Défi de la gauche : pour Olivier Besancenot, « une réappropriation collective et publique est à inventer »

Olivier Besancenot (Photo : Christophe Saidi/Sipa)
 

Toute la semaine, l’Humanité interroge les responsables de gauche sur leur vision du « Jour d’après ». Entretien avec le porte-parole du NPA, qui plaide pour un « choc de solidarité ».

En quoi la crise que nous traversons démontre la nécessité de rompre avec le système actuel ?

Olivier Besancenot. C’est désormais une question de survie. On pressentait déjà à quel point la phase de mondialisation libérale des 30 dernières années – promesse de stabilité pour les marchés financiers – avait atteint ses limites. Même mondialisé, le capitalisme a fini par faire le tour de la planète. Ce n’est pas un puits sans fond. On l’a vu avec la crise financière de 2008, avec la crise climatique et maintenant avec la crise sanitaire. Le système est confronté de manière dramatique à ses propres contradictions. Mais, pour reprendre la formule de Walter Benjamin, le capitalisme ne mourra jamais de mort naturelle. Tout l’enjeu est de l’y aider. Car le jour d’après peut, si on les laisse faire, être pire que le jour d’avant.

Continuer la lecture de Défi de la gauche : pour Olivier Besancenot, « une réappropriation collective et publique est à inventer »

Guillaume Balas (Génération.s) : L’avenir de la gauche ? « un grand plan d’investissement européen orienté vers les transitions écologiques »

« Il nous faut réfléchir à des sociétés postcapitalistes à la fois démocratiques, écologiques, et avec une nouvelle forme de répartition des richesses et de la protection sociale.», Guillaume Balas (Génération.s.) © Julien Jaulin/hanslucas

Entretien. Chaque jour de la semaine à venir,  l’Humanité interroge les responsables de gauche sur leur vision du « jour d’après ».  Aujourd’hui, le coordinateur de Génération.s., Guillaume Balas.

De nombreux responsables politiques, syndicaux et associatifs appellent à préparer dès à présent le « monde d’après » la pandémie. Quels chantiers doit ouvrir la crise sanitaire ?

Guillaume Balas. C’est l’ensemble des sociétés humaines telles qu’elles fonctionnent qui doit être remis en cause. Une phase de l’histoire de la mondialisation s’achève. On ne peut plus continuer avec des interconnexions sans contrôle, ni avec un modèle qui étend sans cesse les activités humaines sans respecter les territoires naturels. Mais, nous ne pouvons pas rompre avec le productivisme sans remettre en cause la doctrine néolibérale du libre-échange absolu, voire le modèle capitaliste et son exaltation de la propriété privée comme valeur première. Il nous faut réfléchir à des sociétés postcapitalistes à la fois démocratiques – face à la tentation de l’autoritarisme et du nationalisme –, écologiques, et avec une nouvelle forme de répartition des richesses et de la protection sociale.

Continuer la lecture de Guillaume Balas (Génération.s) : L’avenir de la gauche ? « un grand plan d’investissement européen orienté vers les transitions écologiques »

Les charognards à l’affût ! Par Patrick Le Hyaric

« En même temps » qu’ils multiplient les éloges sur les personnels de santé des hôpitaux publics, nos gouvernants commandent en douce des rapports qui visent à poursuivre l’asphyxie de notre système de santé public !

(Découvrez la note de la CDC en fin d’article)

Cette haute trahison, cette forfaiture, intervient alors que médecins, infirmiers ou réanimateurs se saignent aux quatre veines pour soigner et sauver des vies en mettant la leur en danger, du fait même des pénuries et négligences gouvernementales. Ce sale coup se prépare dans les arrière-cuisines peu ragoutantes des industries chimiques, des assurances privées, des banques et des cabinets ministériels. Les voici qui affûtent en bande organisée des projets pour tirer parti du drame planétaire et relancer le business capitaliste. Continuer la lecture de Les charognards à l’affût ! Par Patrick Le Hyaric

Covid 19: Le défi de la gauche, construire dès maintenant  le « monde d’après »

(Photo : Pascal Pochard-Casabianca/AFP)

(Photo : Pascal Pochard-Casabianca/AFP)

Le coronavirus révèle le mur auquel nous ont conduits les politiques libérales. Tout en promettant un « jour d’après » différent, Emmanuel Macron poursuit sur sa lancée. Pour la gauche, il ne faut pas perdre de temps et travailler sur la société dans laquelle nous voulons vivre.

« Le jour d’après, quand nous aurons gagné, ce ne sera pas un retour au jour d’avant. » La sentence présidentielle, prononcée pour la première fois le 16 mars à l’annonce du confinement, a marqué les esprits. Et pour cause : la crise sanitaire met dramatiquement en pleine lumière les failles béantes creusées par le rouleau compresseur néolibéral, alimentant un système capitaliste enserré dans ses propres contradictions. Hôpitaux et personnel soignant débordés, manque de masques, de gel, de respirateurs, salariés maintenus au travail sans protection adéquate… Emmanuel Macron, saluant, quelques jours plus tôt, les « héros en blouse blanche », a juré que toutes les conséquences de cette crise inédite seront tirées, jusqu’à estimer que des « biens et des services doivent être placés en dehors des lois du marché ».

Continuer la lecture de Covid 19: Le défi de la gauche, construire dès maintenant  le « monde d’après »

Covid 19 – Le bac doit rester un diplôme national : Pas d’instrumentalisation de la crise (PCF)

Aujourd’hui, les annonces gouvernementales sur le baccalauréat confirment l’option du contrôle continu pour l’ensemble des épreuves.

Aux côtés des jeunes, des enseignant.es et des familles, nous serons vigilants sur les conditions de mise en œuvre du contrôle continu. Les commissions mises en place devront faire preuve de souplesse. Au-delà de l’assiduité, il faudra tenir compte des possibilités pour chaque élève d’être là jusqu’au 4 juillet.

Depuis des mois, le ministre Blanquer cherche à imposer une réforme du baccalauréat fondée sur la généralisation du contrôle continu, malgré l’opposition de la communauté éducative. Une telle réforme, associée à la sélection à l’entrée de l’université et à la création de Parcoursup, a des conséquences graves : elle transforme la relation entre les enseignants et les élèves, en remplaçant l’apprentissage par la sélection; elle remet en cause la valeur nationale du baccalauréat et créée un marché de l’éducation dans lequel les établissements et les familles sont mis en concurrence.

En choisissant de faire passer le bac en contrôle continu cette année, Jean-Michel Blanquer cherche à instrumentaliser la crise pour imposer sa politique. D’autres solutions auraient pu être trouvées, garantissant un minimum d’épreuves nationales communes. Depuis deux semaines, nous proposons des programmes réduits, des sujets au choix et le maintien d’épreuves nationales dans une ou deux matières.

En maintenant le calendrier de Parcoursup malgré la situation exceptionnelle, en contraignant les lycéens à faire leurs choix de formations et à constituer leurs dossiers dans des conditions aussi précaires, le gouvernement espère réduire l’accès à l’enseignement supérieur.

La crise sanitaire est en train de devenir une crise éducative. Le gouvernement et le ministre Blanquer en sont responsables.

Par ses mensonges et son mépris, le ministre de l’Éducation nationale a perdu la confiance de la communauté éducative. Il n’est plus l’homme de la situation. Pour restaurer la confiance nécessaire au bon fonctionnement du système éducatif en temps de crise, il faut d’urgence donner des garanties sur le caractère exceptionnel de l’utilisation du contrôle continu, annoncer le retrait de la réforme Blanquer du baccalauréat et de la sélection à l’entrée de l’université.

Covid 19: Le bac 2020 aura lieu au contrôle continu 

Finalement Edouard Philippe n’a pas laissé Jean-Michel Blanquer annoncer les épreuves du bac 2020. Le premier ministre a annoncé lui-même sur TF1 l’annulation des épreuves habituelles du bac et son remplacement par le contrôle continu intégral ou quasi intégral. Il a également laissé planer le doute sur la réouverture des écoles d’ici la fin de l’année scolaire. JM Blanquer donnera les détails de l’organisation de l’examen le 3 avril à 11 heures.

Contrôle continu sur 2 ou 3 trimestres

 JM Blanquer avait annoncé qu’il donnerait d’ici la fin de la semaine, après une large consultation, ses décisions sur le bac. C’est Edouard Philippe qui l’a fait le 2 avril. « Ce qui est à peu près acquis c’est qu’il n’est pas possible qu’ils puissent passer le baccalauréat dans les conditions normales », a-t-il déclaré faisant allusion à l’épidémie de Covid-19 et à la fermeture des établissements scolaires.

Le premier ministre annonce que le bac aura bien lieu mais « d’une façon neuve et originale ». Il fixe trois modes d’examen qui tous font le choix du contrôle continu. « Soit elles auront lieu sur le fondement  du contrôle continu, basé sur les premiers et deuxièmes trimestres. Et si les cours peuvent reprendre dans de bonnes conditions au cours du mois de mai ou juin alors le dernier trimestre sera pris en compte.. Soit on peut espérer conjuguer à ce contrôle continu complet une épreuve qui serait organisée à la fin du mois de juin ». Continuer la lecture de Covid 19: Le bac 2020 aura lieu au contrôle continu 

Hôpital public: la note explosive de la Caisse des dépôts in Médiapart

À la demande d’Emmanuel Macron, la Caisse des dépôts travaille à un plan pour l’hôpital public. Mediapart en révèle le contenu. Au lieu de défendre l’intérêt général, il vise à accélérer la marchandisation de la santé et sa privatisation rampante.

Depuis que la crise sanitaire a déferlé sur le pays, Emmanuel Macron a dit à plusieurs reprises qu’il veillerait à défendre l’État-providence. Une conversion surprenante : dans le passé, il a toujours défendu des positions néolibérales, très critiques à l’encontre de cet État-providence. Mais il assure désormais qu’il ne sera pas prisonnier de ces croyances. « Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, a-t-il dit lors de son allocution au pays le 12 mars, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, [pour] notre État-providence, ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe […]. Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. »

Malgré tout, sans doute est-il prématuré de croire dès à présent qu’Emmanuel Macron a changé. En tout cas, le plan que la Caisse des dépôts et consignations (CDC) est en train d’élaborer à sa demande pour l’hôpital public, et dont Mediapart est en mesure de révéler la première ébauche, va totalement à rebours de ses déclarations. Ce document expose une série de propositions qui s’inscrivent toutes dans la philosophie néolibérale qu’Emmanuel Macron a toujours défendue par le passé. Privatisation rampante au travers de sulfureux partenariats public-privé (PPP), marchandisation accélérée de la santé : voilà un plan qui tourne le dos aux valeurs de l’État-providence.

Si l’on en croit les critiques que nous avons recueillies auprès de plusieurs experts de l’économie de la santé ou de l’hôpital, ce plan pourrait même attiser de violentes polémiques dans le pays, tant il contredit la posture prise par le chef de l’État depuis le début de la pandémie.

L’origine de ce plan est connue. En déplacement à Mulhouse, mercredi 25 mars, pour visiter l’hôpital militaire de campagne qui venait d’y être construit, le chef de l’État a fait des promesses fortes, mais sans en révéler les modalités, ni les montants, ni le calendrier. Il a juste assuré qu’« à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital ». Sans emporter la conviction, il a encore dit : « Beaucoup a été fait, sans doute pas suffisamment vite, pas suffisamment fort. » C’est dans ce cadre présidentiel que s’inscrivent les travaux préparatoires de la CDC. Continuer la lecture de Hôpital public: la note explosive de la Caisse des dépôts in Médiapart

Dix ans d’alertes relayées par l’Humanité… et ignorées par les pouvoirs publics

Jeudi, 2 Avril, 2020

Si l’on ne pouvait assurément pas prévoir l’apparition du coronavirus, personnels, élus et usagers n’ont cessé, avec l’Humanité à leurs côtés, de dénoncer les dégâts des politiques libérales à l’hôpital. Extraits choisis de nos pages dans la dernière décennie.

Soudain, les tambours et trompettes accompagnant le chef de guerre se sont tus. Et Emmanuel Macron, tout à sa stratégie de reconstruction de « notre souveraineté nationale et européenne » industrielle à l’issue de la crise du coronavirus, a radouci son propos, lors de son déplacement de mardi près d’Angers, dès lors qu’il lui a fallu répondre aux premières interrogations sur les difficultés de notre système de santé à faire face à l’épidémie. « Toutes celles et ceux qui cherchent déjà à faire des procès, alors que nous n’avons pas gagné la guerre, sont irresponsables », a-t-il lancé, aigre. Avant de se radoucir : « Le temps de la responsabilité viendra. Ce temps est légitime et démocratique. À ce moment-là, la transparence complète devra être faite. » Puis de glisser : «  On devra le faire avec un principe de justice à l’égard de tous les choix passés, quels que soient les responsables politiques. Quand on vit quelque chose d’inédit, on ne peut pas demander à des gens de l’avoir prévu il y a dix ans. »

Continuer la lecture de Dix ans d’alertes relayées par l’Humanité… et ignorées par les pouvoirs publics

Frédéric Boccara, économiste : voilà les vraies mesures à prendre en urgence

Frédéric Boccara, en mai 2019. (Photo : Magali Bragard)

Frédéric Boccara, en mai 2019. (Photo : Magali Bragard)
Vendredi, 27 Mars, 2020

Entretien. L’économiste et dirigeant du PCF montre comment la crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus a accéléré le déclenchement d’un krach, produit de la financiarisation de ces dernières années. Ce qui fait émerger l’urgence d’un changement de pied aussi révolutionnaire que salutaire. Pour surmonter la pandémie et se libérer de la domination des marchés financiers. Frédéric Boccara donne des pistes pour engager cette politique de rupture.

Quelle est la nature de la crise engagée ?

Frédéric Boccara. On a deux crises siamoises, inséparables, sanitaire et économique. Et une crise de civilisation.

Le virus est un catalyseur d’une crise économique qui avait commencé avant le déclenchement de l’épidémie. Un ralentissement était déjà en cours depuis début 2019. Le 7 février dernier, mon rapport aux rencontres internationales pour une autre mondialisation alertait publiquement sur cette crise. C’est une suraccumulation financière qui est en train d’éclater. La double crise exprime la domination du capital, avec sa logique, ses pouvoirs, son coût. Si la pandémie a tant d’effet sur l’économie, c’est que, comparée à la valeur des richesses créées, la masse de capitaux financiers accumulés est énorme (cf. graphique) et qu’un effondrement était imminent.

Continuer la lecture de Frédéric Boccara, économiste : voilà les vraies mesures à prendre en urgence

Quitter la ville en période d’épidémie, un privilège de classe ?

De nombreux citadins ont quitté les métropoles dès l’annonce des mesures de confinement pour combattre l’épidémie de Covid-19. Beaucoup sont propriétaires de résidences secondaires et peuvent télétravailler. Cette situation révèle une fois de plus les inégalités sociales face à la pandémie.

Il y a ceux qui n’ont pas le choix et qui doivent rester confinés dans une dizaine de mètres carrés. Et puis, il y a les autres : les 3,4 millions d’heureux propriétaires de résidences secondaires, dont une bonne partie s’est empressée de s’y réfugier dès l’annonce des mesures de confinement d’Emmanuel Macron le 16 mars dernier. Continuer la lecture de Quitter la ville en période d’épidémie, un privilège de classe ?