Grippe aviaire, abattage massif de canards, mesures préventives et après ?

Ministère de l’agriculture

Un nouvel arrêté publie une nouvelle liste les communes touchées par l’abattage préventif des volailles. Cet abattage massif doublé de mesures de précautions partout en France interroge.

Le ministre de l’agriculture vient de prendre un nouvel listant les communes dans lesquelles l’abattage préventif des volailles est ordonné.
Cela ne concerne pas que les éleveurs de canards précise l’arrêté mais « l’ensemble des détenteurs de volatiles (poules, canards, pintades etc.) y compris les basses-cours, les détenteurs de quelques volailles, d’oiseaux d’ornements, de gibiers à plume d’élevage ».

Partout en France les mesures de précaution prévues en 2016 continuent de s’appliquer.
Certes sont prévues des
Mais au-delà du drame économique ça touche l’humain et l’animal. Ca interroge aussi sur ce que les motivations des autorités et des industriels pour l’aviculture. Ce n’est en effet pas le premier hiver que la grippe aviaire sévit. Dans un communiqué la Confédération Paysanne dénonce cet
Elle n’est pasla seule comme vous le lirez dans la controverse ci-dessous.
Partout ailleurs, des mesures préventives que nous rappelons sont prévues sur tout le territoire national.

– Vous pouvez suivre l’actualité relative à la grippe aviaire sur le site du

Quelles sont les mesures prises autres que l’abattage dans les zones géographiques concernées ?

Ce principe de précaution se traduit, partout en France, pour tous les élevages de volailles y compris familiaux, les basse-cours et les oiseaux d’ornement par :
l’obligation de confinement ou de pose de filets permettant d’empêcher tout contact avec les oiseaux sauvages pour tous les élevages commerciaux de volailles et toutes les basses-cours. Des dérogations sont possibles pour les élevages commerciaux, sous réserve qu’elles soient motivées par : une nécessité au regard du bien-être animal, une perte de label ou d’appellation. Pour les basse-cours, il n’y a pas de dérogation possible au confinement ou à la pose de filets.
l’interdiction de tout rassemblement de volailles vivantes (poules, canards, oies, pintades, cailles, dindes etc.) et tout particulièrement les marchés aux volailles vivantes. Une dérogation du préfet peut autoriser ces rassemblements à condition que des dispositions soient mises en œuvre pour éviter tout risque de contamination par les oiseaux sauvages d’eau (canards, cygnes, oies etc.) mais aussi entre volailles issues de différents élevages.
Concrètement, il est possible de déroger à cette interdiction de rassemblement lorsque des dispositions sont mises en œuvre pour réduire les risques de contamination par les oiseaux sauvages d’eau (oiseaux de la faune sauvage susceptibles d’être sensibles à l’influenza aviaire) d’une part et par contact avec d’autres éleveurs/détenteurs de volailles d’autre part. Quelques exemples de dérogations : le marché est couvert/fermé et protège donc les contacts avec des oiseaux sauvages d’eau ; il est instauré des distances minimales entre vendeurs, mis en place une zone d’approche des stands pour réduire la proximité des clients potentiels qui passent de stands en stands –
l’interdiction de lâchers de gibiers à plume sur tout le territoire national. Exceptions : les lâchers de faisans et de perdrix peuvent être autorisés sous conditions édictées par les préfets, tout comme l’utilisation d’appelants. Ces conditions sont : une visite de biosécurité par un vétérinaire doit avoir lieu, une attestation du bon état clinique des animaux doit être délivrée et l’élevage ne doit pas détenir de colverts. Quant aux conditions pour réduire le risque de contamination, elles sont remplies dès lors que le lâcher de galliformes soit réalisé dans une zone dans laquelle la pression de chasse est important au moment du lâcher et que le lâcher soit effectué à distance suffisante des zones de concentration de gibiers d’eau (plans d’eau, etc).
l’obligation de prendre des mesures de biosécurité strictes dans toutes les exploitations de volailles de toute la France et par toutes les personnes entrant dans ces élevages. Ces mesures sont détaillées dans un

Qu’en est-il pour les consommateurs ?

Le ministère de l’agriculture rappelle que « le niveau de risque élevé de la grippe aviaire est un risque épizootique ».
Cela signifie que le virus :
–  est transmis essentiellement par contamination directe (sécrétions respiratoires, matières fécales, organes des animaux infectés) ou indirecte (exposition à des matières contaminées : nourriture, eau, matériel ou vêtements contaminés). D’où les précautions à prendre pour les éleveurs, leurs salariés, leurs familles mais aussi les particuliers qui possèdent une basse-cour ;
– n’est pas transmissible à l’humain par la consommation de viande de volaille notamment de canards, la consommation d’œufs, de pâtés, gésiers, confits, magrets, foie gras et tous plats préparés à base de volailles.
Ces produits y compris en provenance des départements touchés par la grippe aviaire (Tarn, Gers, Landes, Lot-et-Garonne, Hautes-Pyrénées, Dordogne, Pas-de-Calais, Haute-Savoie) peuvent donc être commercialisés et consommés.
Explications sur le site de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail)

INFOS +

– ce qu’est la grippe aviaire sur le site de l’ANSES

– mesures prises et indemnisation

– grippe aviaire et santé humaine

– grippe aviaire et santé animale

La controverse

La répétition d’épisodes de grippe aviaire dans les élevages de volailles et la gouvernance sanitaire mise en place notamment la biosécurité ouvrent-elles en grand la porte à l’industrialisation de la filière avicole ?

La Confédération Paysanne (CP) pense que oui dans une note établie suite à la grippe aviaire de décembre 2015, toujours d’actualité. Cette note est téléchargeable ici

Elle alerte également, dans un communiqué sur le fait que de nombreux élevages fermiers reçoivent des informations erronées leur faisant croire qu’ils doivent passer en bande unique, installer des SAS partout, voire cesser l’exploitation !

Elle donne à cet effet des informations utiles pour la gestion des mesures de biosécurité sur les élevages fermiers, garants de la qualité des produits.

Nature et Progrès qui est à la fois un label « bio » et une association de producteurs et de consommateurs de produits « bio » estime que « les dispositions sanitaires prises par les autorités contre la grippe aviaire est un vrai casse-tête pour les petites fermes et qu’elles signent leur fin ».

Dans un document elle répond à cette question et revendique une dérogation « circuits-courts ».

Le MODEF qui défend l’élevage familial dénonce le fait que « les vides sanitaires sur plusieurs semaines et les mesures de biosécurité vont entraîner la disparition de petites unités de production mais aussi d’accouvage et de transformation. »

Et de s’expliquer : « ces mesures de biosécurité sont impossibles à mettre en place sur les petites exploitations en raison de leur coût. »

Dans un entretien paru dans le journal Sud Ouest du 16 janvier, Christophe Mesplède, président du Modef des Landes, éleveur de palmipèdes, demande « l’arrêt de l’abattage massif des animaux, qui à 95 % sont indemnes. »

En effet explique-t-il « cela ne sert à rien, la zone touchée par maladie continue de s’étendre. Ce qui nous conduit aujourd’hui à une impasse, car même sur la zone indemne, on a interdit tout déplacement de volailles, ce qui empêche toute remise en production dans les ateliers. À un moment, il va falloir prendre conscience qu’économiquement, ces solutions engendreront de gros problèmes. »

Il y a un an, il alertait que

Et de s’interroger : « la crise de l’influenza aviaire, on ne cesse de nous le répéter, n’est pas un enjeu de santé publique. Alors pourquoi de telles mesures sanitaires auxquelles les petits élevages ne survivront pas ? »


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