Le 1er débat TV de la présidentielle entre cinq candidats sur les 11 sur la ligne de départ marque surtout le début des débats de fond, et des premières clarifications entre candidats.
C’était sans doute pour beaucoup de Français le vrai début d’une campagne plombée par les affaires Fillon et Le Pen. Le premier des trois débats TV prévus avant le 1er tour de la présidentielle a opposé lundi soir sur TF1 cinq candidats, sur les 11 en lice -certains ont regretté cette absence, avant de vite entrer dans le vif du sujet.
Si les candidats ont pu dérouler leurs principales propositions, plusieurs passe d’armes ont permis de livrer de vrais débats, quoique rapides.
La laïcité a ainsi tendu les échanges télévisés entre Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, qui a accusé la candidate FN de « tomber dans un piège » tandis que le candidat de la France insoumise lui a reproché de vouloir instaurer « une police du vêtement », en clair contre les musulmans.
Alors que Marine Le Pen expliquait vouloir inscrire dans la constitution qu’elle « ne reconnaît pas les communautarismes », Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon -défenseur de « la loi de 1905, toute la loi de 1905, rien que la loi de 1905 »-, lui ont lancé: « Et le concordat ? ». « Ah oui, la laïcité comme ça vous arrange, on garde le concordat! », ont-ils ajouté en référence à l’Alsace-Moselle. « Non, non, je ne le remets pas en cause », a admis la présidente du FN. Laquelle pour s’en sortir s’en est pris à Emmanuel Macron : « vous ne voulez pas voir la réalité de la gravité de ce qui se passe dans notre pays, mais il n’en demeure pas moins qu’il y a quelques années, il n’y avait pas de burkini sur les plages, je sais que vous êtes pour M. Macron, mais il y en avait pas »
« Non, s’il vous plaît, Mme Le Pen vous serez gentille, je ne vous fais pas parler, je n’ai pas besoin d’un ventriloque, l’a coupé le candidat d’En Marche et ancien ministre de l’Economie, agacé. Le burkini, « je l’ai dit très clairement (…) ça n’a rien à voir avec la laïcité, ce n’est pas cultuel, c’est un sujet d’ordre public », a rétorqué Emmanuel Macron.
Affaires
Alors que parmi les candidats à la présidentielle, sont concernés par les affaires judiciaires, François Fillon et Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon a appelé lundi soir les électeurs à « récompenser les vertueux et de châtier ceux qui leur paraissent ne pas l’être »». « Quand vous dites que le débat a été pollué par les affaires de certains d’entre nous – pardon, pas moi! », a-t-il déclaré sur le plateau du débat télévisé, répétant ses propositions sur la transparence: « Quiconque est condamné une seule fois est inéligible à vie », interdiction d’exercer un « métier de conseil et de recevoir de l’argent quand on est parlementaire d’une quelconque industrie quelle qu’en soit la forme » ou encore « d’embaucher les membres de sa famille ». Benoît Hamon fit de même un peu plus tard en visant lui aussi Fillon : « vous êtes très fort en soustraction, moins en addition quand il s’agit de votre propre argent ».
Financement de campagne
Le candidat PS Benoît Hamon a attaqué lundi soir son rival d’En Marche! Emmanuel Macron sur ses financements de campagne, dans une passe d’armes entre les deux hommes. Quand Hamon a demandé des « engagements clairs », insistant sur la « clarté avec laquelle nous montrerons que nous n’avons pas de dons de personnes qui appartiennent à des grands groupes et qui pourraient demain nous ligoter », Emmanuel Macron s’est senti naturellement visé. « Je pense que c’est pour moi donc je me permets d’intervenir (…) « J’ai lancé un mouvement politique qui renouvelle vraiment la vie politique » et davantage dépendant des dons faute de subventions, a-t-il fait valoir.
Des dons allant de « 1 à 7.500 euros », comme le « prévoit la loi », avec « 32.000 personnes qui ont donné » et un « don moyen » de « 50 euros », a poursuivi Emmanuel Macron, prenant «l’engagement de n’être tenu par personne (…) Je suis libre (…) le financement est transparent », a-t-il assuré. Voire, car les sommes suggérées lundi soir, 1,6 million d’euros, ne correspondant pas aux huit millions revendiqués par le mouvement désormais, même en incluant un pret de trois millions d’euros. Alors que les journalistes tentaient d’interrompre l’échange qui tournait au duel dans ce débat, Jean-Luc Mélenchon a lancé un très ironique « il faut bien qu’il y ait un débat au PS », déclenchant l’un des rares moment de rire de ce long débat débordant des trois heures prévues.
Immigration
Floue sur l’écologie, vague sur l’économie, Marine Le Pen s’est trouvée plus à l’aise sur l’immigration, thème inscrit au débat mais pas majoritaire dans l’électorat. La présidente du FN a redit que « le meilleur moyen de lancer le signal, un signal honnête, +nous ne pouvons plus vous accueillir+, c’est de couper toutes les pompes aspirantes de l’immigration, l’aide médicale d’Etat, l’accession au logement ». « Vous croyez que les gens discutent de ça avant de partir? », l’a interrompue Jean-Luc Mélenchon. « Evidemment que oui: on les comprend qu’ils veuillent venir. Ils gagnent en France, parfois sans travailler, cinq fois ou dix fois plus que chez eux », a conclu la candidate d’extrême droite, qualifiée par Benoît Hamon de « droguée aux faits divers ». « Je me disais: que vous soyez une droguée aux pages faits divers c’est une chose, mais vous êtes candidate à la présidence de la République. Et je trouve que ce n’est pas très sérieux », a-t-il lancé.
Au final, il fut revenir aux introductions des candidats pour distinguer leurs projets sur le fond. « Quel peuple voulons nous être ? Quelle République voulons-nous ? a interrogé Benoît Hamon. « Ce qui est important c’est de se grandir soi-même », a lancé au cours du débat Jean-Luc Mélenchon. « J’aime bien la Ve République, je trouve qu’elle fonctionne » a de son côté lancé Marine Le Pen, seule à défendre une Constitution toilettée à la marge. François Fillon défendit, seul lui aussi, la fin des 35 heures. Enfin Emmanuel Macron montra au moins à cinq reprises son « accord » avec François Fillon sur les questions économiques. Un début de clarification.
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