Des maires estiment que les conditions sanitaires ne sont pas réunies : en représailles, la direction académique du département menace de ne plus mettre d’enseignants devant les enfants de personnels prioritaires dans les écoles qui resteront fermées. Une manière de mettre la pression sur les élus pour forcer la réouverture des classes.
« Parce que les conditions sanitaires pour garantir la santé de tous les élèves comme des personnels ne sont pas réunies », plusieurs maires de Seine-et-Marne ont décidé de ne pas rouvrir leurs écoles le 11 mai, comme six d’entre eux (à Othis, Dammartin-en-Goële, Saint-Mard, Mitry-Mory, Mesnil-Amelot et Longperrier) l’expliquent dans un courrier adressé à la directrice académique du département, Valérie Debuchy. Celle-ci, mécontente de ces choix, a informé les élus que, par conséquent, « les enfants de personnels prioritaires n’y seraient plus accueillis, et qu’aucun enseignant ne serait disponible pour assurer l’éducation de ces enfants », relatent les édiles.
« C’est une punition à moitié déguisée, une forme de chantage assez dur, juge Charlotte Blondiot-Faride, maire PCF de Mitry-Mory. On nous a bien fait comprendre que tant que nos écoles n’étaient pas rouvertes, la direction académique départementale ne mettrait plus les enseignants à disposition de l’accueil des enfants de personnels soignants prioritaires. Une mission essentielle et qui jusqu’ici se déroulait parfaitement. »
Valérie Debuchy, directrice académique départementale, a justifié sa décision par le fait que les enseignants ayant assuré cet accueil depuis le 16 mars devaient retourner dans leurs classes d’origine et n’étaient donc plus disponibles. Elle renvoie ainsi les maires au pied du mur, et les porte comme responsables de cette situation : « C’est antinomique de refuser l’ouverture d’une école et vouloir, en même temps, accueillir les enfants des soignants et des professions indispensables. Ils doivent se débrouiller avec leur personnel communal s’ils veulent accueillir les enfants de soignants, mais ces enfants doivent pouvoir retourner en classe. »
« On ne manque pourtant pas d’enseignants volontaires, notre planning est d’ailleurs prévu pour les prochaines semaines et n’était pas remis en cause par les professeurs ou le déconfinement », répond la maire de Mitry-Mory. Elle sollicitera les agents municipaux et des animateurs pour poursuivre cet accueil mais toutes les communes n’en auront pas les moyens. « On cherche à nous punir, alors que n’avons pas fait le choix de maintenir nos écoles fermées par posture politique ou par esprit de contrariété, regrette Charlotte Blondiot-Faride. Nous avons estimé que nous n’étions pas en capacité de rouvrir les écoles pour de nombreuses raisons : le délai réduit imposé pour cette réouverture, l’absence d’informations sur le nombre d’effectifs à accueillir, le manque de moyens communaux pour assurer le fonctionnement de l’école et la protection de tous… » La maire estime qu’il était de son droit de prendre cette décision : « À partir du moment où l’État se lave les mains et se décharge largement sur les collectivités locales depuis le début de cette pandémie, je considère que nous sommes dans notre bon droit. D’autant que nous sommes pénalement responsables des conditions d’accueil et de sécurité à respecter dans les écoles. »
Le conseil municipal de Mitry-Mory évaluera à la fin du mois si une réouverture est possible le 2 juin. D’ici là, les communes concernées par la décision de la direction académique départementale demande à celle-ci de revenir sur sa prise de position ou, au minimum, de la transmettre par écrit : « Cette décision est bancale et arbitraire, on ne sait pas sur quels fondements elle s’appuie. Avoir un écrit serait donc la moindre des choses, bien que ce qu’on demande réellement soit bien sûr que la direction académique revienne sur cette décision. »
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Est ce que les mairies de Seine-et-Marne vont accueillir les enfants d enseignants qui travaillent dans le Val-de-Marne ? J’attends la réponse de ma commune suite à l’injonction de ma hierarchie de me présenter à mon poste le 14/05 me précisant que ma fille est prioritaire et devait être reçue dans ma ville… Le serpent qui se mord la queue…