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La semaine prochaine, 1 million d’élèves reprennent le chemin de l’école. Une rentrée à hauts risques alors que l’épidémie du coronavirus n’est pas encore terminée et un vrai casse-tête pour les parents, les enseignants et les élus locaux.
Fallait-il rouvrir les écoles le 11 mai alors que l’épidémie du coronavirus n’est pas encore derrière nous ? Fallait-il aller à l’encontre de l’avis du Conseil scientifique sur le Covid-19, mis en place par Emmanuel Macron pour éclairer les décisions de l’exécutif, qui préconisait une reprise des cours à la rentrée de septembre, arguant « le risque de transmission important dans les lieux de regroupement massif que sont les écoles et les universités » ? Fallait-il ignorer le principe, éprouvé par nombre d’autres pays dans le monde, selon lequel les écoles confinées les premières doivent être déconfinées les dernières ? Y a-t-il un risque de regrouper les enfants dont la contagiosité reste controversée voire mystérieuse selon les épidémiologistes ?
Toutes ces questions et bien d’autres encore agitent depuis plusieurs jours les parents d’élèves, les enseignants et les maires depuis qu’Emmanuel Macron a pris la décision, éminemment politique et symbolique, de rouvrir les écoles lundi prochain. Le gouvernement a officiellement évoqué l’impérieuse – et réelle – nécessité de remettre à l’école les élèves qui ont décroché pendant l’école à distance du confinement, même si officieusement, chacun sait que la réouverture des classes permet aussi aux parents de pouvoir retravailler à l’heure où l’économie est menacée d’un « écroulement », pour reprendre le mot du Premier ministre Edouard Philippe.
Pour tenir cette date dans laquelle le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, a vu « une question d’honneur » (sic), le gouvernement a plusieurs fois amodié les conditions de cette reprise tandis que les acteurs de la communauté éducative se sont mobilisés pour permettre cette rentrée totalement inédite.
Les maires notamment, inquiets d’être poursuivis pénalement en cas de contamination des enfants, ont déployé des trésors d’ingéniosité pour adapter à la distanciation sociale des locaux aux configurations parfois très complexes. Pour les aider dans cette tâche, le ministère a rédigé un protocole sanitaire très précis d’une soixantaine de fiches qui aborde dans le détail tous les aspects de la vie scolaire : nettoyage de la classe, comportement dans la cour de récréation, nombre d’élèves accueillis, matériel individuel pour chaque élève, port du masque pour les enseignants et personnels, adaptation de la cantine, des transports scolaires, etc.
Le défi est titanesque, au point que certains maires et élus n’ont pas pu le surmonter. Mais 80 % des 50 500 écoles seront bel et bien opérationnelles lundi pour la prérentrée enseignante et mardi pour la rentrée des élèves. Sur les 6,7 millions d’élèves, environ un million va ainsi retrouver le chemin des maternelles ou élémentaires, soit 15 % des élèves. Ils retrouveront quelque 130 000 enseignants, soit 34 % des professeurs des écoles. Beaucoup d’enseignants continueront d’ailleurs à faire classe à distance pour les élèves qui ne peuvent ou ne veulent pas être en classe.
Deux Français sur trois n’enverront pas leurs enfants en cours
Cette mobilisation souligne en tout cas un attachement viscéral à l’école et montre bien que la reprise des classes constituera l’un des symboles très visibles du déconfinement du pays, comme la lueur d’espoir d’un retour à la vie d’avant qui nous a tant manqué après plus de 50 jours de confinement.
Reste que les inquiétudes – si légitimes – persistent alors que certains épidémiologistes redoutent une deuxième vague. 63 % des Françaois estiment que la décision de rouvrir les écoles est une mauvaise décision et deux parents sur trois n’envisagent pas de renvoyer leurs enfants en classe.
TRACT: Plan d’Urgence pour l’éducation
Attestation : attention
À partir du 1er juin, les règles changeront pour les parents. À cette date, un parent qui ne souhaiterait pas reprendre le travail pour garder son enfant à la maison, ne pourra plus bénéficier du dispositif de chômage partiel. Une exception pourrait cependant être faite si l’école n’est pas en mesure d’accueillir les élèves. Dans ce cas, les parents concernés pourraient être obligés de fournir une attestation de l’établissement scolaire justifiant son incapacité à assurer sa mission. La décision sur cette attestation sera prise à la fin mai, a indiqué Muriel Pénicaud. À Toulouse, où un tiers des écoles rouvrent, la mairie va fournir des attestations pour les parents dont les enfants n’iront pas en classe.
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