Hamon-Hollande, qui est l’héritier de l’autre ?

Photo François Guillot / Patrick Kovarik / AFP

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Au petit jeu des différences de programme, qui fait mieux : Hollande en 2012, ou Hamon en 2017 ?
En 2012, la finance n’avait « pas de visage, pas de parti », tout en gouvernant, tonnait Hollande au Bourget. Cinq ans plus tard,  le candidat Benoît Hamon avance qu’au contraire, cet adversaire, « le parti de l’argent »,  « a trop de candidats dans cette élection. Ce parti de l’argent a plusieurs noms, plusieurs visages». Pour autant, Hamon va-t-il plus loin que Hollande en 2012 ? En 2011, Hollande promettait en conséquence de supprimer les stock-options et d’encadrer les bonus des dirigeants d’entreprise.  Hamon veut mettre en œuvre cette promesse, mais se montre moins audacieux  sur le sujet de la rémunération des grands patrons. Oublié, le plafonnement à vingt fois le salaire le plus bas, mais interdiction des «rémunérations dépourvues de lien avec l’amélioration des résultats ».
En juin 2016 dans  La Tribune, Benoit  Hamon écrivait alors, prenant l’exemple des disparitions brutales de  Steve Jobs (Apple), Edouard Michelin ou Christophe De Margerie (Total), qu’elles n’avaient eu « qu’un impact insignifiant sur la valeur de l’entreprise qu’ils dirigeaient ».
Sur plusieurs plans, oui le candidat socialiste reprend à son compte de nombreuses promesses faites par François Hollande pendant sa campagne. Et non abouties depuis. Il promet ainsi l’expérimentation du récépissé de contrôle d’identité, allant plus loin que Hollande qui promettait en 2011 une circulaire contre les délits de faciès lors des contrôles, avant d’enterrer l’idée et lui préférer des caméras sur la poitrine de policiers. Hamon veut aussi relancer la police de proximité, supprimée en 2003 par Nicolas Sarkozy comme ministre de l’Intérieur. Hamon veut réhabiliter cette police qui « aurait pu éviter une affaire Théo ». Hollande promettait le retour de « la police dans les quartiers » et de « la gendarmerie dans les territoires ruraux».
Sur la sortie du nucléaire et le mix énergétique, Hamon entend, accord avec les écologistes oblige, dépasser les objectifs de François Hollande, 50% d’énergie renouvelable à l’horizon 2025, quand le président se faisait élire sur le chiffre de 32% en 2030.
Parfois, le candidat Hamon va plus loin, comme dans le renforcement de la loi SRU. François Hollande a multiplié par cinq les amendes infligées aux communes qui ne respectent pas le quota de 25% de logements sociaux, sanctions que Hamon veut «renforcer». « Je mobiliserai des moyens supplémentaires pour aller vers la construction de 150 000 logements sociaux par an, dont 130 000 logements très sociaux. Jusqu’en 2022, nous construirons 60 000 logements sociaux pour les jeunes et les étudiants, et adapterons 150 000 logements pour le vieillissement », écrit le candidat dans la dernière mouture de son projet. Enfin, « j’augmenterai, écrit-il, les aides à la pierre par des crédits de l’État et une contribution prélevée sur les transactions et les logements haut de gamme ».
En revanche, pas d’«emplois d’avenir » chez Hamon. Au vu du bilan de Hollande, si les 150 000 sont au rendez-vous, seuls 43% d’entre eux ont été assortis d’une formation, le candidat socialiste mise sur son revenu universel pour placer la jeunesse au cœur de son projet. En 2012, Hollande promettait une « garantie jeunes », qui après négociation avec les organisations étudiantes, devait devenir « un droit universel » pour 900 000 bénéficiaires. A l’arrivée, l’Etat n’en attend que 200 000 bénéficiaires, au point que l’Unef dénonce « un enfumage ».
Les deux projets pourtant ne se recoupent guère, près de 40 % des 126 propositions du candidat d’En marche ! sont proches de celles du candidat Hollande en 2012, tandis que moins de 20 % se rapprochent de celles d’Hamon et de Fillon, a récemment calculé Le Monde.
Si en 2012, le candidat Hollande évoquait dans l’introduction à ses 60 engagements le « redressement » dans la justice, prévenant d’efforts à accomplir, en 2017, Hamon n’évoque pas la dette dans ses deux pages introductives mais veut au contraire «casser la machine à désespérer», jugeant « à portée de main, à portée de vote », « un futur désirable, où le travail n’est pas facteur de souffrance mais d’émancipation, où notre modèle de production intègre réellement l’exigence écologique, où la démocratie retrouve le souffle qu’elle a perdu ». Hamon retrouve les accents des fondamentaux socialistes dont son prédécesseur s’était clairement émancipé, puis en renonçant à « ré-enchanter le rêve français ».

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