« On est fondé à se demander qui sont vraiment les assistés dans notre pays », nous invite à penser Jean-Paul Delahaye, Inspecteur général honoraire et ancien Dgesco qui a placé la question de la pauvreté et de ses effets sur les élèves au centre du débat. Au prisme de ce sujet, il interroge et dénonce un système éducatif ségrégatif et inégalitaire. « En réalité, nous avons, sous l’effet du creusement des écarts sociaux et culturels, un système éducatif qui fonctionne par « Ordre », un peu au sens que cela avait sous l’ancien régime » affirme-t-il. Dans ce texte écrit à l’occasion d’un colloque national de la FCPE, il pointe la responsabilité et les effets des politiques menées. Continuer la lecture de « Si les riches ne faisaient pas sécession, tous les enfants viendraient à l’école avec une plus grande égalité de possibilités »
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Fabien Roussel : « Nous appelons à un pacte social et républicain »
Reçu ce lundi à l’Élysée, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, explique le « pacte social et républicain » auquel il appelle, le rôle que peut jouer le parti communiste à gauche et les conditions qu’il souhaite poser à Emmanuel Macron en vue d’un « dialogue pour trouver des solutions collectives républicaines et donner une stabilité au pays ».
Fabien Roussel doit être reçu, ce lundi, par Emmanuel Macron à l’Élysée, avec André Chassaigne et Cécile Cukierman. Ils y défendront notamment plusieurs mesures d’urgence sociale alors que le président doit nommer très vite un nouveau premier ministre.
Pourquoi fallait-il censurer le gouvernement de Michel Barnier ?
Ce budget était dangereux pour la France et risquait de faire entrer notre pays en récession, d’aggraver les difficultés de nos services publics, de nos communes, de nos associations et de nos concitoyens. Il n’apportait aucune réponse à la vie chère, dans l’Hexagone comme en outre-mer, ni aux centaines de milliers de salariés qui subissent des plans sociaux.
Qu’irez-vous dire à Emmanuel Macron, ce lundi ?
Qu’il est urgent de sortir la France de l’impasse et d’ouvrir des perspectives aux Français, aux élus, aux salariés, aux TPE et PME. L’inquiétude et la colère montent très fort dans le pays. Y répondre est de notre responsabilité collective. Nous sommes prêts à engager un dialogue pour trouver des solutions collectives républicaines et donner une stabilité au pays.
Le président souhaite un « gouvernement d’intérêt général ». Qu’en pensez-vous ?
Nous appelons, nous, à un pacte social et républicain. Social d’abord, parce qu’il y a beaucoup de réponses à construire face à l’urgence sociale. Je pense aux salariés qui craignent pour leur emploi, aux services publics, à notre industrie, aux retraités, au pouvoir d’achat, à la facture d’électricité.
Les politiques sociales et la question de l’emploi sont au cœur des préoccupations. Un pacte républicain, ensuite, parce qu’il ne faut rien céder sur les valeurs de la République. Il ne faut plus laisser l’extrême droite dicter sa politique au futur gouvernement.
Croyez-vous qu’il soit possible d’arriver à un tel gouvernement, voire d’y participer ?
Il faudra construire des majorités texte par texte, mais aussi construire un accord de non-censure pour pouvoir avancer. Nous avons bien conscience que la gauche n’a pas de majorité absolue. Mais personne ne l’a.
Pour garantir un minimum de stabilité, il faut que les forces républicaines trouvent un chemin et les moyens de se mettre d’accord en faisant chacun un pas vers l’autre. Pour cette raison, nous avons fait une série de propositions que nous mettons sur la table pour discuter. Nous agirons et ferons nos choix en fonction du gouvernement qui sera nommé et des décisions qui seront prises.
C’est préférable, mais, surtout, le premier ministre doit être capable de construire avec la gauche et d’obtenir un accord de non-censure au-delà de la gauche. Pour les communistes, ce qui compte, c’est qu’il soit respectueux du Parlement, des forces républicaines et surtout – pour nous, c’est essentiel – des électeurs et de ce qu’ils ont voté lors des dernières élections.
Posez-vous des conditions ?
Gabriel Attal et les macronistes ont fait preuve de beaucoup de sectarisme. Ils ont dit cet été que si un gouvernement du Nouveau Front populaire était nommé, comprenant la France insoumise, ils le censureraient automatiquement. Et quand les insoumis ont dit qu’ils ne seraient pas une force de blocage, qu’ils pourraient ne pas participer au gouvernement, la Macronie a maintenu la censure automatique de tout gouvernement de gauche.
Nous ne sommes pas sectaires comme eux. Nous, nous censurons en fonction de la politique menée. Nous jugerons sur pièces. Pour garantir un minimum de stabilité, chacun devra faire un pas vers l’autre. Il faut avoir une capacité de dialogue.
L’abrogation de la réforme des retraites, l’indexation des salaires et des retraites sur l’inflation, la protection de l’industrie, de nos services publics et de nos communes, la justice fiscale, le poids des banques sont des éléments essentiels pour nous. Nous les mettons en avant pour discuter. Nous appelons les autres forces, notamment les macronistes, les centristes, le groupe Liot, le Modem, à regarder ce qu’elles sont prêtes à faire sur ces sujets. La seule chose qui compte pour nous est la politique qui sera mise en œuvre, nous nous déterminerons en fonction de cela.
Y a-t-il un risque pour la gauche à apparaître dans la période comme un élément de blocage ?
Si le pays est bloqué aujourd’hui, c’est le fait du président de la République et des députés de son camp refusant tout dialogue et tout compromis. Ce sont eux qui ont dit censurer, quoi qu’il arrive. Face à cela, j’appelle la gauche à être la plus unie possible pour peser. Ensemble, nous comptons 193 députés. C’est une force, la première coalition de l’Assemblée nationale.
La FI souhaite appliquer strictement le programme du NFP. Le PS semble prêt à des compromis. Cela ne risque-t-il pas de désunir la gauche ?
Ce qui compte, c’est comment nous parvenons à l’union du peuple de France, à mettre en place un rapport de force favorable aux intérêts du peuple. Chaque force politique de gauche est autonome mais nous devons travailler à cette union du peuple de France.
Peut-être certaines forces de gauche accepteront-elles de gouverner avec des macronistes ; d’autres ne le feront pas, et certains refuseront tout dialogue, comme la FI. Mais cela ne doit pas nous empêcher de trouver des solutions à l’Assemblée pour défendre les intérêts du peuple.
Quel doit être le rôle des communistes ?
Le rôle du PCF se résume en trois mots : unir, unir, unir. Car tout est fait pour nous diviser, opposer les Français entre eux. Je pense aux salariés rencontrés ces derniers jours : ceux d‘Arcelor, des Fonderies de Bretagne, de Michelin. Les angoisses sont fortes, les colères immenses.
Nous devons trouver des réponses et des solutions urgentes à tous ceux qui se battent. Pour cette raison, j’appelle les communistes, les élus, les militants, à être très présents dans les luttes, sur le terrain, à l’écoute et en même temps à faire mesurer la gravité de la crise.
Emmanuel Macron doit-il démissionner ?
Sa démission n’est envisageable que si lui-même l’envisage. C’est une décision qui lui revient. Nous ne considérons pas que c’est la priorité du moment. Et nous pensons même que provoquer une présidentielle maintenant ne résoudrait en rien les problèmes, puisque nous resterions avec la même Assemblée et la même incapacité de gouverner, sauf à refaire des législatives dès septembre 2025.
La France rebasculerait dans une période électorale. Cela ne résoudrait rien aux problèmes de nos concitoyens et on risquerait un an de plus d’immobilisme et de fractures. On risque surtout de creuser encore davantage le fossé entre nos concitoyens et les responsables politiques. Créons plutôt toutes les conditions pour que le Parlement joue son rôle et que le pouvoir ne soit plus à l’Élysée.
Pour 2027, Marine Tondelier et Lucie Castets souhaitent une candidature commune de toute la gauche. Jean-Luc Mélenchon propose la même chose en cas d’élections anticipées, mais sans les communistes ou l’aile droite du PS. Quelle est votre perspective ?
Nous sommes dans un moment où les Français sont inquiets pour l’avenir du pays, pour leur pouvoir d’achat. Franchement, quand je vois des responsables politiques obnubilés par la question des présidentielles, je pense que ce n’est pas le meilleur message que nous pouvons renvoyer. Au PCF, nous aborderons le sujet le moment venu. Notre projet de société qui s’attaque au coût du capital et place la paix au cœur de nos relations internationales est d’actualité.
Nous avons, de plus, des personnalités qui ont émergé ces dernières années et une culture du rassemblement que d’autres n’ont pas. Nous avons aussi toute légitimité à incarner une candidature de gauche, de rassemblement, lors de futures échéances nationales. Abordons ce débat, le moment venu, avec cela en tête, sans complexe.
Quels sont les enjeux de la conférence nationale des communistes qui se tient samedi ?
Elle doit faire le bilan des dernières élections. Beaucoup de communistes sont déçus par l’alliance conclue lors des législatives. Mais tout le monde veut aussi que la gauche gagne en étant unie et rassemblée. Beaucoup de fédérations veulent construire des candidatures de rassemblement plus en prise avec les réalités locales.
Il ne s’agit pas de tirer un trait sur le NFP et l’union, mais au contraire de construire des candidatures beaucoup plus efficaces et en capacité de l’emporter. Enfin, nous devons nous projeter, nourrir et réaffirmer le projet communiste en tenant compte de ce qui se passe. Jamais le capitalisme n’a été aussi violent, guerrier, impérialiste et, dans beaucoup de pays, il a fait le choix du nationalisme et de l’extrême droite.
Nous devons mesurer combien il est un danger pour la planète, pour l’Europe, pour la France. Face à cela, il y a nécessité de réaffirmer le projet communiste, le besoin de communisme, ce chemin que nous voulons prendre en construisant un socialisme à la française.
Les angles morts d’une analyse récente des électeurs RN
Félicien Faury, Des électeurs ordinaires. Enquête sur la normalisation de l’extrême droite, Seuil, 2024.
LE LIVRE
L’enquête porte sur la période 2016-2022. Le sociologue va à la rencontre d’électeurs RN dans le sud-est de la France. Ils sont sociologiquement différents des électeurs RN du nord-est. Ils sont moins exposés à la précarité, à la pauvreté et au chômage, même si leur situation demeure marquée par la fragilité et l’incertitude. Néanmoins, le fil qui les relierait serait le racisme.
Le livre critique l’idée suivante : le vote RN serait un exutoire permettant d’exprimer une souffrance sociale, un vote essentiellement motivé par des causes économiques et sociales. Cette idée minore la motivation raciste du vote RN. La stratégie « fâchés pas fachos » incarnerait cette tendance à relativiser le racisme des électeurs RN. Les électeurs RN ne sont pas de pures victimes sociales mais aussi des agents actifs du racisme. Il n’y a pas non plus, d’un côté le social, de l’autre l’identitaire. Les deux aspects sont imbriqués. « Par exemple : les immigré·es profitent des allocations sociales, ce qui provoque une baisse du pouvoir d’achat des “natifs”, par les impôts et les charges que cela engendre. […] Par exemple : la baisse de l’immigration permettrait d’améliorer la situation économique globale du pays, et donc de faire augmenter le pouvoir d’achat des “Français” ».
« La gauche exclut de son domaine de compétence de plus en plus de questions ; à l’opposé de l’extrême droite qui, sans vergogne, s’empare de tout. » Continuer la lecture de Les angles morts d’une analyse récente des électeurs RN
« Les Nouveaux Seigneurs » de Jean-Baptiste Forray : « La Sologne est le laboratoire du séparatisme des ultra-riches »
En Sologne, les grandes fortunes organisent leur sécession. C’est là que nous emmène le journaliste Jean-Baptiste Forray dans son livre « les Nouveaux Seigneurs » : un territoire totalement balafré par plus de 4 000 kilomètres de clôtures et où, derrière leurs murailles, de grands noms du capitalisme français abattent à cœur joie et en quantité industrielle un gibier lui-même privatisé…
Dans une roborative enquête fourmillant de noms et de détails, le journaliste Jean-Baptiste Forray nous fait pénétrer derrière les hautes clôtures des vastes domaines où les ultra-riches s’adonnent, sans foi ni loi, à leur passion d’une chasse totalement dérégulée. Un loisir décrit par l’auteur comme de la « porno-chasse » mais qui n’en finit pas de saccager la biodiversité comme d’exaspérer les populations locales. Et dès lors, c’est aussi l’histoire d’une fronde qui s’organise.
Ils donnent son titre à votre livre offrant une plongée en profondeur dans une Sologne confidentielle et secrète… Qui sont ces « nouveaux seigneurs » ? Continuer la lecture de « Les Nouveaux Seigneurs » de Jean-Baptiste Forray : « La Sologne est le laboratoire du séparatisme des ultra-riches »
Lettre du PCF au Président de la République…
Ce texte adressé au président de la République est signé par Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, André Chassaigne, député, président du groupe GDR, Cécile Cukierman, sénatrice, présidente du groupe CRCE.K. Contrairement à certaines réactions qui le cœur en écharpe et affilié depuis des années au soutien à Mélenchon et à toutes les social-démocraties en feignant la radicalité, je n’y vois que prudence et bon sens. Et surtout, dans sa rédaction actuelle, elle laisse au conseil national, éclairé par les débats de la conférence nationale mais demeurant le seul juge, la possibilité de trancher, ce qui n’est pas le cas des autres forces politiques qui ont choisi sans consultation des mesures aussi graves qu’exiger la démission du président ou leur participation à des gouvernements.
1) Que le PCF ne considère pas comme l’exploit du siècle le vote de la motion de censure mais s’y soit résigné parce que c’était le seul moyen de bloquer cette perte de revenus pour les retraités, les citoyens, les communes, perte de subventions pour les associations, perte de fonds pour nos hôpitaux, l’éducation, manque de moyens pour la justice, la sécurité et la transition écologique est juste. C’est exactement à cause de cela que 54% des Français l’approuve sans partager l’extase du groupe LFI. D’ailleurs le RN qui tente par tous les moyens d’être ce que les communistes ont été pour le peuple français, une voix de bon sens, proche du peuple, parlant d’une seule voix, sans divisions inutiles et querelles perpétuelles, ont joué dans le registre modeste.
2) Car comme dit également le texte nul ne peut se satisfaire de l’instabilité actuelle. Il y a des décisions à prendre, des urgences, par exemple la multiplication des fermetures d’entreprises, le désarroi de nos paysans, les guerres… la baisse de notre niveau d’éducation, la guerre donc personne ne peut accepter de ne pas tout faire pour que les problèmes soient réglés. La mesure préconisée par Fabien Roussel de “nationalisation” temporaire ou définitive, l’interdiction des licenciements boursiers, doit être comme les six mesures du conseil national au centre de la conférence nationale.
3) Il y a un problème démocratique dans le fonctionnement de nos institutions, cette crise le prouve. A ce propos on peut considérer qu’une telle lettre devrait soulever lors de la conférence du parti une exigence concernant la Constitution, la Ve République n’est pas plus que l’Europe actuelle en situation de fournir un cadre démocratique juste et efficace, pour le moment il va falloir procéder d’une manière inusitée en tenant compte du poids réel de la gauche dans la représentation nationale. La rédaction du texte ne va pas au-delà du mandat du Conseil national et c’est une bonne chose.(1)
4) Avec beaucoup de réalisme et de lucidité, cette lettre collective ne se lance pas dans l’idée d’une participation à un gouvernement macrocompatible comme ont cru devoir le faire les socialistes. Ni dans une exigence de démission du président de la République et il faut être aussi hors sol que certains “radicaux” pour ne pas voir qu’une telle revendication est celle qui conduit le plus directement vers le rassemblement national. C’est un choix qui ne semble pas étranger à Macron et ceux dont il est le fondé de pouvoir, il est inutile d’aller au-devant de leur tactique. Il faudrait au contraire passer le temps qui nous sépare de cette échéance à faire la preuve de l’efficacité des communistes, de la gauche, des syndicats sur les problèmes concrets et arrêter ce cirque et sa confusion.
5) En l’état et en attendant la discussion collective cette lettre est ce qui est le plus en conformité avec ce qu’ont décidé les instances du parti et qui parait également le plus proche des inquiétudes populaires. Elle a en outre l’immense mérite d’être en conformité avec les exigences de toute la gauche et de ne pas intervenir en quoi que ce soit comme un facteur de division.
Danielle Bleitrach
PS je signale si certaines âmes sensibles avaient de la peine pour Barnier que comme les ministres présidents qui en général ont connu un job moins éphémère il part avec quelques consolations :
- 44 730€ d’indemnité de départ 1 voiture/chauffeur à vie
- 150 000€ par an pour ses frais
(1) A partir du moment où on est républicain et le socialisme à la française est républicain, il y a une constitution et un état de droit. On doit dénoncer la Constitution de la Ve comme l’ont toujours fait les communistes mais aussi en tant qu’élus du peuple la respecter et il faut apprécier l’attitude des communistes par rapport au dilemme constitutionnel, ce qui donne tout son prix alors la “distance” de cette lettre avec d’autres choix.
Quand on critique la Constitution il faut le faire en connaissant sa logique de fonctionnement. Mais aussi en quoi actuellement elle révèle dans ses blocages un processus plus fondamental. Actuellement tant dans les constitutions que dans l’évolution de leur fonctionnement, il y a des blocages qui montrent en quoi ces institutions parce qu’elles sont faites pour maintenir les pouvoirs en place tendent vers le fascisme pour empêcher le socialisme.
En ce qui concerne la Constitution française, tous les commentateurs ont pris acte du fait que la Constitution française de la Ve, conçue comme la plus monarchique par De Gaulle avait abouti à un retour au parlementarisme après la dissolution… ce qui reste théoriquement dans l’ordre d’un simple changement insitutionnel.
Face à ce qui s’est passé à la suite de la dissolution et en prenant au pied de la lettre la dite Constitution, il faut partir du fait que le président de la Ve République a un rapport direct avec le peuple souverain, il nomme le premier ministre mais ce sont les citoyens qui ont fait le choix. Quand le président à une majorité, pas de problème, mais les Cohabitations montrent que le président n’est pas maître du choix, il doit nommer le chef de la majorité issue des urnes. D’ailleurs quand Jospin propose de passer du septennat au quinquennat, des législatives dans la foulée de l’élection présidentielle c’est parce que, vu les manipulations mitterrandiennes face à l’inconfort des cohabitations où effectivement le président avait du nommer le choix de l’électeur et pas le sien, en particulier son invention de l’extrême-droite comme rabatteur, il s’agissait de continuer pour Jospin de s’assurer la majorité et le confort de nommer.
Oui mais voilà au plus fort de la contestation du pouvoir, le répulsif RN est devenu choix… C’est là que vient à Macron à l’idée folle de dissoudre alors que lors des européennes le choix du peuple s’est porté sur le RN et il n’a plus de majorité. Dissoudre est soit une folie qui lui assure temporairement une majorité républicaine tous contre le RN soit il a choisi de voir lui succéder l’extrême-droite, lui ou ses bailleurs. Ce qui arrive n’est après la dissolution n’est pas la cohabitation à cause du front républicain, l’opération mitterrandienne qui cette fois mène au chaos avec le poids des insoumis qui ne rêvent que présidentielle avec leur chef ou un de ses suppots. Et donc on en revient au parlementarisme tel qu’il fonctionne dans d’autres pays d’Europe, l’Allemagne par exemple. Le groupe arrivé en premier est celui dans lequel le président (qui depuis la dissolution et même avant a perdu son influence y compris sur son propre groupe) doit accepter le choix. En l’occurrence c’était tant qu’ils demeuraient unis le NFP. Mais demeurer unis sous la férule de Mélenchon s’avérait déjà difficile mais avec l’obsession présidentielle de Mélenchon cela devenait impossible.( Olivier Faure vient d’ailleurs de porter un coup de grâce à ce regroupement électoral en allant seul voir Macron, il joue entre son congrès et les municipales mais il risque de perdre les deux ce sera la dernière œuvre de Mélenchon qui perd là définitivement d’ailleurs toute possibilité d’être président).
Donc si les institutions de la Ve avaient viré au parlementarisme sans trop de heurt, le président aurait dû faire appel au groupe NFP et lui laisser faire la preuve qu’il savait jouer le jeu des majorités suivant les propositions. Et si cela s’avérait impossible pour diverses raisons dont dans ce cas la fièvre de la LFI à jouer le tout ou rien en espérant la fin et bis repetita la démission du président, en fait dans ce cas le président consulte sa deuxième force le Rassemblement national et à son tour de négocier la pratique gouvernementale. Bref quand Macron se plaint que ces gens là n’ont pas joué le jeu qui lui permettait d’avoir les mains libres pour s’assurer dieu sait quoi, peut-être le rêve d’une présidence européenne?
Notez bien que toute l’agitation retombe toujours sur le dit RN, qu’il s’agisse de la division du groupe NFP ou de son échec par refus de transiger, on retombe toujours sur la nécessité de faire appel à eux. Et comme l’obsession présidentiable de Mélenchon va dans le même sens on voit à quel point cette Constitution telle qu’elle a été conçue puis pratiquée ne peut mener qu’à l’extrême-droite qui est devenu le visage du souverainisme et face à la disparition de l’alternative socialiste la seule manière pour les peuples de croire exprimer patriotisme et même lutte des classes.
Une grève réussie : « La colère est grande dans l’Éducation nationale »
Jeudi 5 septembre 2025, la grève a été massive : 55% de grévistes dans les collèges et lycées selon le syndicat majoritaire du Second degré et 65% dans le 1er degré. Cette mobilisation traduit à la fois une grande colère et un profond malaise de la profession. L’ensemble de la communauté éducative s’est largement mobilisée contre les réformes, les suppressions de postes, et plus largement contre une politique du mépris, du « moins » pour l’Ecole et du « toujours plus » pour les personnels. Tous les manifestants expriment un énorme ras-le-bol dans les cortèges partout en France. Continuer la lecture de Une grève réussie : « La colère est grande dans l’Éducation nationale »
« Je n’assumerai jamais l’irresponsabilité des autres » : Emmanuel Macron plus arrogant que jamais
Le président de la République a rejeté toute responsabilité dans la crise politique en cours, qu’il a provoquée avec la dissolution de l’Assemblée en juin et la nomination de Michel Barnier à Matignon, au mépris du résultat sorti des urnes. Isolé comme jamais depuis la censure votée par les députés contre son premier ministre, il appelle désormais à un gouvernement « d’intérêt général » sans en préciser la feuille de route, à part celle de refus d’une hausse des impôts.
Emmanuel Macron est toujours dans le déni. Plus que jamais. La chute de Michel Barnier, premier ministre qu’il avait choisi après deux mois de réflexion, une durée exceptionnellement longue, jamais vue dans l’histoire de la Ve République ? Ce n’est pas sa faute. Rien à voir avec les décisions prises à l’Élysée. « Je n’assumerai jamais l’irresponsabilité des autres », a assené le président de la République, lors de son allocution télévisée de jeudi soir. Le chef de l’État s’en est pris aux autres, à ces députés coupables d’avoir voté une censure de l’exécutif « avant Noël ». Le tout malgré des « concessions faites à l’ensemble des groupes ».
On cherche encore pourtant les concessions faites à gauche… « L’extrême droite et l’extrême gauche se sont unies dans un front antirépublicain », ose même dénoncer Emmanuel Macron, traçant un parallèle odieux et dangereux entre le Nouveau Front populaire (NFP) et le Rassemblement national (RN). Le tout alors que c’est lui qui, en envoyant Michel Barnier à Matignon, en lieu et place de la gauche qui était arrivée en tête des législatives, a sciemment placé l’ancien premier ministre en situation d’usurpateur qui ne pouvait tenir que grâce à l’extrême droite. Continuer la lecture de « Je n’assumerai jamais l’irresponsabilité des autres » : Emmanuel Macron plus arrogant que jamais
« Le néolibéralisme a besoin d’un marché scolaire élitiste qui verrouille les portes aux classes moyennes et populaires »
« On refuse, on riposte, on réfléchit, on propose. » Dominique Bucheton expose dans cette tribune les raisons de sa mobilisation demain jeudi 5 décembre pour défendre l’Ecole. La professeure honoraire des Universités décrypte « l’offensive tous azimuts » du tri organisé des élèves : « le néolibéralisme a besoin d’un marché scolaire élitiste qui verrouille les portes aux classes moyennes et populaires et développe un nouveau prolétariat à la ville comme à la campagne ». Elle écrit que « le mouvement de grève et les manifestations lancées ce jeudi 5 décembre sont une réponse à ces attaques, anciennes, organisées, finalisées de destruction progressive sur système éducatif français, de ses valeurs républicaines ». Dominique Bucheton lance un appel pour l’Ecole, à rejoindre les syndicats, associations et collectifs pour « réinventer l’école de demain ».
Je serai jeudi 5 décembre avec les manifestations et assemblées pour défendre l’école de la République. Je vous dis pourquoi.
Attention, danger on désosse l’Ecole !
Pas à pas, secteurs après secteurs, décret après décret, Sarkozy, puis Macron et ses super casseurs d’école, Blanquer et Attal, ont systématiquement, méthodiquement démembré, dénudé, désossé l’école publique. Tout a été visé : en premier les programmes, ceux novateurs des années 90, ceux de 2015. Ils avaient été réfléchis et pensés par des collectifs de chercheurs, associations, syndicats. Mis en œuvre avec succès ensuite. Ils ont été méthodiquement rabotés, détournés de leurs visées éducatives et culturelles avec en point d’orgue le « choc des savoirs » d’Attal (ou plutôt celui de l’ignorance !) un costume étroit, une impasse dangereuse pour rétrécir la culture proposée par l’école. Continuer la lecture de « Le néolibéralisme a besoin d’un marché scolaire élitiste qui verrouille les portes aux classes moyennes et populaires »
FABIEN ROUSSEL, CE “RETOUR A MARX” N’EST PAS UN GADGET MAIS LA NÉCESSITÉ POUR L’UNITÉ D’ACTION
Un certain nombre de camarades, comme dans le texte de Robert Martin reproduit ci-dessous, l’ont perçu : Le discours de Fabien Roussel prononcé le 26 novembre 2024 à Fontaine en Isère ferait date avec ce retour aux fondamentaux de l’analyse marxiste. Nous sommes totalement d’accord mais tout autant que l’on comprend que ce retour à Marx est tout sauf un gadget intellectuel, il est au cœur de l’utilité d’un parti communiste et c’est parce qu’il en revient à ce fondamental qu’il est facteur d’unité dans le parti, dans la gauche, dans notre pays et au niveau international, d’une unité d’action et c’est là que tout reste à faire. (note de Danielle Bleitrach pour Histoireetsociete)
Le Secrétaire National du Parti Communiste aura su rappeler ce que sont les bases du matérialisme historique et pourquoi la lutte des classes est une conception très actuelle dans une période où les représentants du capital s’opposent fortement, voire violemment à la classe ouvrière au travers du tsunami que représentent tous les plans de licenciements actuels ou annoncés.
En reprenant avec force détails l’analyse du capitalisme comme étant un système dont la finalité est l’accumulation du capital par le biais des profits (ou plus-values) Fabien Roussel a positionné le Parti Communiste Français dans une trajectoire d’avenir devant aboutir inéluctablement à une nouvelle forme de société, le communisme.
En rappelant l’impasse économique et sociale dans laquelle nous nous trouvons, il a démontré le besoin de réindustrialisation qui s’impose à notre société aujourd’hui pour sauver l’emploi, préserver les savoir-faire et augmenter les salaires.
L’ancien député sera resté au cours de toute la journée et en permanence dans son rôle de Responsable communiste en n’hésitant pas à demander des nationalisations comme celle de Vencorex qui devrait s’imposer rapidement et la mise en place d’une économie administrée comme possible alternative au libéralisme débridé.
Ce discours théorique et pratique sur des bases marxistes aura fait circuler un air vivifiant bien au-delà des limites de l’Isère et loin, très loin des gesticulations populistes ou pas de la social-démocratie.Robert Martin texte diffusé sur Facebook.
Tout à fait d’accord avec cette analyse et elle doit permettre d’aller plus loin dans les exigences de l’heure en ne se bornant pas à l’opposer au populisme d’un Mélenchon mais aussi au Rassemblement National qui s’avère encore plus conquérant, ni à la social-démocratie ! Continuer la lecture de FABIEN ROUSSEL, CE “RETOUR A MARX” N’EST PAS UN GADGET MAIS LA NÉCESSITÉ POUR L’UNITÉ D’ACTION
« L’éloge du privé s’appuie sur la caricature des fonctionnaires »
Pourquoi tant de haine contre les fonctionnaires ? Le livre est publié dans un contexte d’attaque générale, généralisée et organisée contre le service public. « Le débat lancé par le consultant-ministre Kasbarian sur les arrêts maladie est indigne et très éloigné des réalités de la fonction publique que nous décrivons dans le livre, avec force statistiques et enquêtes de sciences sociales » déclare Julie Gervais, une des auteur.es avec Claire Lemercier et Willy Pelletier de l’ouvrage La haine des fonctionnaires publié aux éditions Amsterdam. Le livre interroge les lieux communs sur les fonctionnaires et revient – en les démontant- sur une série d’idées reçues anti-fonctionnaires. Julie Gervais répond aux questions du Café pédagogique sur cette « haine » des fonctionnaires dans un contexte où « les fonctionnaires, soumis désormais à des principes de rentabilité, peinent à servir leurs missions d’intérêt général », comme l’écrivent les auteurs. Dans le livre, dit Julie Gervais, politiste : « Nous n’atténuons pas non plus la violence des réformes qui impulsent un véritable massacre à la « modernisation », en dépeçant les services publics, en poussant les agents à bout et en privant d’accès aux services nombre d’habitant-es dans les régions rurales pauvres, les DOM-TOM ou les quartiers populaires ».
Votre livre part d’un constat, « la haine » envers les fonctionnaires ? Le mot de haine n’est-il pas fort ? Continuer la lecture de « L’éloge du privé s’appuie sur la caricature des fonctionnaires »