Colère. Douche froide pour les élus, l’entourloupe du remboursement des masques aux collectivités

Le 9 mai à Toulouse, les employés de la mairie font la mise sous enveloppes de masques de protection à destination des ménages. L. Bonaventure/AFP

Le 9 mai à Toulouse, les employés de la mairie font la mise sous enveloppes de masques de protection à destination des ménages. L. Bonaventure/AFP

Entre la promesse d’Édouard Philippe d’une prise en charge par l’État de la moitié du prix des masques et la réalité, il y a un fossé. De quoi faire enrager les élus locaux…

Avec les masques, ce n’est plus un bout de sparadrap qui colle aux basques du gouvernement, mais un rouleau entier de ruban adhésif. Après les pénuries, la gestion des stocks, les mensonges, le gouvernement espérait redorer son blason en annonçant la prise en charge, à hauteur de 50 % de leur coût, des masques achetés par les collectivités, lesquelles avaient dû pallier aux manquements de l’État. Hélas ! La contestation monte de ce côté-là aussi. En cause : cet engagement n’est pas suivi des actes. Une fois de plus.

Pas d’aide de l’État pour les commandes passées avant le 13 avril

C’est la circulaire du ministère des Collectivités territoriales, signée de la ministre Jacqueline Gourault, qui a mis le feu aux poudres. Celle-ci précise que la prise en charge de 50 % est applicable aux commandes passées entre le 13 avril et le 1 er juin, et dans la limite d’un prix de référence fixé à 0,84 euro pour un masque jetable et de 2 euros pour un en tissu. « Quand j’ai vu cette circulaire, je me suis dit : « On se fout de nous » », tonne Jean-Marie Bergeret-Tercq, maire (PS) d’Artix (Pyrénées-Atlantiques), une commune béarnaise de 3 500 habitants. Il a passé une commande de 3 500 masques en tissu pour un montant de 11 500 euros, et attendait donc, conformément à la promesse d’Édouard Philippe, que l’État lui verse la moitié, soit 5 750 euros. Mais c’est la « douche froide » quand il voit qu’avec les critères retenus, seuls 3 500 euros seront remboursés au final… « Et encore, je ne les ai pas achetés très cher, trois euros l’unité, alors que des collègues les ont payés parfois 8 euros l’unité. Le gouvernement ne veut pas encadrer le prix du tissu, mais encadre le remboursement. Et ceux qui les ont commandés avant le 13 avril, ils sont marron alors qu’ils ont pris les devants. C’est lamentable. »

Cette énième entourloupe gouvernementale sur la question ô combien sensible des masques semble être, pour les élus, la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le premier édile de Port-Louis (Morbihan), Daniel Martin (DVG), a écrit une lettre à Emmanuel Macron pour déplorer ces critères drastiques, à commencer par le plafond de deux euros par masque : « Vous avez vous-même annoncé que des masques réutilisables de qualité coûtent environ 5 euros », reproche-t-il. Quant à la date du 13 avril, qui exclut donc les collectivités ayant rapidement pris l’initiative d’en commander plus tôt, Daniel Martin estime qu’il s’agit là d’une « sanction financière pour avoir été, plus que ne l’a été votre gouvernement, attentifs aux besoins (des) administré.e.s ». Et l’édile de conclure en enjoignant Emmanuel Macron « d’honorer sans atermoiement (son) engagement ».

Une véritable prime aux mauvais élèves

La colère monte également chez plusieurs élus de l’Essonne, cités par le Parisien. À commencer par le maire de Mennecy, Jean-Philippe Dugoin-Clément (UDI), qui tempête contre cette date du 13 avril : « Le confinement a commencé le 17 mars, cela veut dire qu’il aurait fallu laisser les gens mourir pendant un mois. C’est vraiment une prime aux mauvais élèves. » Selon lui, la promesse du premier ministre est « un cas typique d’effet d’annonce du gouvernement qui dit qu’il va aider les collectivités alors que c’est un mensonge ». Son collègue Jean-François Vigier, maire (UDI) de Bures-sur-Yvette, a lui aussi écrit au président de la République. Il se veut plus constructif et exhorte Emmanuel Macron à ce que le gouvernement « revoie la mise en œuvre de ce dispositif. Les maires comptent sur vous ! ». Rien ne dit qu’ils le puissent.


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