Attentat de Conflans. Ces signaux d’alerte qui n’ont pas sauvé Samuel Paty

Cérémonie d’hommage national à Samuel Paty, mercredi soir, dans la cour de l’université de la Sorbonne à Paris. © François Mori/Pool/Reuters

Cérémonie d’hommage national à Samuel Paty, mercredi soir, dans la cour de l’université de la Sorbonne à Paris. © François Mori/Pool/Reuters

Le professeur a-t-il bénéficié de la protection en rapport avec les menaces qu’il avait reçues ? Tant du côté de l’éducation nationale que du renseignement et de la police, de nombreuses questions se posent.

Quel étrange communiqué diffusé, dimanche 18 octobre, par l’académie de Versailles. Tout en assurant que « l’institution a toujours été en soutien total à l’égard » de Samuel Paty, elle révélait que le ministre de l’Éducation nationale « a demandé l’ouverture d’une enquête administrative ». Mais pourquoi ouvrir une enquête quand on est si certain d’avoir fait tout ce qu’il fallait ?

En réalité, certains faits obligent à se demander si le professeur d’histoire-géographie, que d’aucuns décrivent aujourd’hui avec un empressement suspect comme un « héros républicain », a bénéficié de la protection que la République lui devait, comme fonctionnaire de l’éducation nationale et comme citoyen.

Samuel Paty avait droit à la « protection fonctionnelle »

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A la suite d’une erreur de publication, Moissac Au cœur a mis en ligne une photo non libre de droits. Son auteur réclame, via un cabinet d’avocats, le réglement des droits d’auteur.

Cela est somme toute normal, mais malgré les excuses et le retrait de l’article litigieux qui a reçu au bas mot 134 visites ou clics, MAC est obligé de verser la somme de 850 euros après négociations.

MAC n’a pas de fonds propres et repose sur la contribution de quelques personnes qui en assurent la domiciliation et le contenu.

C’est le pourquoi du lancement de cette cagnotte aujourd’hui qui avec les frais doit nous permettre de rassembler les 900 euros nécessaires.

C’est la survie de MAC qui est en jeu!

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– 14013 abonnés-es permanents et des centaines qui suivent MAC sur Tweeter et sur Facebook

MAC est un acteur incontournable dans le paysage médiatique local!

Au fil du temps, le site est devenu une référence en termes de débat public soit en « passant » des articles de fond ou d’information, soit en soulevant des problématiques locales, ou des polémiques (les ligues fascisantes ont attaqué MAC au début de l’été).

C’est un outil d’information en 1ère ligne dans le combat contre les fascistes qui n’ont de cesse d’attaquer MAC depuis plusieurs mois et nous avons déjà publié un florilège des insultes et de l’inculture des auteurs. Ces derniers, pensant ne pas être identifiés (et pourtant…) ont même diffusé mon adresse postale sur les réseaux sociaux avec des menaces à la clé!

Aujourd’hui MAC a besoin de vous tous et toutes et le moindre don sera le bienvenu pour aider à passer ce cap ou pour la 1ère fois , MAC est vraiment en danger!

Votre participation devrait permettre rapidement de résoudre ce dossier. Nous vous informerons très vite de l’évolution de la situation.

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Pour la rédaction de MAC,

Maximilien

moissac.coeur@gmail.com

 

 


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Benoît Biteau : « La PAC va continuer à provoquer des désastres sociaux et écologiques »

21 octobre 2020 / Lorène Lavocat (Reporterre)

La Politique agricole commune (PAC) est discutée cette semaine à Bruxelles et doit être adoptée d’ici vendredi 23 octobre. Selon un eurodéputé Vert français, comme à l’accoutumée, elle « correspond aux attentes des lobbys agrochimique et agroalimentaire » et a des conséquences sociales et écologiques désastreuses.

C’est un pavé indigeste, qui déterminera pourtant l’agriculture et l’alimentation des Européens pour les prochaines années. La Politique agricole commune (PAC) est au menu des eurodéputés, cette semaine à Bruxelles. En jeu, 386 milliards d’euros d’aides aux agriculteurs (62,4 milliards pour la France). De quoi modeler nos paysages et nos assiettes, mais également notre climat – l’agriculture est le troisième secteur responsable d’émissions de gaz à effet de serre de la France – et le vivant qui nous entoure. Après des mois d’intenses négociations, le Parlement et les Etats membres doivent déterminer leur position sur le projet de PAC d’ici le 23 octobre. Dans les mois suivants, ils discuteront en « trilogue » (avec la Commission) pour harmoniser leurs avis* et décider du texte final.

Avec le groupe des Verts au Parlement européen, Benoît Biteau – qui est aussi paysan – a porté un amendement proposant le rejet de ce projet de PAC. Amendement retoqué dans la soirée du mardi 20 octobre. Pour autant, l’eurodéputé n’en démord pas : cette PAC sera un « désastre social et écologique ». Il nous explique…


Reporterre — Pourquoi la PAC est-elle si importante, et pas seulement pour les agriculteurs européens ?

Benoît Biteau — Elle représente plus d’un tiers du budget total de l’Union européenne. C’est énormément d’argent public, donc cela nous concerne toutes et tous ! Elle modèle notre agriculture, et par là, elle touche au climat, à la biodiversité, à la santé, et bien sûr à l’alimentation. Il s’agit aussi de notre souveraineté alimentaire : avec le Covid-19, nous avons connu des tensions fortes sur les produits alimentaires, parce que la PAC actuelle nous rend très dépendants des échanges mondiaux. Dernier enjeu, et pas des moindres, elle détermine largement le revenu des paysans. Pour toutes ces raisons, la PAC est le levier – ou le frein – essentiel des mutations agricoles.


Pourquoi l’adoption du projet de PAC dans son état présent serait-elle, selon vos mots, une « erreur historique » ?

Depuis 1993, toutes les PAC [elles sont révisées tous les sept ans, NDLR] ont entériné le même modèle et les mêmes logiques agricoles qui conduisent à des désastres écologiques et sociaux. Les premières victimes ont été les agriculteurs – dont la population ne cesse de décroître – car ces politiques ont encouragé le cannibalisme agricole. Pourquoi ? Parce que la PAC est fondée sur des aides à l’hectare : plus on a de surface, plus on touche d’argent. Les agriculteurs sont donc poussés à se bouffer entre eux, c’est un cercle vicieux ! Plus on a d’hectares, plus on a d’aides, et plus on a d’aides, plus on peut acheter de nouvelles terres… Et cela bloque l’installation de nouveaux paysans, car la pression sur la foncier est trop importante. Ceci a aussi des effets néfastes sur l’environnement, car plus une exploitation est grande, plus il faut d’engrais, de pesticides et de pétrole pour la maintenir.

La PAC qu’on nous propose pour 2023 ne propose rien de nouveau, elle est dans la continuation des précédentes. Elle va donc continuer à provoquer des désastres. Mais elle correspond aux attentes des grands lobbys qui entourent et profitent des agriculteurs : le lobby agrochimique et le lobby agro-alimentaire, qui sont les principaux bénéficiaires d’une agriculture productiviste.

Rassemblement de tracteurs devant le siège bruxellois de la Commission européenne, le 19 mars 2018.


À l’inverse, que pourrait permettre une « autre PAC » ?

L’essentiel serait de changer le cœur du réacteur, en sortant des aides à la surface ou au nombre d’animaux. Aujourd’hui, 80 % de l’enveloppe de la PAC est captée par 20 % des agriculteurs, les plus gros, et par les industriels. C’est scandaleux ! Il faudrait mettre en place une autre logique : des aides qui seraient fonction du nombre d’emplois créés. C’était le sens de notre amendement de rejet, qui a été retoqué : il faut reprendre depuis le début, tout remettre à plat.

Nous avons également porté des amendements sur la « conditionnalité », autrement dit sur les conditions qu’on pourrait exiger des agriculteurs en échange des aides. On a proposé de demander une rotation des cultures sur quatre ans : quatre cultures différentes, avec au moins une légumineuse – qui sont des plantes qui fixent l’azote et enrichissent ainsi les sols sans avoir besoin d’engrais de synthèse. Cette condition pourrait amener des évolutions dans les pratiques agricoles : moins d’engrais et de pesticides, moins de monoculture… Autre proposition : les agriculteurs qui pratiquent de l’élevage concentrationnaire – avec une grande densité d’animaux – ne seraient plus éligibles aux aides. Ça ne les fera pas disparaître, mais on arrêtera de subventionner un élevage dépendant du soja transgénique et des antibiotiques.

Mais tous ces amendements — s’ils sont adoptés — ne feront qu’améliorer la copie à la marge, sans inverser franchement la tendance. D’ailleurs, les trois principaux groupes du Parlement – la droite du Parti populaire européen, les socio-démocrates et les libéraux de Renew (dont fait partie La République en marche) – ont d’ores et déjà proposé des versions au rabais.


Autrement dit, que ce soit à la Commission européenne ou parmi les principaux groupes politiques du Parlement, personne ne veut que la PAC soit réellement modifiée…

Oui. Pourtant, depuis les élections européennes, ils se sont positionnés en faveur d’un Green Deal, pour une stratégie sur la biodiversité et pour la stratégie « Farm to fork » — de la ferme à l’assiette — censée promouvoir une agriculture plus durable. Ces politiques, bien qu’insuffisantes, poussent à une réduction de 50 % des pesticides et de 20 % des engrais de synthèse… Récemment on a aussi rehaussé l’ambition climatique européenne. Sauf que la PAC va complètement à l’encontre de tous ces objectifs ! Il y a un décalage schizophrénique, tant de la Commission que des groupes majoritaires au Parlement.


La Copa-Cogeca (syndicat agricole européen) et son émanation française, la FNSEA, freinent des quatre fers pour « un verdissement de la PAC », car selon eux, « on ne peut pas passer au vert quand on est dans le rouge ». Que leur répondez-vous ?

Quand on est dans le rouge, il est urgent de passer au vert. Les agriculteurs qui passent à des pratiques agro-écologiques s’en sortent mieux que les autres ! Il faut arrêter avec cette vieille marotte des libéraux d’une prétendue opposition entre l’écologie et l’économie.


Votre groupe n’est pas majoritaire à Bruxelles : la bataille n’est-elle pas perdue d’avance ?

Je suis un optimiste maladif et je suis un coureur de fond. Il faut livrer bataille, tant que la cloche n’a pas sonné.

 


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… nous avons une faveur à vous demander. La catastrophe environnementale s’accélère et s’aggrave, les citoyens sont de plus en plus concernés, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale dans l’information.
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Samuel Paty: allocution lors de l’hommage à Montauban (Texte)

Prise de parole dimanche 18 octobre 2020 15h00 place des Fontaines

Enseigner c’est résister !

Madame, Monsieur, citoyennes citoyens, chers amis,

C’est avec effroi que nous avons appris l’attentat dont a été victime Samuel Paty professeur d’Histoire et Géographie du collège de Conflans St Honorine.

Notre rassemblement d’aujourd’hui témoigne de la profonde blessure infligée par cet acte barbare à l’un des nôtres. Nous exprimons ici notre soutien à sa famille, ses proches aux personnels du collège, aux élèves.

Cet enseignant a été tué pour avoir exercé son métier, en cours d’Education Morale et Civique, un temps scolaire destiné à échanger et débattre afin d’éveiller l’esprit critique des élèves : il a exposé dans ce contexte les caricatures de Mahomet, comme il le faisait depuis des années, dans le respect des croyances des uns et des autres, et de la laïcité, dans le respect des valeurs de la République.

C’est donc un assassinat lâche et abject qui porte aussi atteinte aux principes fondamentaux de la République comme la liberté d’expression, la liberté de conscience, la laïcité.

Au-delà de l’émotion légitime, nous demandons que tout le soutien nécessaire soit apporté aux personnels et au service public d’éducation.

Au-delà de l’horreur de l’acte, nous demandons la réaffirmation par nos gouvernants d’apporter partout, pour tous, l’instruction, la raison, la réflexion et tout ce qui permet de construire l’autonomie de jugement.

Au-delà des interrogations légitimes sur l’enchaînement des faits qui ont précédés ce meurtre, nous demandons à chacun.e de s’abstenir de toute instrumentalisation politique, comme nous récusons avec force toute stigmatisation des musulmans.

La période des vacances de la Toussaint éloigne les enseignants et leurs élèves. Cela laisse des millions d’enfants seuls face à leur angoisse et les empêche de libérer la parole tout de suite. Cela donne aussi le temps de réfléchir à la réponse que nous devons à toutes et tous.

Cette réponse devra avoir la force de nos valeurs républicaines. Elle devra à la fois être immédiate et aussi se structurer dans le temps avec l’ensemble des partenaires de l’école : parents, éducateurs, associations, élus-es. Ce sera une réponse collective pour favoriser la prise de conscience nécessaire et refuser l’obscurantisme.

Nous appelons d’ores et déjà à faire grandir notre réponse citoyenne, celle de la République une et indivisible, fraternelle, et laïque pour qu’elle soit entendue, reçue partout, par tous.

Enfin, nous savons avec certitude que le 2 novembre prochain les enseignants feront leur métier, avec abnégation, parfois la peur au ventre, mais toujours avec la ferme conviction de leur indispensable mission.

Ils combattront la ségrégation dans l’Ecole.

Ils y feront vivre les valeurs de la République pour de vrai, à chaque heure, dans chaque matière, dans chaque classe, dans toutes les écoles, tous les collèges et tous les lycées.

Ils participeront plus que jamais à la construction de l’Ecole de la fraternité.

Car notre objectif est que demain, il n’y ait plus d’assassins extérieurs à notre société qui agissent. Notre mission est de porter, d’enseigner les valeurs qui rendront de tels actes impossibles.

Nous savons que l’appel à l’intelligence et à la raison, est le quotidien de l’action des enseignant.e.s, et renforcera la sécurité collective.

Car pour tous les professeurs, enseigner c’est toujours résister.

Madame, Monsieur, citoyennes, citoyens, chers amis, merci de votre attention

 

Pour les organisateurs de ce rassemblement, Maximilien Reynès-Dupleix

 

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