On croyait avoir déjà tout lu sur les carrières enseignantes. Et c’est vrai. Avec le rapport dirigé par Olivier Sidokpohou et Guy Waïss, l’Inspection générale recycle des idées de l’ère sarkozienne. Le rapport préconise de faire évoluer les concours en les régionalisant et de prendre en compte davantage le mérite dans la carrière des enseignants. Le rapport propose d’associer les chefs d’établissement à une gestion « de proximité » au mérite… Uns seule proposition nouvelle en guise de sucrerie : de nouvelles échelles de carrière sur un modèle singapourien. Déjà finis les accords PPCR ?
Vers l’évaluation au mérite
» Si la gestion quantitative des 884 000 enseignants est efficace et efficiente… elle ne parvient pas cependant à résoudre certains déséquilibres territoriaux et disciplinaires ce qui à terme pourraient (sic) menacer le principe républicain d’égalité ». C’est sur ce constat que se construit un rapport qui, avec une certaine prudence, envisage de changer radicalement la carrière des enseignants. « La forme essentiellement quantitative de la gestion française ne fait pas obstacle à de réelles perspectives d’évolution qualitative », notent encore les auteurs. CE quileur permet de proposer « une nouvelle approche de la fonction enseignante ».
De la gestion actuelle, le rapport souligne les inégalités territoriales ou disciplinaires et regrette que « la gestion des personnels peut apparaitre comme largement absente des lieux où l’enseignement est dispensé ».
Le rapport aura à coeur de confier le plus possible la gestion aux cadres locaux. Le rapport juge aussi que « le mérite » n’est pas assez pris en compte, par exemple la à travers les résultats des élèves.
Des concours régionalisés
Cependant le rapport reconnait que l’administration de l’éducation nationale a déjà pris des mesures de différenciation qualitatives des enseignants comme par exemple les IMP ou les postes à profil. Le rapport invite aussi à utiliser les concours différents (3eme concours par ex.) et le pré recrutement. Il propose des concours nationaux à affectation académique, une vieille idée portée déjà sous Sarkozy.
Il invite aussi à aider davantage les néotitulaires plutot qu’essayer d’orienter vers les postes difficiles des enseignants expérimentés. Il propose par exemple de « leur fournir de quoi commencer l’année (supports de cours) ». En même temps la formation continue des enseignants devrait être renforcée et devenir obligatoire durant les congés.
De nouvelles échelles de carrière
La principale proposition consiste à envisager une nouvelle carrière enseignante « en échelles » sur le modèle de Singapour, décidément très bien vu chez les inspecteurs généraux de maths. L’enseignant pourrait choisir entre trois types de carrière : celle d’enseignant, menant un grade de maitre enseignant, celle de direction et celle de spécialiste dans sa discipline. « Ce modèle aurait pour mérite de permettre à l’enseignant d’avoir une reconnaissance pérenne des compétences acquises ». Il propose donc qu’une nouvelle organisation des carrières d’enseignant soit mise à l’étude.
Renforcer le rôle des chefs d’établissement
Une seconde proposition invite à aller plus loin dans la décentralisation en renforçant le rôle des chefs d’établissement et directeurs. Le rapport invite à une gestion académique des enseignants avec une nouvelles répartition des compétences à ce niveau. « Il parait souhaitable de recenser les acte sde gestion qui pourraient faire l’objet d’un transfert aux établissements scolaires… Outre la possibilité de participer davantage au choix de l’affectation des enseignants…, le chef d’établissement doit être en mesure de mieux réguler le temps de présence des enseignants dans l’établissement pour les activités complémentaires aux obligations statutaires régulières de service devant les élèves » par exemple les remplacements ou les travaux interdisciplinaires. En fait le chefd ‘établissement devrait pouvoir, selon el rapport, faire une lettre de mission individuelle à chaque enseignant précisant ses modalités de travail avec ou sans rémunération particulière à la clé. Dans le premier degré ce serait une compétence du directeur d’école.
5 préconisations immédiates
En conclusion, le rapport fait 5 préconisations immédiates.
- La première vise à renforcer les pré recrutements qui, comme par hasard, sont inclus dans la loi Blanquer qui arrive devant l’Assemblée.
- La seconde invite à différencier les modes de recrutement des enseignants en jouant sur les 3èmes concours et en passant à des concours nationaux à affectation académique, en clair en régionalisant le recrutement.
- La troisième proposition invite à rendre la formation continue obligatoire pendant les vacances.
- La quatrième demande la mise à l’étude d’une nouvelle carrière en échelles qui mettra fin au PPCR.
- La 5ème proposition veut renforcer le rôle des chefs d’établissement et directeurs dans la carrière des enseignants.
Le rapport vise simplement à appliquer des idées déjà émises sous Luc Chatel et portées depuis par la Cour des comptes.
François Jarraud
Le rapport
Le rapport du Sénat