Un projet de circulaire du ministère fait craindre aux professionnels de l’aide aux élèves en difficulté un bouleversement de leurs missions au détriment des enfants et des enseignants.
Rescapés de justesse des années Sarkozy qui ont failli les voir disparaître, les Rased (réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté) ont à peine eu le temps de se redéployer durant ce quinquennat finissant qu’ils voient déjà une nouvelle menace s’abattre sur eux. « Sarkozy nous a enlevé des postes. Hollande fait pire : il nous prive de notre métier », s’alarme l’une de leurs organisations professionnelles, la Fédération nationale des associations de rééducateurs de l’éducation nationale (Fnaren).
Les Rased constituent l’une des spécificités les plus précieuses de l’éducation nationale. Ils sont une véritable bouée de secours pour des élèves en difficulté, et pour leurs enseignants, en maternelle et en primaire. Il ne s’agit pas d’un simple soutien scolaire, mais d’un travail bien plus profond et personnalisé afin de permettre à tous les élèves de trouver leur place au sein de l’institution scolaire et de les mettre ou les remettre en situation d’apprentissage.
Plébiscités par les enseignants, maltraités par l’éducation nationale
Pour cela, les Rased peuvent s’appuyer sur trois spécialités. D’abord les aides purement pédagogiques, conduites par les « maîtres E », pour les élèves ayant les capacités cognitives mais qui ont des difficultés dans la compréhension et l’apprentissage. Il s’agit alors principalement de leur donner des méthodes de travail. Vient ensuite le volet « rééducation », qui s’adresse aux élèves ayant des difficultés à s’inscrire dans le cadre scolaire. Il faut alors mener un travail en profondeur sur le comportement et surtout travailler à développer « l’envie d’apprendre ». C’est la mission du « maître G ». Enfin, les psychologues scolaires assurent le suivi des élèves, en lien avec leur entourage.
Plébiscités par les enseignants, les Rased ne sont pourtant pas toujours bien traités par l’éducation nationale. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, des centaines d’entre eux ont été affectés dans des classes, dans un rôle de professeurs des écoles « ordinaires » pour pallier les suppressions de postes. Aujourd’hui, c’est une réforme de leur formation qui attise les inquiétudes.
« Nous deviendrions de simples prescripteurs »
Une circulaire « relative à la formation professionnelle spécialisée et au certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive » est en projet rue de Grenelle. Son but : uniformiser la formation spécialisée de ces enseignants avec la mise en place d’une certification unique – le Cappei – en lieu et place de celles distinctes existant aujourd’hui dans le primaire et dans le secondaire. Concrètement, les Rased seront là, avant tout, pour conseiller les professeurs et non plus dans un rapport direct avec l’élève. « Nous deviendrions alors de simples prescripteurs de soins, comme un médecin signant des ordonnances, s’inquiète Isabelle Guillard, présidente de la Fnaren. Or, nous pratiquons un métier essentiellement tourné vers l’intervention auprès des enfants, en dehors de la classe, avec pour but de les amener à une posture d’élèves. »
La pédagogue, qui exerce à Bordeaux, a aussi relevé le risque d’un dangereux glissement : « La formation s’orienterait sur la découverte de “troubles” des enfants. Or, parler de troubles, médicaliser alors qu’il s’agit souvent de problèmes de concentration ou d’estime de soi, cela nous inquiète au plus haut point. » La Fédération nationale des associations de maîtres E (Fname) partage l’inquiétude : « Les missions des enseignements adaptés sont réorientées au profit de missions tournées exclusivement vers l’inclusion et le handicap, au détriment des élèves en grande difficulté scolaire. » Comme le souligne Isabelle Guillard, la difficulté scolaire ordinaire, même importante, ne veut pas forcément dire handicap : « Elle est même inhérente à l’apprentissage. Apprendre, c’est difficile ! »
Ces craintes sont d’autant plus prégnantes que, dans le projet du gouvernement, la formation semble, elle, réduite. Alors que les professionnels demandent qu’elle soit relevée à 750 heures, elle passerait de 400 heures aujourd’hui à 300 heures. Et l’élément principal d’évaluation que constituait la rédaction d’un mémoire professionnel disparaîtrait. Dans certains départements défavorisés, un autre aspect inquiète : le nombre de Rased toujours insuffisant (lire encadré). En Seine-Saint-Denis, une centaine de postes manquent toujours pour revenir au niveau de 2008.
Dans les départements aux difficultés particulièrement criantes, le manque de postes de Rased en constitue une de premier plan. C’est le cas en Seine-Saint-Denis. « Les actes de violence ont augmenté dans les écoles élémentaires (…), comment ne pas faire le lien avec l’impossible prévention, dont les maîtres G sont pourtant capables quand ils sont suffisamment nombreux, notamment en maternelle ? » s’interroge Rachel Scheider, secrétaire départementale du SNUipp sur le site spécialisé le Café pédagogique. Pour la rentrée 2017, l’académie crée 30 postes, quand la syndicaliste estime qu’il en faut au moins 100.
Adrien Rouchaleou
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Par souci de transparence, je ne vais pas me faire des amis ici peut-être, mais je veux exprimer un sentiment. Je suis choquée que les sources de cet article ne soient pas citées. Et quand je dis « source », j’entends « auteur ». En effet on peut lire en préambule « écrits (pas sûre qu’il faille un « s ») par Moissac au coeur. Or il s’agit d’un article publié dans l’huma le 27 janvier.
Moissac au coeur a le mérite de diffuser auprès d’un public plus large cet article. Moi même je n’en aurais pas eu connaissance si je n’avais pas eu accès à ce site. Pour autant il conviendrait de rendre à l’huma ce qui est à l’huma… par souci de transparence.
Les noms des journalistes sont cités et pour celles et ceux qui suivent régulièrement MAC, il ne fait pas de doute qu’il s’agisse de l’Humanité… tout autre journal est cité nommément: regards, Marianne, la DDM, Le Petit Journal, Fakir, Les Nouvelles du 82 ou de sites connus….. etc… La mention « écrit par Moissac au Cœur » est une mention générée automatiquement par le suite dés la parution d’un article sans que les auteurs ne puissent intervenir! MAC est et reste un « passeur » d’idées, de propositions pour alimenter le débat politique local et national mais aussi un site ou 1 article sur 4 environ est le produit de la rédaction. Les contributeurs se faisant rares, c’est avec plaisir que MAC accueillera de futures plumes dans le cadre de son éthique et de sa ligne éditoriale.