agression du directeur départemental de la sécurité publique lors d’un rassemblement de gilets jaunes à Valence (Drôme), le 8 décembre (voir notre édition du 26 décembre), elle a été condamnée à neuf mois d’emprisonnement, dont six assortis du sursis simple, avec interdiction de manifester pendant trois ans. « Comment ne pas interpréter (cette) décision comme la volonté de porter atteinte au droit de manifester ? » interroge la fédération du PCF de la Drôme. Car, « à l’évidence, la logique qui avait prévalu pour mettre en détention préventive (les) quatre manifestants (qui comparaissaient ce jour-là — NDLR), à savoir faire un exemple, a continué à être la ligne suivie par le procureur de la République ».
« Nous sanctionnerons et nous livrerons à la justice »
Ces « réquisitions répressives », selon l’avocat de Maria, s’élevaient à douze mois de prison, dont six avec sursis. Les quatre prévenus – qui écopent de peines allant jusqu’à un an de prison ferme – n’avaient pas de casier judiciaire. Seulement, pour le procureur, ils voulaient « bouffer du flic » – « flic » qui, le 8 décembre, portait une tenue de civil, un brassard et son arme de service. Si Me Beaux pointait avant l’audience un « contexte national » qui a « joué » dans cette instruction, le procureur ne s’en est pas caché mercredi, faisant un lien avec les « actes dégueulasses » commis à Paris sur trois policiers à moto.
« Nous serons intraitables », prévenait le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, à la veille de la mobilisation du 1er décembre, précisant que, « dès qu’il y aura des dégâts, des provocations, nous sanctionnerons, nous interpellerons et nous livrerons à la justice ». Les nombreuses comparutions immédiates – que les quatre prévenus de la Drôme ont refusées pour préparer leur défense – et les condamnations de gilets jaunes, dont le seul tort, pour certains, avait été de prévoir un équipement spécifique pour manifester, ont suivi. Ici, l’acte reproché à Maria est de s’être emparé du bonnet du commissaire dans le but de « détourner son attention pour qu’il ne sorte pas son arme », s’est-elle défendue : « Je n’ai jamais donné de coup à qui que ce soit. » Détenue pendant douze jours, elle pourrait échapper à un nouvel emprisonnement si le juge d’application des peines en décide ainsi.
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