Afin d’organiser un « 1er Mai confiné », mardi matin deux délégués syndicaux de la CGT du Gers procédaient à la distribution de lampions à Auch. Ils ont été verbalisés par la police sur « ordre ». L’affaire fait grand bruit et les PV seront contestés.
L’Intersyndicale du Gers CGT, FSU, Solidaires, UNL, Modef et Confédération Paysanne ne peut pas défiler, en raison du confinement… mais elle entend célébrer le 1er-Mai. Elle a choisi pour cela de le faire d’une manière – disons – originale, qui tient aussi du clin d’œil : une référence à la Bastille, aux 14-Juillet et ses fameux lampions. « La liberté syndicale embastillée, nous ne pensions pas aller jusque-là, question référence », sourit, amer, un syndicaliste gersois.
A lire aussi : Deux délégués CGT du Gers verbalisés alors qu’ils distribuaient des lampions pour le 1er-Mai
Ordre ferme de la hiérarchie des policiers
Face à l’impossibilité de défiler le jour du 1er-Mai, les syndicats CGT, FSU, Solidaires, UNL, Modef et Confédération Paysanne du Gers proposent « de manifester devant la porte, ou d’accrocher des banderoles, des pancartes », indique Éric Cantarutti, secrétaire départemental de la CGT. Mais, la volonté première de l’intersyndicale reste d’illuminer le ciel grâce à un lâcher de lanternes lumineuses le soir du 1er-Mai, à 22 heures : « Ne demandons pas à ceux qui ont engendré la crise de nous dicter des solutions. Battons-nous pour imposer les nôtres. Éclairons l’avenir ! », indique l’intersyndicale pour expliciter sa démarche.
Sauf que, pour que cela marche le jour J et à l’heure H, il faut un maximum de lanternes. Dès mardi 28 avril au matin, le syndicat avait CGT prévu de distribuer des lanternes pour « aider » à la réussite de ce lâcher du 1er-Mai dans la rue. Mais une équipe de syndicalistes installée non loin de l’hippodrome d’Auch n’a pas tardé à voir arriver un équipage de la police nationale. Ordre donné la veille par la commissaire divisionnaire, la directrice départementale de la sécurité publique Marie-France Pipereau. 10h30 donc : contrôle des motifs de déplacement dérogatoire, compte-rendu à la hiérarchie, ordre confirmé : signifiez-leur qu’ils seront verbalisés !
Une lettre du préfet de Région
Les deux syndicalistes, dont le secrétaire départemental de la CGT Éric Catarutti, ont eu beau exhiber un justificatif professionnel de leurs employeurs, comme de leur syndicat, ou encore affirmer avoir informé la mairie d’Auch de la démarche et avoir obtenu son autorisation : rien n’y fera. Pas même la présentation d’une lettre du préfet de Région Occitanie et Haute-Garonne, Étienne Guyot (ancien, préfet du Gers !) définissant le cadre pour continuer à faire valoir le droit d’exercer un mandat syndical durant le confinement.
Le 21 avril dernier, le préfet de Région y rappelle notamment « la nécessité de préserver les libertés fondamentales, notamment la liberté syndicale, en cette période de crise inédite. » Et de préciser : « Les activités syndicales peuvent et doivent continuer à s’exercer dans le respect des règles sanitaires en vigueur. »
L’équipage de police qui transmet les documents en question à la hiérarchie du commissariat reçoit donc tout de même instruction de verbaliser « pour déplacement hors du domicile sans document justificatif conforme ».
« Nous faisons tout pour limiter nos actions et limiter ainsi les impacts sanitaires, souligne Éric Cantarutti. Tout en faisant en sorte de commémorer le 1er-mai. Finalement, on se retrouve verbalisés. Dont acte ! »
Et d’annoncer : « On verra si on paiera ou pas. On va contester ces verbalisations, c’est sûr. Pour le coup, cette affaire a déjà pris pour nous une ampleur régionale. Même notre confédération a été informée de cette situation inédite. D’un petit battement d’ailes inutile à Auch, on va en parler jusqu’à Montpellier en passant par la Lozère. Tous les syndicats de la région ont été informés par mail de cette verbalisation répressive incompréhensible. »
En savoir plus sur Moissac Au Coeur
Subscribe to get the latest posts sent to your email.