Relevé de décisions du Conseil national du PCF, 12 octobre 2019.
Pour porter le combat jusqu’au cœur du système capitaliste, il faut renforcer l’intervention du Parti dans les entreprises et les lieux de travail, lieux décisifs de la lutte des classes. Lieux de pouvoir du capital sur l’économie, l’État, les collectivités territoriales, la société et la vie quotidienne, les entreprises permettent au patronat d’imposer ses idées. Ce sont des lieux où se forgent un vécu d’expériences et des représentations sur lesquelles peuvent s’imposer les idées dominantes comme se construire une conscience de classe.
Avec la profondeur de la crise du capitalisme, l’échec des tentatives de réponses nourrit la défiance envers toute forme de pouvoir et d’organisation dans la société comme à l’entreprise. Parce que le consensus autour des gestions patronales est ébranlé, les dirigeant·e·s redoublent d’efforts pour diviser et intégrer les salarié·e·s.
Avec la révolution informationnelle, avec la financiarisation de l’économie, les entreprises et leurs réseaux sont devenus un véritable système nerveux de nos sociétés modernes et le travail est en pleine évolution. Après 5 réformes sur le droit au travail, le projet de loi sur la fonction publique vient affaiblir tout ce qui encadre la vie au travail de près de 23 millions de salarié·e·s et fonctionnaires.
Face à la culpabilisation des salarié·e·s pour la baisse du coût du travail au nom de la compétitivité, nous mettons en accusation le capital, son coût, sa domination, sa logique. Et nous voulons faire grandir les solidarités nécessaires entre fonctionnaires et salarié·e·s du privé, entre travailleurs de l’industrie et des services, entre cadres, ingénieur·e·s, employé·e·s et ouvrier·e·s, entre femmes et hommes, entre générations, entre travailleurs·euses français·e·s et étranger·e·s.
Nous voulons unir, faire converger toutes les aspirations émancipatrices et faire grandir les solidarités nécessaires entre mobilisations écologiques et sociales.
Pour gagner l’augmentation générale des salaires et le développement de l’emploi, pour gagner de nouveaux droits et de nouveaux pouvoirs pour les travailleurs·euses, pour révolutionner les rapports de production, pour imposer la responsabilité sociale et environnementale, il faut reconquérir les entreprises, les banques et les lieux de travail. Plus encore avec le risque d’une nouvelle phase de crise qui s’annonce particulièrement grave.
C’est un enjeu immédiat, économique, écologique, social, démocratique !
L’affaiblissement considérable de notre implantation à l’entreprise est un handicap important que nous voulons surmonter. Pour y arriver, nous engageons un processus de travail alliant production théorique, appropriations collectives, propositions structurelles et actions.
Le Conseil national appelle à la mobilisation des adhérent·e·s, des sections, des fédérations, à prendre part au débat qui s’ouvre et à s’emparer du plan de travail décidé :
1. Désigner dans chaque fédération un·e responsable de l’activité en direction des entreprises et du monde du travail, pour organiser notre activité en mettant en lien les communistes d’un même secteur d’activité afin de renforcer les réseaux nationaux de communistes à l’entreprise et dans les services publics, de renforcer les cellules et sections d’entreprises existantes avec pour objectifs d’en créer de nouvelles. Des expérimentations innovantes, des structurations à l’échelle de bassins d’emploi, des coopérations locales ou régionales peuvent être déployées pour aider au développement de notre activité et à sa structuration.
2. Éditer une publication trimestrielle nationale du PCF en direction des entreprises pour donner à voir des expériences militantes, l’action de nos élu·e·s, des éléments chiffrés et des articles de fond tournés vers l’action et vers l’efficacité militante.
D’autres ressources militantes seront mobilisées :
• En plus des publications réalisées par les commissions thématiques, encourager les publications des réseaux organisés par secteurs d’activité.
• Un livret militant pour accompagner militant·e·s et responsables à l’activité à l’entreprise.
• Un module de formation sur l’activité à l’entreprise et nos propositions politiques.
3. Dans la bataille des retraites, prioriser l’action à l’entreprise. Avec l’objectif de faire reculer le gouvernement, la mobilisation des salarié·e·s, leur mise en mouvement dans le rapport de force seront déterminantes. C’est à la porte des entreprises, dans les salles de pause, les cantines et les restaurants d’entreprise que nous proposons d’agir prioritairement avec nos propositions. Nous voulons faire de la spécificité de l’action à l’entreprise un enjeu de toutes nos campagnes, notamment la campagne permanente contre le coût du capital décidée au congrès.
4. Faire du Tour de France des entreprises du secrétaire national un point d’appui pour mettre en débat nos propositions, pour donner à voir, dans l’action, l’importance du travail que nous engageons, pour réunir et organiser les militant·e·s actifs·ves à l’entreprise.
5. Formaliser, par une rencontre annuelle avec les militant·e·s syndicaux·ales, la complémentarité d’action avec le monde syndical. L’histoire du syndicalisme français, dans sa singularité, relève d’un rapport complexe au politique. Ni syndicat bis, ni courroie de transmission, l’activité politique à l’entreprise doit aussi s’appuyer sur une écoute du monde syndical, de ses militant·e·s et sur la recherche de complémentarités nouvelles et respectueuses des espaces de souveraineté de chacun·e. Une rencontre annuelle avec le monde syndical sera organisée.
6. Engager un examen précis des groupes multinationaux et de leurs sous-traitants, leur situation, les enjeux de lutte, de nos forces, et rechercher les contacts possibles à l’échelle européenne et mondiale pour développer des actions convergentes et communes ainsi que sur l’exigence de l’organisation, sous égide l’ONU, d’une COP financière et fiscale pour la justice sociale et la transition écologique.
7. Renforcer l’intervention des communistes dans les services publics pour favoriser l’intervention politique des travailleurs, des usager·e·s, des élu·e·s pour défendre et développer nos services publics.
8. Organiser des auditions de représentant·e·s de partis communistes et de transformation sociale avec lesquel·le·s nous sommes en lien sur les 5 continents, sur leur analyse des évolutions du monde du travail, de leurs pratiques militantes et des modes de structuration dans les entreprises.
9. Encourager au plan européen des initiatives et batailles politiques communes dans les cadres disponibles (PGE, GUE, Forum des gauches européennes) et au-delà, par exemple sur la protection sociale, la retraite, les salaires, les services publics etc. certaines pouvant déboucher sur des propositions de lois défendues simultanément par nos forces dans plusieurs assemblées.
10. Une conférence nationale à l’automne 2020, préparée par des initiatives décentralisées dans les départements et les 13 grandes régions. Pour avancer dans notre travail de production théorique et faire le point sur l’avancée de la mise en œuvre de nos décisions une conférence nationale sera organisée permettant la mobilisation d’un grand nombre de communistes à partir du travail engagé par les militant·e·s, les organisations du Parti, les commissions du Conseil national, de l’apport de nos revues, de la fondation Gabriel-Péri et faisant appel à des syndicalistes, des chef·fe·s d’entreprise, des chercheurs·euses… disponibles pour échanger avec nous. À cet effet, un processus d’auditions sera mis en œuvre tout au long de l’année. µ
Ce relevé de décisions a été adopté à l’unanimité lors de la séance du CN consacrée à l’activité du Parti à l’entreprise, introduite par un rapport d’Aymeric Seassau, membre du CEN.
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