Toulouse. Quand les enseignants du second degré se déclarent « à bout de souffle » in DDM

Rassemblement d’enseignants devant le rectorat à Toulouse après le suicide de Christine Renon, directrice d’école à Pantin./Photo DDM, Marie-Pierre Volle
Rassemblement d’enseignants devant le rectorat à Toulouse après le suicide de Christine Renon, directrice d’école à Pantin./Photo DDM, Marie-Pierre Volle
Le Snes-FSU publie sa « Grande enquête métier ». Près de 9 000 personnels de l’éducation nationale (89 % de profs), dont plus de 500 à Toulouse, dénoncent des conditions de travail dégradées et un manque de reconnaissance.

En cette période de trêve des confiseurs et de vacances scolaires, le premier syndicat enseignant du second degré (collège et lycée) brosse un portrait plutôt pessimiste des conditions de travail des enseignants. Une tendance qui se retrouve aussi chez les professeurs des écoles. « Conditions d’exercice et évolution des métiers, charge et temps de travail, reconnaissance salariale sont au cœur des revendications des personnels d’éducation », explique le Snes-FSU qui a interrogé, entre septembre et octobre dernier, près de 9 000 enseignants de plusieurs académies (571 à Toulouse), CPE (conseiller principal d’éducation), AED (assistant d’éducation), AESH (accompagnant d’élèves en situation de handicap), psychologues de l’éducation. Dans le détail, les sondés sont à 55 % des personnes syndiquées au Snes-FSU ou au Snep-FSU, 44 % sont affectées en lycée, 50 % en collège, 58 % ont plus de 15 ans d’ancienneté et 67 % sont des femmes.

« Écoutez la profession ! »

En préambule de sa « Grande enquête métier, le syndicat enseignant donne le ton : « Seule la conscience professionnelle des personnels semble faire tenir un système à bout de souffle ». Force est de constater, en effet, que le moral des profs n’est pas au beau fixe en cette fin 2019, marquée par de nombreuses réticences aux réformes Blanquer et de la retraite.

Les enseignants réclament, en premier lieu, une « revalorisation de leur salaire, l’amélioration de leurs conditions de travail » et surtout « la reconnaissance » de leur hiérarchie.

Le Snes-FSU lance même un appel au ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer : « Monsieur le ministre, écoutez la profession ! ». Et enfonce le clou : « Enseignants, personnels de vie scolaire et de l’inclusion scolaire, psychologues témoignent nombreux d’une fatigue qui s’installe de plus en plus vite dans l’année scolaire. D’une mauvaise fatigue surtout, celle dont on ne se repose pas et qui entraîne d’autres problèmes de santé physique ou psychique. Depuis des années, les militants du Snes-FSU à tous les niveaux (départemental, académique, national) dans toutes les instances où ils siègent, alertent les représentants de l’institution sur les risques croissants pour les personnels ».

Selon le constat du syndicat, les enseignants reconnaissent que « leur charge de travail s’intensifie » (93 %). Ils sont 66 % à avouer avoir « augmenté leur temps de travail », 94 % assurent n’avoir « aucune reconnaissance financière de leur travail » et 82 % estiment « avoir perdu la main sur leur métier ».

18 % des profs « satisfaits du travail accompli »

Le malaise ressenti par une partie des enseignants du second degré se retrouve, à de nombreux égards, chez les professeurs des écoles (premier degré), ébranlés après le suicide de la directrice d’école à Pantin (Seine-Saint-Denis) Christine Renon, le 21 septembre 2019. Le Snes-FSU précise, à ce titre, dans son dernier sondage auprès de 9 000 enseignants en France, que « le lancement de l’enquête a involontairement été concomitant au suicide de Christine Renon ». Et de poursuivre : « Les personnels du second degré se sont amplement reconnus dans sa lettre et nos premiers résultats permettent d’en détailler les raisons ». Sur l’année 2018-2019 ou depuis la rentrée de septembre 2019, les enseignants sont 73 % à « avoir constaté une dégradation de la santé qu’ils attribuent à leur travail ». Ils ne sont que 18 % à « être satisfaits du travail accompli » depuis la rentrée des classes. « Les réponses des collègues sont explicites, constate le Snes-FSU. Les tâches sont plus nombreuses et plus lourdes, au point que les professionnels perdent le sens de leur métier ; le travail collectif est mis à mal et les conflits entre personnels augmentent ».

Gérald Camier

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