Marine Roussillon : « Blanquer ouvre un énorme marché à l’éducation privée » (Vidéo)

Alors que le ministre de l’Education nationale présente aujourd’hui son « projet de loi pour une école de la confiance », la maîtresse de conférence à l’université d’Artois et membre de la direction du PCF en charge des questions d’éducation, Marine Roussillon, est l’invitée de la Midinale.

VERBATIM

 Sur le projet de loi de l’école de confiance 
« La confiance pour Jean-Michel Blanquer, c’est la débrouille. Chacun se débrouille tout seul pour choisir sa formation. »
« Ce gouvernement a une vision libérale de l’école comme on en a depuis un bout de temps et qui part de l’idée que tous les enfants ne sont pas faits pour réussir à l’école. Du coup, il faut sélectionner le plus tôt possible. »
« L’école d’aujourd’hui est une école qui n’est pas faite pour faire réussir tous les enfants. C’est pas faute de bonne volonté du côté des enseignants et des familles mais on est dans un système qui date de la IIIème République, qui est un système sélectif. »

 Sur ce qu’il faudrait faire pour l’école 
« L’axe fondateur ça serait de refonder l’école pour qu’elle soit construite sur le modèle de l’enfant qui n’a que l’école pour réussir et qui ne peut pas s’appuyer ni sur une culture familiale, ni sur des cours privés. »
« Il faut faire confiance aux enseignants en leur donnant les moyens de réussir, en changeant leurs conditions de travail, en abaissant les effectifs, en revalorisant les salaires et en construisant une formation de haut niveau pour les enseignants. »

 Sur les points principaux du projet de loi 
« Cette histoire de niveau [qui consiste à dire que le niveau des élèves baisse] est une façon de ne pas parler du vrai problème de l’école qui est celui des inégalités. »
« Nos très bons élèves sont plutôt meilleurs aujourd’hui qu’il y a dix ou vingt ans. Le problème c’est que les inégalités s’accroissent. »
« Il y a bien une démocratisation scolaire, le niveau global monte plutôt dans la société mais la différence entre les plus démunis et ceux qui réussissent le mieux est de plus en plus grande. Et évidemment l’école produit du tri social. »

 Sur la scolarisation dès 3 ans 
« Blanquer est connu depuis très longtemps pour être un grand copain des écoles privées. »
« Rendre l’instruction obligatoire dès trois ans, c’est obliger les communes à financer les écoles maternelles privées. »
« C’est un énorme marché qui s’ouvre à l’éducation privée d’autant que Blanquer favorise toutes les pédagogies alternatives marchandes. »
« Vu l’état actuel des finances des communes, on ne voit pas comment elles peuvent tout payer. »

 Sur l’attractivité du métier d’enseignant 
« On va permettre à des gens de faire le métier d’enseignant en étant payés deux fois moins et sans la formation. »
« Il faut rendre l’attractivité au métier de l’enseignement mais pour ça il faut mettre en place un vrai pré-recrutement sous statut de la fonction publique avec un vrai salaire. »

 Sur la mobilisation des enseignants 
« Le monde enseignant est déjà mobilisé, la question c’est celle des moyens d’actions. »
« Le monde enseignant est peu en manif, peu en grève. Il est très largement opposé à ce projet de loi. Et il cherche les moyens de se faire entendre après des années où il n’a pas réussi à se faire entendre. »
« Ça fait dix ans que l’éducation se prend des réformes dans la tête, à un rythme très élevé qui fait que d’une part il y a de l’usure, d’autre part les nouvelles générations d’enseignants qui arrivent ont beaucoup moins de culture du métier parce qu’ils ont beaucoup moins eu accès à une formation, ils sont plus précaires, ils sont plus noyés sur les heures supplémentaires et c’est beaucoup plus difficile de se mobiliser dans ces conditions-là. »

 Sur les stylos rouges 
« C’est très important ce qu’il se passe avec les stylos rouges. »
« Il y a beaucoup de syndiqués dans les stylos rouges, ça n’est pas un mouvement anti-syndical. »
« On cherche des moyens efficaces de se mobiliser. »
« C’est une mobilisation qui se développe dans les endroits où ça se mobilisait peu avant : dans des lycées privés, dans des écoles rurales. Et maintenant, il fait qu’elle trouve ses moyens d’actions pour se faire entendre. »

 Sur l’échec de la gauche en matière d’éducation 
« Je pense que si on veut reconstruire une gauche de combat, ça passe par un projet pour l’école. »
« Le projet on l’a mais ça fait plus de dix ans qu’on a perdu la bataille idéologique. De plus en plus de gens sont convaincus qu’il y a des enfants qui ne sont pas faits pour l’école alors que le fond du problème c’est que l’école n’est pas faite pour tous les enfants. Et il faut la transformer dans ce sens là. »


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