Le casse-tête de la reprise à l’école + LIVE Francette Popineau (SNUIPP-FSU)

Pour le Snes-FSU, une des craintes est que la charge de travail des enseignants ne soit doublée. Samson Hense/Hans Lucas/AFP

Pour le Snes-FSU, une des craintes est que la charge de travail des enseignants ne soit doublée. Samson Hense/Hans Lucas/AFP
Mercredi, 22 Avril, 2020

Un retour étalé sur trois semaines par niveaux de classe, des groupes de 15 élèves au maximum : les premières pistes, présentées hier par Jean-Michel Blanquer, soulèvent toujours autant de questions. Sans apporter de réponses concrètes.

« Rien n’est définitif », a tenté de rassurer Jean-Michel Blanquer, hier, après avoir détaillé ses premières pistes pour une reprise progressive de l’école à partir du 11 mai. Interrogé devant la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Éducation a livré, à la grande surprise des enseignants et des parents d’élèves, les « grands principes » de la réouverture « progressive » des établissements scolaires, fermés depuis le 16 mars à cause du coronavirus.

Concrètement, celle-ci pourrait se faire sur « trois semaines ». La première semaine concernerait les élèves de grande section de maternelle, de CP et de CM2 ; la deuxième, ceux des classes de sixième, troisième, première et terminale, ainsi que les ateliers industriels en lycée professionnel. La reprise de l’ensemble des élèves étant envisagée à partir du 25 mai, avec des groupes ne dépassant pas 15 élèves. « Pour les petites et moyennes sections de maternelle, l’objectif est que toutes les classes soient rentrées en juin », a-t-il déclaré, précisant que, pour le respect des gestes barrières, cela supposait « des groupes inférieurs à 10 élèves ». Mais il y aura « beaucoup de souplesse locale »

« Agacement généralisé » à la FCPE

Si des précisions étaient vivement attendues à ce sujet, ces annonces sont loin d’avoir satisfait les fédérations de parents d’élèves. Sur la forme d’abord. « Nous sommes ulcérés par la méthode et la façon dont le ministre de l’Éducation décide tout, tout seul, et ne consulte que pour faire de la com », a réagi Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE, principale fédération de parents d’élèves. « On a eu une concertation la semaine dernière, où nous avons émis des propositions. On en attendait des retours. Et rien… Hier, j’ai tout appris par voie de presse. » « On est choqué », corrobore Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU, qui dénonce l’absence de « dialogue social ». Sur le fond, les critiques sont tout aussi vives. Syndicats d’enseignants et fédérations de parents d’élèves y voient « plus de questions que de réponses ». Sur l’échelonnement de la rentrée des élèves, notamment. « Soi-disant que tout est provisoire. Il annonce quand même des dates assez précises », remarque ainsi Frédérique Rolet. Sur le nombre d’enfants aussi. « Sur quoi se fonde-t-on pour décider du nombre de 15 élèves par classe. Sur quoi se fonde ce critère ? » renchérit Rodrigo Arenas, de la FCPE. « Jean-Michel Blanquer ne tient absolument pas compte des réalités. On ne fait pas rentrer des enfants comme des soldats ! Pour nous, ce sont les écoles et les établissements qui doivent déterminer la rentrée selon des critères locaux. »

« La santé doit être le fil directeur de toute décision »

Quant à la question sanitaire, essentielle, c’est toujours la grande inconnue. Le ministre assure qu’un « protocole sanitaire » sera établi, pour savoir notamment s’il y aura nécessité de test ou de port du masque. « Concrètement, il dit peu de choses », relève la secrétaire générale du Snes-FSU. « Il s’exprime de manière aventureuse avant même que le CHSCT, qui doit poser les bases de ce protocole, ne se soit réuni. La santé doit être le fil directeur de toute décision, rappelle la syndicaliste. C’est un préalable qui ne sera pas négociable. Si ces conditions ne sont pas réunies, on considérera qu’il y a mise en danger des élèves et des personnels. » Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU (premier syndicat du primaire), n’a pas dit autre chose sur RTL : « On n’a pas encore compris si on aurait des masques, si les enfants en auraient, comment on mettra en place la distanciation, 15 dans une classe, ça peut être beaucoup. »

Et les interrogations ne s’arrêtent pas là : « Comment va-t-on articuler télétravail et travail présentiel, si une partie des élèves reste à distance ? Il ne s’agit pas de doubler la charge de travail des enseignants. Et qu’en est-il de la question des cantines, des transports scolaires », énumère Frédérique Rolet. « Personne ne fait ça dans les autres pays, pointe le coprésident de la FCPE. Ailleurs, on fait rentrer les plus âgés. Est-ce qu’ils se rendent compte de ce que cela signifie comme organisation pour les parents, qui seront soumis à la pression des employeurs ? Sans parler de l’angoisse qu’ils vont ressentir pour la santé de leurs enfants. Et le ministre se rend-il compte que les maires vont se retrouver dans des difficultés extrêmes ? »

Retrouvez notre entretien avec Francette Popineau, secrétaire générale du SNUipp-FSU :

Alexandra Chaignon

 


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