Une étude de l’Inserm a examiné les différentes stratégies envisagées pour sortir du confinement. Il en ressort, notamment, que tester massivement les nouveaux cas, et les isoler, sera indispensable.
« Le confinement a sans doute été aussi efficace qu’on pouvait l’attendre. On peut donc penser que la mesure a été très bien respectée par la population. » C’est le premier enseignement de l’étude menée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), parue dimanche. Celle-ci a cherché à mesurer l’impact des mesures de confinement sur la propagation du Covid-19, afin de mieux envisager les effets des différentes stratégies de sortie.
L’isolement de la population aurait fait passer le « taux de reproduction » de 3 (100 individus infectés transmettraient le virus à 300 personnes) à 0,68 (à 68 personnes désormais). Des chiffres encourageants, mais qui ne permettent pas d’espérer de premiers relâchements avant mai ou juin, selon les chercheurs. Ils ont ainsi tenté d’analyser les différents scénarios envisagés pour un déconfinement progressif, « afin de permettre une reprise partielle de l’activité économique, tout en évitant, à tout prix, la saturation des hôpitaux », explique Pierre-Yves Boëlle, de l’Institut d’épidémiologie Pierre-Louis, qui a codirigé l’étude.
Il apparaît que, hormis le fait qu’un véritable retour à la normale soit impensable, deux mesures semblent inéluctables : maintenir les écoles fermées et poursuivre l’isolement des seniors (à partir de 65-70 ans). Mais elles seraient insuffisantes. Il a donc été envisagé différentes stratégies, prenant en compte notamment la proportion de la reprise de l’activité professionnelle ou des activités considérées comme non essentielles. En clair, que se passerait-il si on passait de 80 % de télétravail ou chômage partiel à 50 % ou à 25 % ? Et si, au lieu d’interdire 100 % des activités non essentielles, 20 % ou 50 % d’entre elles étaient autorisées ?
Différents scénarios possibles pour les premières semaines du déconfinement, mais qui devront, selon les auteurs de l’étude, être corrélés à la possibilité de dépister massivement les nouveaux cas et leurs contacts, puis de les isoler.
« Le déconfinement, même partiel, est inenvisageable sans dépistage massif, détaille Pierre-Yves Boëlle. L’idée, c’est qu’avec le confinement, on fasse baisser le nombre de nouveaux cas jusqu’à être en capacité de les tester. Si on est capable de réaliser ce dépistage sur 75 % des nouveaux cas, alors on peut envisager un relâchement plus fort des contraintes. Si la capacité de dépistage est moindre, il est difficile d’envisager des allégements importants de ces mesures sans risquer une saturation des hôpitaux. »
Anticiper la capacité à dépister
Actuellement, on estime qu’il y aurait entre 30 000 et 50 000 nouveaux cas par semaine et une capacité hebdomadaire à tester environ 60 000 personnes. « Mais c’est insuffisant pour tester également les proches, précise le chercheur. Olivier Véran espère atteindre un objectif de 350 000 à la fin du mois, ce qui semble plus conforme aux besoins. C’est une des raisons pour lesquelles nous préconisons que les premières mesures d’allégement n’interviennent pas avant le mois de mai. »
Une autre raison réside dans le besoin d’anticipation : anticiper la capacité à dépister, mais aussi à isoler les nouveaux cas. Pour certains malades, en particulier ceux vivant avec d’autres personnes non infectées et dans de petits espaces, l’isolement ne sera pas possible à leur domicile. Il faudra donc prévoir des solutions, comme la réquisition de chambres d’hôtels et une organisation qui nécessitera plusieurs jours. « Il va y avoir un très grand enjeu dans la communication également. On ne peut pas savoir si le fait de cloîtrer des gens deux semaines dans une chambre d’hôtel sera bien accepté. »
Cette problématique de l’acceptabilité des consignes par la population pousse les chercheurs à considérer qu’un déconfinement très progressif serait préférable : « Plus les mesures seront efficaces, plus on pourra alléger. Au contraire, si on voit que le déconfinement a été trop important et que la courbe épidémique remonte, il faudra revenir à des stratégies plus contraignantes. Mais il y a un risque que la population ne comprenne pas ce retour en arrière. »
Ainsi, Pierre-Yves Boëlle préconise que, dans un premier temps, les premières mesures de déconfinement soient toujours strictes. Comme maintenir les écoles fermées et les seniors isolés, passer de 80 % de télétravail ou chômage partiel à 50 % et/ou passer de 100 % d’activités non essentielles interdites à 80 %.
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