Alors qu’EDF présentera ses comptes 2016 le 14 février prochain, un rapport de la mission parlementaire d’information sur la faisabilité technique et financière du démantèlement des installations nucléaires pointe la sous-évaluation des coûts faîte par l’énergéticien.
Afin d’appuyer ces dires, le rapport met avant quelques exemples précis et notamment le coût du démantèlement du site nucléaire de Brennilis, qui a été multipliés par vingt – 482 millions d’euros, selon la Cour des comptes -, mais aussi le cas de Superphénix, dont la déconstruction coûtera au moins 2 milliards. « D’autres pays se sont engagés dans le démantèlement de leurs centrales et les retours que nous en avons contredisent assez régulièrement l’optimisme dont fait preuve EDF, tant sur les aspects financiers que sur les aspects techniques. Les exploitants européens provisionnent généralement entre 900 millions et 1,3 milliard d’euros par réacteur à démanteler quand EDF ne provisionne que 350 millions environ par tranche.»
La filière nucléaire n’avait pas anticipé le démantèlement
Toujours selon ce rapport, EDF estimait, fin 2015, à 75 milliards d’euros les charges brutes pour le démantèlement de l’ensemble de son parc de 58 réacteurs à eau pressurisé, auxquels s’ajoutent neuf installations en cours de démantèlement. Sur ce montant, 36 milliards ont à ce stade été provisionnés, couverts à hauteur de 23 milliards par un portefeuille d’actifs dédiés. De son côté, EDF explique que ces montants prennent en compte l’ensemble de ses provisions nucléaires, y compris les charges liées à l’exploitation des centrales, comme la gestion des combustibles usés. Le groupe évalue plutôt à 60 milliards d’euros environ les coûts de déconstruction, des derniers coeurs et de gestion à long terme des déchets radioactifs, a précisé un porte-parole d’EDF. Sur ce montant, 22,2 milliards d’euros avaient été provisionnés à fin juin 2016 pour une valeur d’actifs dédiés de 23,3 milliards. « Pas suffisant », selon la rapporteuse et députée PS du Doubs Barbara Romagnan, pour qui il apparaît que la filière nucléaire n’avait pas anticipé le démantèlement.
Pour répondre à toutes ces interrogations, l’électricien insiste enfin sur le fait qu’un audit commandé par le ministère de l’Energie « conforte globalement l’estimation faite par EDF. » Quoi qu’il en soit le débat est ouvert et la mission parlementaire insiste grandement sur la nécessité de rediscuter rapidement et sérieusement la stratégie globale de démantèlement.
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