Retour en classe : le volontariat, un choix qui n’en est pas un

Comme le souligne la FCPE, « l’école doit être un lieu où l’on renoue avec la vie    ». Maxime Fraisse/Hans Lucas via AFP

Comme le souligne la FCPE, « l’école doit être un lieu où l’on renoue avec la vie ». Maxime Fraisse/Hans Lucas via AFP

L’Élysée a annoncé que les parents auront la possibilité de mettre ou de ne pas mettre leurs enfants à l’école après le 11 mai. 64 % des Français affirment d’ores et déjà ne pas vouloir envoyer au moins un de leurs enfants en classe à la levée du confinement, et ce principalement dans les foyers modestes (sondage Le Figaro/France Info). La fédération des parents d’élèves FCPE réagit aux annonces d’Emmanuel Macron et avance des solutions.

Le président de la République l’a annoncé jeudi, lors d’un échange avec les élus locaux : le retour à l’école sera « progressif, concerté et adapté aux réalités ». En privilégiant sans doute les « enfants les plus en difficulté ». Surtout, il se fera sur « la base du volontariat des parents et sans obligation »…

Pour le coprésident de la fédération des parents d’élèves FCPE, les acteurs locaux doivent effectivement décider de l’opportunité ou non de reprendre la classe, car « ce n’est pas parce qu’on le veut qu’on peut », précise Rodrigo Arenas. Mais il redoute que le critère social – motif évoqué par Emmanuel Macron pour la reprise progressive de l’école le 11 mai – soit ici mis de côté. « Si l’objectif est de s’occuper des enfants qui en ont le plus besoin, l’école n’est pas forcément la meilleure réponse », estime-t-il.

Favoriser d’autres modes d’accueil des plus jeunes

Selon lui, un retour à une situation normale, en poursuivant les cours après une « parenthèse » Covid serait totalement illusoire. « Il faudra avant tout recréer du lien social, travailler sur le deuil. L’école doit être un lieu où l’on renoue avec la vie. Les enfants ont besoin que l’on prenne soin d’eux », explique-t-il. En ce sens, les animateurs des centres de loisirs, tous ceux formés aux rythmes périscolaires – qui se retrouvent aujourd’hui au chômage – ont les compétences pour les accueillir dans des classes vertes, des classes transplantées ou les centres des comités d’entreprise aujourd’hui libres. « Il serait tout à fait possible de prendre ainsi en charge les enfants en situation de précarité sociale et dont les familles font face à des difficultés alimentaires », suggère Rodrigo Arenas.

« On ne peut pas faire un chantage au portefeuille »

S’il est vrai que beaucoup de parents ont exprimé leurs craintes sur ce retour à l’école programmé mi-mai, nombreux sont ceux aussi qui, dès le 1er du même mois, vont se retrouver avec une baisse de revenus. Au risque de se positionner dans un arbitrage que dénonce la FCPE : « Choisir entre la santé de ses enfants et de la population… ou ses revenus. » Combien de familles, notamment chez les plus précaires, n’auront pas d’autre possibilité que celle de retourner au travail ? « En France, nous avons une protection sociale, rappelle Rodrigo Arenas. C’est un choix de société. On ne peut pas faire un chantage au portefeuille des parents. Leur dire : retourne à l’usine et remets ton gamin à l’école ou n’y va pas, garde ton gosse et tu auras de l’argent en moins. Ça, ce n’est pas un choix. »

Nadège Dubessay

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