Il est temps pour moi d’apporter ma pierre avant le second tour des élections municipales dans ma bonne ville de Moissac. Une pierre à l’édifice du collectif TEMS et de sa candidate Estelle Hemmami, mais un caillou dans le jardin de son concurrent Romain Lopez, implicitement soutenu par le Rassemblement National.
Au préalable, je dois bien avouer que le (re)démarrage de la campagne dans le cité uvale, émaillé de violentes invectives sur les réseaux sociaux, de lancers de boules puantes avec déballage de vieilles poubelles m’a attristé, et je m’en étais ému. Je vais tenter aujourd’hui d’apporter, de la manière la plus apaisée possible, de nouveaux arguments qui je l’espère feront peut-être réfléchir les électeurs moissagais indécis qui les liront.
Cela ne fait pas mystère, je soutiens le collectif TEMS dont j’ai tenté de mettre en valeur le travail de terrain à travers plusieurs articles dans la presse locale depuis sa genèse.
Il n’en reste pas moins que l’adversaire mérite respect (toujours), et que la lutte doit se jouer sur le projet, sur les espoirs qu’il génère, et les craintes qu’il suscite.
Je vais ainsi par la présente ajouter dans la balance quatre nouveaux arguments qui me confortent dans la crainte de voir Monsieur Lopez et son équipe diriger la ville.
Monsieur Lopez bien évidemment, surfe silencieusement, sans avoir même à argumenter, laissant parler pour lui son CV, sur une crainte toute commune chez l’être humain. Au sens strictement étymologique, la xénophobie (la crainte de l’étranger) est naturelle. Et la venue en nombre conséquent de travailleurs d’Europe orientale de culture rom ces dernières années a fait ressurgir cette crainte. Crainte de l’autre, celui que l’on ne connaît pas.
La xénophobie n’est pas le racisme, qui est lui une construction, et donc prend un caractère volontaire. La xénophobie s’apaise avec la connaissance, le voyage, le partage, le sourire, le respect mutuel. Il y a quelques années, enseignant marié à une travailleuse sociale, j’avais tout du petit bobo provincial installé sur les hauteurs cossues de la ville. Puis le schisme familial m’a fait redescendre d’un cran, et j’ai décidé d’acheter une vieille maison dans un des quartiers les plus populaires et cosmopolites de la ville, où je vis toujours. Le « bonjour bonsoir avec le sourire » au quotidien est la meilleure arme contre la xénophobie.
Jamais je n’ai eu à déplorer de désagréments majeurs dans mon quartier (oui, d’accord, quelques poubelles odorantes, parfois un peu de bruit festif à l’été, pas de quoi ressentir un péril civilisationnel) . J’ajoute, partant tôt travailler à Montauban tous les matins, ce sont bien les gens de la communauté rom que je croise, glaciaire à la main, pour gagner le verger, parfois sous le givre de février à la saison de la taille. Ces gens-là se lèvent tôt, travaillent, et disent bonjour.
Ceci étant posé, voici mes quatre pierres, pavés, parpaings, ou cailloux, choisissez selon vos affinités…
1- La schizophrénie
On retrouve dans la frange radicale de l’électorat de Monsieur Lopez une schizophrénie certaine : on y compte notamment des employeurs de cette main d’oeuvre providentielle venue de l’Est, et des marchands de sommeil qui logent ces gens dans des conditions indignes en centre-ville. J’avoue ne pas toujours comprendre certaines logiques.
2- La mort cérébrale
On reproche à la communauté rom sa présence trop voyante en ville. Mais ce n’est pas cette présence qui est voyante, c’est (notre) absence. Dimanche je flânais sur l’esplanade du moulin, les enfants rom jouaient au foot, faisaient de la trottinette. Les nôtres étaient devant leurs tablettes dans leurs chambres. Nous avons déserté la ville, l’avons asphyxiée. À Moissac, on ne compte plus les coiffeurs, les opticiens et les assureurs, mais essayez donc de trouver un bistrot où on peut écouter un peu de musique live passé 19 heures… C’est un ancien musicien qui vous parle. La ville est morte, alors acceptons qu’elle se pare à nouveau d’un semblant de vie, et réinvestissons aussi la rue, au moins, nous finirons bien par tous nous rencontrer.
3- Les colistiers énigmatiques
Je suis correspondant de presse depuis plusieurs années, ce qui m’a permis d’avoir mes entrées avec pratiquement toutes les forces vives de la ville : clubs, associations, collectifs, artistes, entrepreneurs innovants… Des personnes qui ont fait le choix de l’action commune, le plus souvent en faisant preuve d’altruisme. Je viens de balayer la liste conduite par Monsieur Lopez : hormis une transfuge de l’actuel conseil municipal, personne que je n’ai croisé (mais je peux me tromper) durant ces huit années sur le terrain. Comme si soudain, comme par enchantement, l’engagement devenait le credo.
4- La bombe à retardement
Ajouter du muscle au muscle, des policiers et des armes dans un contexte national (voire international) presque insurrectionnel me semble la vraie fausse bonne idée par excellence. Le moindre dérapage pourrait mettre le feu à la poudrière sur laquelle nous sommes tous assis.
Je n’ai aucune solution à proposer, ce n’est pas mon rôle, et là n’est pas mon talent. Mais comme tout le monde j’irai voter au second tour à l’école de Montebello à Moissac. Ceci ne requiert aucun talent particulier, juste un peu de réflexion.
Et je viens de vous livrer la mienne.
Bonne soirée.
Christian Laguille
NDLR de MAC: de plus en plus de personnes nous demande comment soutenir TEMS et Estelle Hemmami face au RHaine. Outre les déclarations que nous publions chaque jour, faire en sorte qu’il y ait le moins d’abstentionnistes et former cet arc républicain pour que Moissac ne soit pas demain le laboratoire des idées les plus rétrogrades.
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