Le conseil national du PCF a validé samedi sa liste pour le scrutin du 26 mai, conduite par Ian Brossat. Gilets jaunes, syndicalistes, féministes, écologistes : un « arc-en-ciel » de luttes pour une « Europe des gens, pas celle de l’argent ».
«Des gens ordinaires qui ont accompli des choses extraordinaires. » C’est ainsi que Ian Brossat décrit la liste qu’il conduira pour les élections européennes, validée samedi par le conseil national du PCF, et qui sera soumise au vote des adhérents du 30 janvier au 2 février. « Sa composition est à l’image de notre diagnostic politique, explique l’adjoint au maire communiste de Paris. Le monde politique est à mille lieues de la réalité sociale, comme le rappellent les mobilisations des gilets jaunes. Nous cherchons à réparer cette fracture. Notre parti pris, c’est donc d’avoir une liste à l’image de la vie réelle, du monde du travail tel qu’il est aujourd’hui. »
Un choix qui s’affiche dès la deuxième position, avec la candidature de Marie-Hélène Bourlard, ex-syndicaliste CGT de l’usine textile Ecce, figure du documentaire de François Ruffin Merci patron ! (voir son portrait dans notre édition du 15 novembre 2018). « Ça ferait beaucoup de bien d’avoir la première femme ouvrière qui rentrerait au Parlement européen », s’enthousiasme Ian Brossat. La liste comporte en effet 50 % de salariés et d’employés, soit la même proportion que dans la population active. En comparaison, l’Assemblée nationale ne compte que 4,6 % d’employés et aucun ouvrier. Suivent sur la liste en 3e et 4e positions les députés européens communistes Marie-Pierre Vieu et Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité.
Trois candidats gilets jaunes sur la liste
Pour le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, « cette liste, c’est le rassemblement des luttes, c’est la France du monde du travail qui n’accepte plus ce qu’on lui fait subir, c’est l’arc-en-ciel des blouses blanches, des gilets jaunes, des cols bleus, des robes noires, des bottes vertes et des chasubles rouges, avec la très forte représentation du monde du travail ». Routiers, agriculteurs, cheminots, enseignants, aides-soignants, médecins… les candidats de la liste proposée par le PCF représentent autant le secteur public que le privé. En 9e position, Arthur Hay, livreur Deliveroo de 28 ans, a créé le premier syndicat de coursiers à vélo de France. « Tous ces syndicalistes, qu’ils luttent dans le secteur public ou privé, se battent comme des lions », se félicite Ian Brossat. À l’instar de Franck Saillot, ouvrier de la papeterie Arjowiggins de Wizernes, dans le Pas-de-Calais, qu’il a occupée avec ses collègues durant trois ans, jour et nuit, pour en éviter la fermeture. Une lutte victorieuse qui a abouti à une reprise de l’activité à l’automne dernier, sauvant une centaine d’emplois.
Trois gilets jaunes, très investis sur les ronds-points, seront aussi de la partie. C’est le cas du champion de taekwondo Mamoudou Bassoum, qui, le 1er décembre 2018, était monté sur le podium des championnats d’Europe avec son gilet jaune sur les épaules en soutien au mouvement qu’il a rejoint, dès les premières heures, sur les ronds-points du Loiret. « L’humain d’abord, c’est ça mon credo », explique-t-il à l’Humanité. « Notre société a été complètement déshumanisée par la course au profit, à l’individualisme », déplore le sportif de 35 ans, qui dit s’être engagé « naturellement » aux côtés des communistes, « après avoir constaté le formidable boulot des élus PCF » dans son département. Autre beau symbole : la candidature de Maryam Madjidi (n° 8), prix Goncourt du premier roman en 2017 pour Marx et la poupée, dans lequel on découvrait le parcours de cette fille de militants communistes de Téhéran à Paris, où elle enseigne le français à de jeunes mineurs isolés. « Pour moi les engagements artistique, social et politique ne font qu’un, explique-t-elle. Nous sommes dans un climat politique très particulier.
Face à cette vague qui menace, il faut se mouiller et choisir son camp ! J’ai été très sensible au courage politique du PCF de ne rien lâcher sur l’accueil des réfugiés quand la facilité populiste pousse d’autres à jouer avec les peurs. » Fort d’une liste dont « chaque nom est porteur d’une lutte, d’un engagement concret et d’espoirs largement partagés dans le pays », selon les mots de Fabien Roussel, le PCF, crédité jusqu’à présent de 2 à 3 %, compte se saisir de son avance pour remonter la pente. « Nous lançons notre campagne, sans pour autant renoncer à tendre la main jusqu’au bout à ceux qui le souhaiteront », précise Fabien Roussel, alors que six listes de gauche sont déjà en lice, dont les scores additionnés n’atteignent pas les 30 %, selon le dernier sondage Elabe.
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