Gilets jaunes. « La braise est encore chaude pour une deuxième vague »

NDLR de MAC: RDV à Montauban sur le Rond point d’Aussonne dés 8h00 samedi 12 au matin à l’appel de la toute nouvelle association du 82 « Citoyens-nes et Gilets Jaunes »!

BORIS HORVAT / AFPBORIS HORVAT / AFP

Quasi invisibles sur le plan médiatique ces derniers mois, ils ont pourtant maintenu la flamme. De retour dans la rue le 12 septembre, alors que la crise sanitaire, économique et sociale fait rage et que la défiance envers le gouvernement s’est accrue, les gilets jaunes espèrent un renouveau.

« Remettons le gilet jaune sur le tableau de bord ! » Ce mot d’ordre, l’un des premiers du mouvement en novembre 2018, circule à nouveau sur les réseaux sociaux depuis la mi-août. Des centaines de gilets jaunes, toujours actifs, veulent rameuter les troupes avant le 12 septembre. Avec l’objectif de faire de ce nouveau samedi de rassemblement – le premier depuis le confinement – un point de départ pour une nouvelle phase de mobilisations. « Les retours sont plutôt emballants sur les réseaux sociaux, s’enthousiasme Jack Miault, l’une des figures du mouvement. Nous avons souhaité remettre en avant nos trois revendications qui étaient celles du début : vivre et non plus survivre ; une démocratie directe et participative ; et la fin des privilèges des élus, il faut revenir à cette base. » « On y croit vraiment, clame Philippe Verdier, gilet jaune de la première heure, au rond-point de Pouilly-en-Auxois (Côte-d’Or). La braise est encore chaude et le mouvement va connaître sa deuxième vague, même s’il n’a jamais cessé d’exister. »

Quasi invisibles sur le terrain médiatique depuis plusieurs mois, les gilets jaunes ont maintenu la flamme sur de nombreux groupes Facebook et médias qui leur sont consacrés, tandis que plusieurs ronds-points ont été réinvestis après le déconfinement. « Il y a encore énormément d’actions locales, avec des rassemblements le week-end, des opérations de péages gratuits », énumère Vanina Bruzzi, qui a « tenu » plusieurs mois le rond-point de Montabon, dans la Sarthe. « Depuis que la date du 12 septembre a été fixée, nous sommes encore plus présents, pour montrer que nous sommes toujours là, et qu’il est temps de nous rejoindre ! »

Colères exacerbées

Mais le mouvement peut-il vraiment rassembler davantage et retrouver l’ampleur qu’il avait au plus fort de la contestation ? « Ce qui est sûr, c’est que notre révolte doit cette fois aboutir à quelque chose, espère Philippe Verdier. Mais que ce soit pour la démission de Macron ou un acte fort comme le rétablissement de l’ISF ou l’instauration d’un référendum d’initiative citoyenne par exemple, nous devons rassembler encore plus, le 12 septembre, et surtout après. »

Pour l’un des principaux initiateurs de cette journée de lutte, Jérôme Rodrigues, la manifestation doit justement fédérer au-delà des gilets jaunes : « On ne porte peut-être pas le même maillot, mais nous avons le même objectif : la fin d’un monde, le leur, le début d’un monde meilleur, le nôtre », a-t-il déclaré dans son appel à manifester.

Icon QuotePendant la crise, tout le monde a vu que ceux qui tenaient le pays à bout de bras, ceux qui étaient les plus exposés par le virus, étaient les plus précaires, ceux qui ne comptent pas. » Vanina Bruzzi

L’épidémie de Covid-19, sa gestion, ainsi que la crise économique et sociale qui en découle ont particulièrement exacerbé les colères. « Sur le terrain, on sent bien que des gens qui étaient peu concernés par la politique ou ne se rendaient pas compte de certaines réalités sont aujourd’hui révoltés, constate Vanina Bruzzi. Pendant la crise, tout le monde a vu que ceux qui tenaient le pays à bout de bras, ceux qui étaient les plus exposés par le virus, étaient les plus précaires, ceux qui ne comptent pas. Les gens ont aussi plus de recul sur notre combat, qui ne leur fait plus peur et qui est plus que jamais légitime. »

« Ils nous ont pris pour des idiots »

« La crise a confirmé ce que dénoncent les gilets jaunes depuis le début, que l’impôt est très injuste en France, abonde François Boulo, avocat rouennais et porte-parole, en 2019, du mouvement en Seine-Maritime. L’impôt est supporté par la classe moyenne, mais est dirigé vers les ultra-riches, au détriment des services publics et, en particulier, bien sûr, des hôpitaux. »

Le plan de relance ultralibéral et les retours des réformes de l’assurance-chômage et des retraites ne calmeront pas la révolte, tandis que la gestion de la crise, les injonctions contradictoires, les mensonges n’ont fait qu’augmenter – si cela était encore possible – la défiance envers ce gouvernement. « Ils nous ont pris pour des idiots et ça continue, s’énerve Vanina Bruzzi. On ne responsabilise pas les gens, on les oblige, on les force à mettre des masques deux mois après leur avoir dit que ça ne servait à rien, on ne veut plus les suivre tête baissée. »

Icon QuoteC’est triste de renoncer à cause de la répression policière terrible qu’on a subie, mais on ne peut pas l’oublier. Comme moi, la plupart de mes camarades ne sont pas prêts à repartir à la guerre. » Jérôme Barrault

Pour autant, si la révolte sociale paraît extrêmement vive, il n’est pas certain que le mouvement des gilets jaunes retrouve son importance, à en croire de nombreux anciens actifs, aujourd’hui démobilisés et découragés. C’est le cas de Jérôme Barrault, qui a endossé son gilet pendant près d’un an avant de le raccrocher définitivement : « Je n’y crois plus et je pense que le mouvement a fait son temps, raconte cet électricien ornais. Si nous avions dû être victorieux, ça aurait été en 2019. Aujourd’hui, il y a tout à refaire, mais nous sommes sortis de ça épuisés, coupés de nos familles, mutilés pour certains. C’est triste de renoncer à cause de la répression policière terrible qu’on a subie, mais on ne peut pas l’oublier. Comme moi, la plupart de mes camarades ne sont pas prêts à repartir à la guerre. »

PCF et FI présents le 12 septembre

L’avocat François Boulo hésite également à manifester le 12 septembre, ne croyant plus au succès des gilets jaunes, faute de projet commun et de représentation politique : « Nous n’avons pas été capables d’émettre de réelles propositions positives pour un monde d’après, or, c’est comme cela qu’on aurait pu rassembler et gagner. Nous aurions sûrement eu besoin d’un appui politique, et des partis, mais ils restent divisés, obnubilés par la présidentielle, et incapables de se poser autour de la table pour proposer aux gilets jaunes un projet qui leur correspond », juge l’avocat. « Ce qui est difficile, c’est que nous ne devons pas être opportunistes, ne pas s’approprier leur mouvement », lui répond Philippe Juraver, responsable de l’espace des luttes de la France insoumise, qui assure pour autant avoir toujours soutenu leur combat.

Comme le PCF, la FI prévoit d’être présente le 12 septembre aux côtés des gilets jaunes, si la préfecture, au nom de la lutte contre l’épidémie, ne restreint pas la manifestation. Celle-ci se fera en tout cas masquée, bien que sur les réseaux sociaux, de nombreux participants potentiels contestent cette obligation, poussant les principales figures à multiplier les appels à respecter les mesures sanitaires. L’une d’entre elles espère avoir trouvé l’astuce : « Tous en masques jaunes ! »

 


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