Amazon, les syndicats saisissent I'Inspection du travail pour « plan de départs volontaires déguisé »

Photo John Macdougall – AFP

Le géant de la vente en ligne offre jusqu’à 8 000 euros de primes aux salariés en CDI contre démission. Une « aide à la réalisation de projets personnels » pour la direction, un « plan de départs volontaires déguisé et sans concertation » pour les syndicats qui contre-attaquent en saisissant l’inspection du travail.

C’est une tradition qui passe mal. Depuis deux ans, Amazon propose à ses salariés en CDI de démissionner en contrepartie d’une « prime » comprise, en fonction de l’ancienneté, entre 2 000 et 8 000 euros. Cette grande braderie annuelle de l’emploi, connue en interne sous le nom de « the offer » s’étale, comme les soldes, sur une période donnée, cette année  du 23 janvier au 5 février.
Si la direction fait promotion de son initiative par un discours bien rodé sur l’aide à la réalisation d’ « un projet personnel », pour les syndicats, il s’agit bel et bien d’un « plan de départs volontaires déguisé ». Ainsi lundi, CGT, SUD, CFDT et CAT, ont voté la saisine de l’inspection du travail sur ce point (la CFE-CGC s’est abstenue). « Cette mesure n’a été discutée dans aucune des instances représentatives du personnel, ni même annoncée en CE » déplore Alain Jeault, délégué syndical central CGT chez Amazon. « Nous avons donc décidé de saisir l’inspection du travail à qui on demande d’intervenir auprès de la direction pour faire respecter les procédures légales en cas de plan de départs volontaires » poursuit le syndicaliste.
D’autant que nul ne sait si les postes ainsi libérés seront à nouveau pourvus en CDI. « Lorsque nous posons la question à la direction, elle reste extrêmement floue sur ce point » raconte Alain Jeault. Et les syndicats de dénoncer « une manœuvre permettant d’embaucher à moindre coût des intérimaires, précaires, à la place des CDI ». Or à l’échelle du groupe le nombre d’emplois précaires crève déjà les plafonds. Pour 4 000 salariés en CDI, les syndicats estiment à 3 000 le nombre régulier d’intérimaires et jusqu’à 6 500 lors des périodes de forte activité, comme à Noël. Une situation qui risque de s’aggraver avec « l’offre » annuelle de départs volontaires.  Le tout, dans un contexte de pressions quotidiennes sur les salariés dont « beaucoup ne tiennent pas longtemps à cause des cadences » note Arnaud Chemain de la CGT Commerce.
En tout, « 11 salariés en 2015 et 12 en 2016 » auraient quitté l’entreprise à la faveur de cette mesure avance la direction estimant qu’ « un tiers d’entre eux avaient trouvé un travail ailleurs, qu’un autre tiers l’a fait pour des raisons personnelles » et sans toutefois préciser le sort du dernier tiers des salariés concernés. Si les chiffres des départs volontaires peuvent paraître dérisoires, pour Alain Jeault, « leur nombre risque d’augmenter car la prime maximale est passée de 5 000 euros l’an passé à 8 000 euros aujourd’hui, encore une fois sans aucune consultation des syndicats ».
Auprès des salariés qui se laisseraient tenter, les syndicats répondent donc par la pédagogie. « Il faut leur dire qu’ils n’ont aucun droit au chômage en cas de démission et qu’ils risquent très vite de se retrouver sans rien s’ils ne retrouvent pas rapidement un emploi » note le syndicaliste.
Les lettres recommandées adressées par les syndicats d’Amazon devraient quant à elles,  parvenir à l’inspection du travail dans les prochaines heures.

Marion d’Allard


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