Santé. Quand la pollution fait tousser les enfants

Cette étude est « un électrochoc », pour Isabelle Rocca, présidente de la fédération des parents d’élèves FCPE de Paris. Photo : Fred Dufour/AFP

Cette étude est «un électrochoc», pour Isabelle Rocca, présidente de la fédération des parents d’élèves FCPE de Paris. Photo : Fred Dufour/AFP

En Île-de-France et à Marseille, de nombreux établissements scolaires sont exposés à une forte pollution au dioxyde de carbone, dénoncent Greenpeace et l’association Respire.

La pollution de l’air met en danger des milliers d’enfants : tel est le constat fait par Greenpeace à Marseille et l’association Respire en Île-de-France. En analysant les données des organismes de surveillance de l’air, les deux organisations ont pu établir, pour la première fois, une carte détaillée des niveaux d’exposition des établissements scolaires (des crèches aux lycées) aux principaux polluants de l’air. À Marseille et dans les communes périphériques, plus de la moitié des écoles et crèches se situent ainsi dans des zones où les concentrations de dioxyde d’azote (NO 2), essentiellement produites par les transports, dépassent les normes. En région parisienne, ce sont 682 établissements sur 12 520 qui sont exposés. La grande majorité (548) se trouve dans Paris intra-muros, 125 en petite couronne et 9 en grande couronne.

« Notre étude montre que les enfants sont exposés à cette pollution à proximité même des écoles, ces lieux symboliques de la République. C’est particulièrement révoltant », a réagi Olivier Blond, président de Respire. De fait, face à la pollution atmosphérique, les enfants en bas âge sont plus vulnérables que les adultes, leurs poumons, leur cerveau et leur système immunitaire n’étant pas encore complètement formés. « Asthme, toux, troubles du développement mental, risques de maladies cardio-vasculaires à long terme : l’exposition quotidienne des enfants à la pollution de l’air a des conséquences dramatiques. C’est alarmant, d’autant plus que le respect des normes ne garantit pas aujourd’hui l’absence de risques pour la santé », estime Sarah Fayolle, chargée de campagne pollution de l’air et transports à Greenpeace France. Cette étude est « un électrochoc », selon Isabelle Rocca, présidente de la fédération des parents d’élèves FCPE de Paris.

En Île-de-France, si la qualité de l’air est encore largement insatisfaisante, cette carte montre néanmoins que « la situation s’améliore », relève l’association respire : « Entre 2012 et 2017, la proportion d’établissements dépassant les seuils légaux de pollution au dioxyde d’azote a été divisée par plus de deux à Paris, passant de 66 % à 26 %. En petite couronne, ce chiffre est passé de 8,4 % à 3,6 %.

« On peut obtenir des évolutions rapidement, à condition de prendre les mesures qui s’imposent, assène Olivier Blond. Il existe une multitude de solutions comme la mise en place des zones à faibles émissions ambitieuses qui, nous le savons, améliorent la qualité de l’air. » Pour Respire et ses partenaires – la FCPE, WWF France et le Réseau Action Climat – cela passe aussi par des mesures locales à proximité immédiate des établissements : restriction de la circulation automobile autour des établissements scolaires, mise en place des méthodes douces de dépose des enfants, modernisation des bus… Les organisations appellent aussi l’État à se caler sur les recommandations de l’OMS, plus strictes que les seuils légaux français, fondés sur les normes européennes. Sans oublier « le réajustement de la prime de conversion, qui continue dans sa version actuelle à financer des véhicules diesel-essence neufs », estime Pierre Cannet, du WWF France.

Alors que la France est poursuivie par la Cour européenne de justice pour non-respect des normes sur la qualité de l’air, « il y a vraiment urgence à modifier nos comportements pour protéger la santé de nos enfants », conclut Isabelle Rocca, de la FCPE Paris.

Alexandra Chaignon


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