L’association Osez le féminisme ! va lancer, à l’occasion du 8 mars, une campagne et un site d’information pour faire reculer le sexisme dans le monde médical. Et il y a du boulot…
Les femmes sont-elles soignées de la même manière que les hommes lorsqu’elles franchissent la porte d’un cabinet médical ou d’un hôpital, ou qu’elles avalent des médicaments ? Non, affirme sans hésiter l’association Osez le féminisme ! qui a présenté, jeudi, sa nouvelle campagne pour une santé féministe des filles et des femmes, baptisée À notre santée ! Créée il y a dix ans en réaction aux coupes claires dans les budgets du Planning familial, l’association « s’intéresse depuis le début à la santé des femmes », rappelle Cécile Werey, la coordinatrice de la campagne.
« Mais le récent mouvement #MeToo a encore accéléré les choses, suscitant de nombreux témoignages des violences gynécologiques ou obstétricales. Et en parlant autour de nous, on s’est aperçues qu’on avait toutes vécu des situations de maltraitance médicale, d’infantilisation ou de défiance par rapport à une souffrance. » Des situations pourtant peu documentées et sur lesquelles les statistiques manquent.
« Chaque fois que je questionne mon médecin, il m’infantilise »
Par le biais de questionnaires mis en ligne entre mai et juillet 2018 à destination des soignées d’un côté (2 300 réponses), des soignants de l’autre (300 réponses), Osez le féminisme ! a donc tenté de dresser un état des lieux des dégâts du sexisme dans le monde médical. Les résultats confirment que les maux sont profonds. Plus d’une patiente sur dix aurait ainsi subi une pénétration sexuelle contre son gré lors d’une consultation et 87 % se seraient senties gênées, au moins une fois, par le comportement d’un soignant. Sur les 2 300 sondées, 66 % disent aussi avoir déjà eu le sentiment de ne pas être crues quand elles font part de leurs douleurs et 70 % d’avoir été culpabilisées, au moins une fois, par un·e professionnel·le de santé.
À ce titre, les témoignages reçus par l’association en disent au moins aussi long que ces chiffres accumulés. « Chaque fois que je pose des questions à mon généraliste, il me répond de manière infantilisante, comme si j’étais une hypocondriaque, comme si c’était farfelu de vouloir comprendre les maladies, les traitements », raconte l’une des participantes à l’enquête. « J’ai une endométriose, mais la seule gynécologue disponible dans mon département estime qu’elle ne peut rien faire pour moi », témoigne une autre.
Pour l’association, cette maltraitance médicale que subissent les femmes est visible à tous les étages de la chaîne du soin. En commençant par la formation des futurs professionnels, « dont le climat est propice à un sexisme débridé », pointe Cécile Werey. À ce titre, la suppression annoncée du numerus clausus, qui pourrait donner lieu à des études de santé « moins compétitives », est considérée comme une « avancée » par Osez le féminisme !
Levothyrox, Implant Files… Les femmes sont en première ligne
L’association fustige aussi une recherche médicale qui s’intéresse trop peu à la santé des femmes et à leurs problématiques spécifiques. « Elles sont aussi largement écartées des cohortes de patients qui testent les médicaments. Résultat : ces derniers sont d’abord conçus pour les hommes, sans considération des effets secondaires plus importants que pourraient subir les femmes », relève Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d’Osez le féminisme ! De l’affaire du Levothyrox aux Implant Files, on ne compte plus, c’est vrai, les scandales sanitaires qui ont touché, en priorité, les femmes.
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