Santé publique. La fausse bonne idée des « soins » de proximité

Actions coup de ÿpoing des syndicats et personnels de l’hôpital de Vierzon (Cher), le 15 juin 2018. Ces derniers réclamaient à l’agence régionale de santé (ARS) la modernisation du bloc opératoire afin d’éviter la fermeture pressentie de la maternité. Guillaume Souvant/AFP

Actions coup de poing des syndicats et personnels de l’hôpital de Vierzon (Cher), le 15 juin 2018. Ces derniers réclamaient à l’agence régionale de santé (ARS) la modernisation du bloc opératoire afin d’éviter la fermeture pressentie de la maternité. Guillaume Souvant/AFP

Le Conseil des ministres examine, le projet de loi porté par la ministre Agnès Buzyn. Parmi les mesures qui inquiètent déjà, la « labellisation » de quelque 600 hôpitaux, formule qui masque mal un super big-bang du système sanitaire.

Le Conseil des ministres examine, ce mercredi, la loi santé contenant une partie des mesures du plan « Ma santé 2022 », présenté par Emmanuel Macron le 18 septembre. Outre la fin du numerus clausus et la réforme du concours des internes, le texte qui sera présenté au Parlement, mi-mars, officialise le label « hôpital de proximité ». Invitée sur France Inter, hier matin, la ministre de la Santé a expliqué « s’engager pour que chaque Français trouve un médecin et une offre professionnelle de santé proche de son domicile ». « Nous maintenons une porte d’entrée en proximité, les hostos de proximité seront réinvestis financièrement, notamment en gériatrie, (…) les soins de rééducation, radiologie, biologie », a promis Agnès Buzyn. Actuellement, 243 établissements sont labellisés « hôpital de proximité », le gouvernement entend porter ce chiffre à 600 tout en modifiant les missions. Où et comment ? Ces deux questions alimentent de sérieuses inquiétudes. À commencer par celle des élus locaux qui, dans un communiqué commun de l’Association des maires de France (AMF) et des élus communautaires de France unie, demandent au gouvernement d’entendre « l’appel des territoires pour une offre de soins publique préservée et développée » et de « stopper toute fermeture de service hospitalier public ».

Soins d’obstétrique et de chirurgie exclus des hôpitaux de proximité

Les premières réflexions sur le profil des futures entités de proximité qui filtrent des instances ministérielles augurent une sérieuse baisse de voilure de certains hôpitaux, notamment ceux assurant des soins d’obstétrique et de chirurgie. Et pour cause. Ces deux spécialités seront exclues des futurs hôpitaux de proximité « pas conciliables avec le modèle HP », selon un haut fonctionnaire de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). La nouvelle carte hospitalière offrirait donc trois niveaux d’établissements : les hôpitaux « d’excellence » pratiquant une médecine de pointe. Un peu moins éloignés : les hôpitaux de recours autorisés à proposer de la médecine, de l’obstétrique, de la chirurgie.

Et, enfin, les hôpitaux de proximité dédiés aux soins aux personnes âgées et au suivi des malades chroniques. Ces derniers devront obligatoirement proposer des consultations avancées de spécialités (hors médecine générale) en accès direct ou par télémédecine. Les soins de suite et de réadaptation (SSR), ainsi que les urgences seraient optionnels. « Il n’y aura pas d’hôpitaux en plus. La stratégie globale sur un territoire est d’avoir une maison mère qui est l’hôpital le plus important, puis des filiales qui lui seront rattachées : celle qui va faire de la maternité, de la cardiologie, des prothèses de hanche. Ces filiales seront elles-mêmes labellisées. Si l’une d’elles assure de la chirurgie de pointe, elle sera “spécialisée”. Si elle ne le fait pas, elle sera peut-être hôpital de proximité. À mon sens, tous les hôpitaux devraient être de proximité », estime Philippe Batifoulier, économiste de la santé (voir notre entretien ci-contre).

C’est « une loi qui va favoriser l’accès aux soins partout en France », assure la ministre de la Santé. Exemples à l’appui, Hélène Derrien, la présidente de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et des maternités de proximité, en doute. À Concarneau (Finistère) où elle vit, l’hôpital du territoire n’est plus que l’ombre de lui-même. Dans ce bassin de 50 000 habitants, dont la population double pendant les périodes estivales, la maternité et le service chirurgie ont fermé leurs portes en 1992 et 1994. Il s’est ensuivi la fusion de l’établissement avec l’hôpital de Quimper en 2008.

Dernier avatar, la fermeture des urgences de nuit. Le premier service d’urgences se trouve désormais à 45 kilomètres « au risque de mettre en danger la vie d’autrui », s’alarme Hélène Derrien. Le service de soins de suite et de réadaptation de Quimper devrait à son tour fermer ses portes pour être transféré à Concarneau, dont l’avenir d’établissement « spécialisé » est tout tracé. « Cette logique d’hyperspécialisation n’a rien à voir avec un hôpital de proximité qui répond aux besoins de toute la population. D’autant plus que les regroupements et les fusions entraînent toujours des fermetures de services et de lits. » La preuve par les chiffres. Selon la Direction de la recherche, des études et de l’évaluation en santé, le nombre de sites hospitaliers publics a chuté de 7 % en cinq ans, conséquence des restructurations. Quant aux maternités, la moitié d’entre elles a disparu en vingt ans. On en dénombre moins de 500 aujourd’hui. Agnès Buzyn a beau dire que « les maternités ne sont pas fermées » puisqu’elles sont remplacées par « des centres de périnatalité de très grande qualité » et d’expliquer que « l’acte d’accouchement est fait dans un plateau technique spécialisé », les femmes accouchent de plus en plus loin de leur domicile.

La loi santé devrait être votée avant l’été, mais, pour les missions et la liste des hôpitaux de proximité, sujet sensible, le gouvernement a choisi une nouvelle fois la voie des ordonnances. « Elles ne visent pas à empêcher les concertations, mais les ordonnances sont rendues nécessaires par l’urgence de légiférer sur la fin du numerus clausus et la réforme des concours des études de médecine », se défend le cabinet de la ministre. Pas sûr que cela convainc Patrick Brouet, le président de l’ordre des médecins qui, récemment, fustigeait « le recours important aux ordonnances ».

Sylvie Ducatteau

Le Grand débat des Mobilisés : une évidente manipulation in DDM

Tout cela est bien beau mais les Mobilisés ont simplement oublié de faire enregistrer leur réunion sur le site officiel du grand débat national tout en s’engageant à «restituer fidèlement les propositions qui émergeront». Un comble

La récupération apparaît évidente pour un groupe qui louvoie depuis le début de la crise des Gilets Jaunes : «On pourrait croire que le ridicule ne tue pas, mais là si on voulait se faire remarquer c’est fait, note ainsi Jean-Luc Deprince, conseiller départemental radical de Beaumont. Comment oser dire qu’on va donner la parole aux citoyens quand on valide les yeux fermés tout ce que dit ce gouvernement et qu’on l’applique ? Messieurs Astruc et Viguié (ndlr : président du conseil départemental et du groupe les Mobilisés) devraient commencer à écouter ce que demandent les agents du département ; un malaise profond existe. Les Mobilises devraient retrouvé un peu de sérénité pour le bien de tous leurs agents et des Tarn-et-Garonnais surtout».

La conseillère départementale PS Dominique Sardeing-Rodriguez n’est pas moins sévère avec l’initiative des Mobilisés : «En organisant un grand débat soit disant «apolitique», les élus de la majorité du conseil départemental tenteraient-ils de faire oublier qu’ils ont été le soutien du Président de la République ? En tous les cas, nous, nous ne l’avons pas oublié. Ensuite, il y a quelque temps la majorité a signé avec le gouvernement un contrat financier. Aujourd’hui, il n’y a pas de conséquence visible pour nos concitoyens, mais d’ici quelques mois, nous en verrons les effets : les Tarn-et-Garonnais et Tarn-et-Garonnaises découvriront alors que la majorité a accepté de se faire ponctionner par l’Etat de plusieurs centaines de milliers d’euros qui manqueront aux politiques sociales et d’aménagement du département».

«un selfie ne suffit pas»

Et le coup de grâce : «Dans le fond, c’est un peu comme pour la hausse des taxes énergétiques sur l’essence et le gasoil que le gouvernement pensait invisible, jusqu’à ce que le mouvement des gilets jaunes dise «stop». Mais ça, bien évidemment, la majorité le passe sous silence. Enfin, que dire de cette majorité qui brade le centre de vacances de Mimizan à un promoteur immobilier, laissant au passage filer une plus-value de 500 000 euros au détriment des Tarn-et-Garonnais et Tarn-et-Garonnaises ? Bref, c’est sans doute pour éviter de parler de sa gestion du département et faire oublier son soutien au Gouvernement que la majorité départementale se lance dans le grand débat», note l’élue.

Brigitte Barèges ironise : «Je vois que les Mobilisés, qui sont beaucoup dans l’entre-soi, vont se cacher à Villemade, souligne le maire LR de Montauban. Je remarque aussi que Pierre Mardegan, candidat LREM aux législatives, se réveille enfin. On ne l’a pas vu durant cette crise défendre la politique d’un gouvernement qu’il est censé soutenir».

Les communistes ont, eux aussi, flairé la manipulation et l’ont dénoncé : «La fédération du Parti Communiste Français de Tarn-et-Garonne dénonce la scandaleuse tentative de récupération du mouvement social en cours dans tout le pays et dans notre département le président Astruc, sa majorité et son mouvement des “Mobilisés pour le Tarn-et-Garonne”. Faut-il lui rappeler que la majorité des élus du conseil départemental qu’il dirige vote systématiquement dans le sens du gouvernement et du président Macron les directives concernant le département. À Souillac, plutôt que d’interroger le président Macron sur l’augmentation des salaires, le retour de l’ISF ou encore l’évasion fiscale, le président Astruc a préféré se contenter d’un “selfie”. L’image sans le son ne suffit pas ! Ce débat est une honteuse tentative de récupération politicienne ! De quel droit, “les mobilisés” qui approuvent l’ensemble des politiques du gouvernement s’approprient le débat public en s’autoproclamant animateur ?». La question est posée.

Laurent Benayoun.

Éducation. La poigne de Blanquer dans une loi de velours

Avec la scolarisation obligatoire à 3 ans, les communes devront financer de nouvelles écoles privées. Pierre Mérimée/REA

Avec la scolarisation obligatoire à 3 ans, les communes devront financer de nouvelles écoles privées. Pierre Mérimée/REA

Les députés commencent aujourd’hui l’examen de la loi « pour une école de la confiance ». Décryptage d’un texte qui vise surtout à reprendre en main l’école, de la maternelle au collège, pour imposer un modèle concurrentiel et élitiste.

Encore une promesse non tenue. Tout juste nommé ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer l’avait assuré : « Il n’y aura pas de loi Blanquer, j’en serai fier. » Il n’a donc pas de quoi être fier, alors que le projet de loi « pour une école de la confiance », signé de son nom, est examiné à partir d’aujourd’hui par l’Assemblée nationale, après un an et demi de réformes menées au pas de charge et une semaine de débats en commission de l’éducation. Souvent présenté comme un fourre-tout sans grande cohérence, ce texte finit au contraire de dessiner la vision que Jean-Michel Blanquer se fait de l’école, et qu’il entend bel et bien graver dans le marbre de la loi.

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Loi pour une école de la confiance : Big Blanquer is waching you

Réunie dans le cadre de l’examen de la « loi pour une école de la confiance », dite « Loi Blanquer », la commission de l’éducation de l’Assemblée nationale a intégralement maintenu son article premier, en ajoutant un simple rappel de la loi de 1983 sur les droits et obligations des fonctionnaires. Cet article a pourtant alimenté une vive polémique ces dernières semaines chez les enseignant-e-s notamment, puisqu’il pourrait être utilisé pour limiter leur liberté d’expression, y compris en dehors de leur fonction.

Ce premier article de la Loi Blanquer indique que les personnels de la communauté éducative, « par leur engagement et leur exemplarité, […] contribuent à l’établissement du lien de confiance qui doit unir les élèves et leur famille au service public de l’éducation ». Or, d’après l’étude d’impact réalisé par le ministère lui-même, « les dispositions de la présente mesure pourront ainsi être invoquées […] dans le cadre d’affaires disciplinaires concernant des personnels de l’éducation nationale s’étant rendus coupables de faits portant atteinte à la réputation du service public ». Continuer la lecture de Loi pour une école de la confiance : Big Blanquer is waching you

COMMUNIQUE DE PRESSE DU SNUipp-FSU 82 13 FÉVRIER 2019: CARTE SCOLAIRE RENTRÉE 2019 : BILAN CATASTROPHIQUE !

 Quel autre mot peut qualifier ce bilan ? Aucun…

Les décisions prises à l’issue des 2 instances consultatives tenues dans notre département ne méritent aucune autre appellation !

Le SNUipp-FSU, syndicat majoritaire des enseignant-e-s des écoles publiques, alerte, comme chaque année, sur les effets néfastes des décisions prises par M. l’Inspecteur d’Académie sur la préparation de la rentrée 2019.

Lors des instances, toutes les situations ont pu être présentées par nos représentant-e-s : les demandes d’ouvertures de classes et la défense des situations de fermetures.

Le résultat est très loin de nos attentes : le bilan est très mauvais et sera préjudiciable pour les conditions d’apprentissages des élèves et pour les conditions de travail des enseignant-e-s !

25 postes supprimés pour 21 créations de postes : voilà le bilan de ce premier temps de la carte scolaire !

Le service public d’éducation est sacrifié ! Continuer la lecture de COMMUNIQUE DE PRESSE DU SNUipp-FSU 82 13 FÉVRIER 2019: CARTE SCOLAIRE RENTRÉE 2019 : BILAN CATASTROPHIQUE !

Tomi Ungerer : « Je suis un tritureur et un manipulateur »

À 87 ans, Tomi Ungerer reste une mine d’humour noir et d’humanisme, «    chaque dessin est un message et un défi ». G. Bally (Keystone)/Diogenes Verlag AG, Zurich

À 87 ans, Tomi Ungerer reste une mine d’humour noir et d’humanisme, « chaque dessin est un message et un défi ». G. Bally (Keystone)/Diogenes Verlag AG, Zurich

Vendredi, 28 Décembre, 2018

L’auteur des Trois Brigands n’a pas dit son dernier mot. Avec les publications de Pensées Secrètes et de The Party, pamphlets critiques sur la société américaine des années 1960, le recueil In extremis retrace cinquante ans de dessins satiriques. Entretien.

Comment a été composé le recueil In extremis  ?

Tomi Ungerer C’est une compilation réalisée par Frédéric Pajak, l’éditeur des Cahiers dessinés. J’ai donné près de 15 000 dessins au musée de Strasbourg et il a pioché dans ce fonds, entre des classiques comme les affiches contre la guerre du Vietnam, des inédits et même des esquisses. Mes livres ont des existences différentes selon les pays. Seul Diogenes, mon éditeur en Suisse, a toujours tout publié depuis 1957. Le Schwarzbuch, dont sont tirés les derniers dessins du livre, est un ouvrage publié en Allemagne sur l’écologie, contre le nucléaire et la bombe atomique. Il n’est jamais paru ici. Le titre In extremis, en revanche, c’est moi. Nous vivons actuellement une apocalypse, et symboliquement Trump en est un des chevaliers. Continuer la lecture de Tomi Ungerer : « Je suis un tritureur et un manipulateur »

Libertés publiques. Bienvenue au pays du libéralisme autoritaire

Face-à-face police et gilets jaunes, à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 22 décembre dernier. Gérard Julien/AFP

Face-à-face police et gilets jaunes, à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 22 décembre dernier. Gérard Julien/AFP

7 000 arrestations, 1 900 blessés, 1 000 condamnations en deux mois… Cette répression policière – et judiciaire – ne suffisait pas pour défendre l’ordre établi. Désormais, le pouvoir attaque la liberté de manifester et le droit à l’information.

«Nous n’avons pas construit, comme beaucoup de nations autoritaires, les anticorps au système. Donc, nous, on est des pitres ! » déplorait Emmanuel Macron, la semaine dernière, devant quelques journalistes autorisés. On comprend mieux l’impitoyable répression décrétée au sommet de l’État. À la violence policière s’ajoute, comme le déplore l’avocat Raphaël Kempf, une « violence judiciaire » orchestrée par un parquet plus que jamais aux ordres. Avec la loi dite anti-casseurs, votée hier par l’Assemblée, il s’attaque désormais au droit de manifester. Décryptage d’une véritable dérive autoritaire. Continuer la lecture de Libertés publiques. Bienvenue au pays du libéralisme autoritaire

Grand Débat. Récupération Honteuse du Président du Tarn et Garonne

La fédération du Parti Communiste Français de Tarn et Garonne dénonce la scandaleuse tentative de récupération du mouvement social en cours dans tout le pays et dans notre département le président Astruc, sa majorité et son mouvement des “Mobilisés pour le Tarn et Garonne”.

Faut-il lui rappeler que la majorité des élus du conseil départemental qu’il dirige vote systématiquement dans le sens du gouvernement et du président Macron les directives concernant le département. En matière de santé, malgré les immenses besoins de notre territoire, “les mobilisés” n’ont pas hésité à voter l’approbation du Plan Régional de Santé, pourtant largement refusé par une majorité de collectivités en France.

Le plan budgétaire et l’austérité imposés par le gouvernement Macron ne semble, là non plus, gêner le président Astruc dont la majorité a approuvé la contractualisation imposée par l’Etat avec pour conséquence des moyens en moins sur notre territoire impactant directement sur le quotidien des Tarn et Garonnais.

Le mois dernier, “les mobilisés” étaient épinglés par la presse locale suite au tollé sur les réseaux d’un dessin moquant les gilets jaunes. Hier ironique, aujourd’hui solidaire ?

A Souillac, plutôt que d’interroger le président Macron sur l’augmentation des salaires, le retour de l’ISF ou encore l’évasion fiscale, le président Astruc a préféré se contenter d’un “selfie”. L’image sans le son ne suffit pas !

Dans ce contexte, le communiqué publié par “les mobilisés” appelant à un débat public le 20 février à 19h30 à Villemade doit être pris pour ce qu’il est, une honteuse tentative de récupération politicienne ! De quel droit, “les mobilisés” qui approuvent l’ensemble des politiques du gouvernement s’accaparent le débat public en s’autoproclamant animateur ?

Les communistes de Tarn et Garonne appellent l’ensemble des citoyens mobilisés avec les gilets jaunes, les syndicats et les associations à venir nombreux à Villemade pour dénoncer cette manipulation et faire entendre les véritables revendications du mouvement en cours.

« Sans l’Huma, on est nus »

Souscription Entre nos lecteurs et le journal, c’est une histoire de cœur et d’engagement. Ces battants puisent dans leurs économies parfois modestes pour lire une information de qualité, qui donne du fil à retordre à la pensée unique.

Ils ne sont pas riches, les lecteurs de l’Humanité. Ce sont même, souvent, de toutes petites gens. De celles sur lesquelles le pouvoir crache beaucoup et avec mépris, ces temps-ci. C’est sans doute ce qui explique qu’ils soient toujours au rendez-vous quand il faut sauver leurs journaux l’Humanité et l’Humanité Dimanche. Quand il faut sauver leurs idées. Même si cela signifie, pour eux, se serrer la ceinture. Et ils n’ont pas l’intention de « laisser étrangler l’Humanité », comme Patrick Le Hyaric l’écrivait et le craignait dans les colonnes du journal, le 16 novembre 2018. Quand ils ont lu que le ­directeur de l’Humanité sonnait « le tocsin » pour leur journal, ils se sont mobilisés. Sans attendre. Et ils ont récidivé, fin janvier, lorsque la mauvaise nouvelle du passage devant le tribunal de commerce est tombée. Les lecteurs de l’Humanité, ce sont des battants.

« Je n’imagine pas commencer ma journée sans mon Huma dans ce monde irres­pirable » Jacqueline (93)

Et des battants qui racontent, en plus des sous qu’ils versent à la souscription, leurs raisons de soutenir nos titres. Comme Martine, qui livre, sur un joli papier vert, un « message personnel » : « L’Huma… des analyses, des arguments, un journal de classe qui parle de nous, du monde du travail qui peine et se bat. Sans lui, on parlerait tous comme TF1. Et l’espoir perdrait son âme. » La section du PCF de Périgueux, qui, dans le cadre de la préparation de son congrès, a validé une participation à la souscription, adresse un mot collectif, mais aussi un cri, avec son versement : « Nous avons aussi besoin de l’Humanité pour donner à penser le monde, mais aussi pour voir qu’il existe partout des initiatives originales et des résistances à ce monde qui ne tourne plus rond et qui crée une colère et un ressentiment énormes chez nos concitoyens. » Béatrice s’adresse au journal : « Chaque fois que j’ouvre notre journal, je vibre et retrouve ce moment sacré de ressourcement, oui, presque un instant de méditation », parce qu’elle se sent moins seule à défendre des convictions. À l’instar de ce lecteur, ou cette lectrice, qui avoue que la lecture « journalière » de l’Humanité « me réconforte. À la pensée de sa disparition, j’ai des battements de cœur ». Roland, lui, est plus radical… et drôle : « Imaginez qu’un jour l’Huma ne paraisse plus… Qu’est-ce que je fais ? Je me contente de l’information à la radio et à la télévision ? Ça ne va pas, non ! » Pierre Luo, lui, verse par « amour » du journal. Tout simplement.

Et l’Humanité et ses lecteurs, c’est effectivement, comme le notent si bien Pierre et ce lecteur anonyme, une histoire d’amour et de cœur. Une histoire de gens modestes qui ne se trompent pas sur l’utilité d’un tel outil. Et, quel qu’en soit le prix, pour eux. José a une toute petite ­retraite, mais donne 50 euros, et « c’est un grand sacrifice ». Yan « galère d’emplois précaires en domiciles précaires à Paris, mais je lis mon Huma chaque jour. Plus de chéquier. Voici un billet de 10 euros », et ces quelques mots, à eux seuls, disent toute la générosité de ces lecteurs. Quentin, un jeune lecteur de 19 ans, accompagne son versement d’un : « Merci pour votre travail, le journal, la Fête… » Il se déclare « fier de donner un peu de mon salaire à mon journal préféré ». C’est Jean-Louis qui a le mot de la fin : « Sans l’Huma, on est nus. C’est le seul journal qui nous donne le courage de lutter, nous fournit des arguments et du plaisir. » Il ajoute que sa participation vise aussi « à soutenir tout le personnel ».

Caroline Constant