Ce qui se passe au Brésil et qui fait songer aux événements du Capitole aux USA prouve à quel point “la démocratie” dont les USA prétendent être les “défenseurs” n’est comme le disait Brecht que l’autre visage du fascisme quand l’on conteste si peu que ce soit le pouvoir au capital, elle en devient le prolongement par temps de crise. C’est toute l’Amérique latine, toute la planète, qui est désormais soumise à cette tension dont la guerre n’est que l’une des faces. Être contre le fascisme réellement c’est dénoncer aussi la guerre et les forces qui l’entretiennent. (note de Danielle Bleitrach dans histoireetsociete)
Par Le Figaro avec AFPPublié hier à 19:36, mis à jour hier à 23:55
Au Brésil, des centaines de partisans de Jair Bolsonaro envahissent le Congrès, le Palais présidentiel et la Cour suprême. Au moins 150 partisans de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro ont été arrêtés après l’invasion et le saccage dimanche du Congrès, de la Cour suprême et du palais présidentiel à Brasilia, selon plusieurs médias. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a condamné dimanche l’invasion des lieux de pouvoir à Brasilia par des «vandales fascistes» et décrété une «intervention fédérale» sur les forces de l’ordre pour reprendre en main la sécurité de la capitale. «Nous allons tous les retrouver et ils seront tous punis», a déclaré au sujet des bolsonaristes responsables de saccages Lula, investi président il y a seulement une semaine, depuis Araraquara, dans l’Etat de Sao Paulo (sud-est).
«La démocratie garantit la liberté d’expression, mais elle exige aussi que les institutions soient respectées», a-t-il ajouté. «Ce qu’ont fait ces vandales, ces fascistes fanatiques (…) est sans précédent dans l’histoire de notre pays. Ceux qui ont financé (ces manifestations) vont payer pour ces actes irresponsables et antidémocratiques», a insisté le chef de l’Etat. L’«intervention fédérale» décrétée par Lula consiste en la prise en main au niveau de l’Etat brésilien du commandement des forces de sécurité, habituellement sous la responsabilité des autorités locales.
Ce décret place l’ensemble des forces de l’ordre de Brasilia sous le contrôle d’une personne nommée par Lula, Ricardo Garcia Capelli, qui répond directement au président et peut employer «tout organe, civil ou militaire», pour le maintien de l’ordre. Au moins 150 partisans de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro ont été arrêtés et le Congrès brésilien a été évacué par la police.
Des centaines de partisans de Jair Bolsonaro
Le palais présidentiel de Planalto, la Cour suprême et le Congrès à Brasilia ont été pris d’assaut dimanche par des centaines de partisans de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro qui n’acceptent pas la défaite de ce dernier face à Lula. Une véritable marée humaine de manifestants vêtus de jaune et vert a pris d’assaut et saccagé les principaux lieux de pouvoir du pays à Brasilia. Les forces de l’ordre ont été complètement débordées, a constaté l’AFP, des images impressionnantes qui rappellent l’invasion du Capitole à Washington par des partisans de l’ex-président Donald Trump, en janvier 2021.
Sur la rampe du palais de Planalto, où Luiz Inacio Lula da Silva a reçu l’écharpe présidentielle dimanche dernier, des policiers à cheval tentaient tant bien que mal de déloger les manifestants. Au milieu de la place des Trois pouvoirs, où se côtoient le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême, un agent de la police montée a été désarçonné puis frappé à terre par des assaillants armés de bâtons.
Des grenades assourdissantes ont été lancées par les forces de l’ordre depuis un hélicoptère sur les manifestants qui occupaient le toit du Congrès.
Sur les réseaux sociaux, on peut voir des vidéos montrant des bureaux de parlementaires saccagés ou des manifestants debout sur les sièges de l’hémicycle au Sénat. L’un d’eux s’est assis sur le siège du président de la Chambre haute, un mimétisme saisissant avec les manifestants pro-Trump au Congrès américain il y a deux ans.
Les dégâts semblent considérables, dans ces bâtiments qui sont des trésors de l’architecture moderne et regorgent d’œuvres d’art. Selon la chaîne CNN, des manifestants ont mis le feu au tapis d’un salon du Congrès, qui a dû être inondé pour éteindre l’incendie.
Journalistes agressés
La zone près de la Place des trois pouvoirs avait été pourtant bouclée par les autorités, mais les bolsonaristes sont parvenus à rompre les cordons de sécurité. Les policiers ont tenté, en vain, de les repousser avec du gaz lacrymogène. «Cette tentative absurde d’imposer une volonté par la force ne va pas prévaloir. Le gouvernement du District fédéral (de Brasília) va envoyer des renforts et les forces dont nous disposons sont en train d’agir», a déclaré sur Twitter Flavio Dino, ministre de la Justice et de la Sécurité publique.
Samedi, Flavio Dino avait autorisé le déploiement d’agents de la Force Nationale, une force spéciale de police parfois envoyée dans les différents États en cas de menace contre la loi et l’ordre. Le président du Sénat, Rodrigo Pacheco, a dit sur Twitter «rejeter avec véhémence cette manifestation antidémocratique, qui doit être punie par la rigueur de la loi». Un syndicat de presse local a fait état de l’agression de cinq journalistes. Parmi eux, un photographe de l’AFP a été frappé et s’est fait voler tout son matériel.
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Manifestations et blocages depuis la présidentielle
«Il faut qu’on rétablisse l’ordre, après cette élection frauduleuse», a dit à un journaliste de l’AFP présent sur place Sarah Lima, ingénieure pro-bolsonaro de 27 ans venue de Goianesia, à 300 km de Brasilia. Lula, 77 ans, était absent de Brasília dimanche: il s’est rendu à Araraquara, ville de l’État de São Paulo (sud-est) dévastée par des inondations en fin d’année. Le président de gauche du Chili, Gabriel Boric, a apporté sur Twitter son soutien au gouvernement Lula «face à cette attaque lâche contre la démocratie». Son homologue colombien, Gustavo Petro, a condamné pour sa part une «attaque fasciste».
Des bolsonaristes manifestaient déjà devant des casernes militaires depuis la défaite de peu du président sortant d’extrême droite face à Lula le 30 octobre. Ils réclamaient l’intervention de l’armée pour empêcher ce dernier de revenir au pouvoir pour un troisième mandat, après ceux de 2003 à 2010. Certains d’entre eux ont également bloqué des axes routiers pendant plus d’une semaine après l’élection.
Jair Bolsonaro, qui n’a jamais félicité Lula de sa victoire et a boudé son investiture, a quitté le Brésil deux jours avant la fin de son mandat et se trouve en Floride, aux États-Unis. L’investiture de Lula s’est déroulée le 1er janvier à Brasília sans incident majeur, en présence de dizaines de milliers de ses partisans.
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