Le racisme mal maquillé du Blackface

Par Naomi Katoka, 19 ans, Boissy-Saint-Léger (94)

Aux Etats-Unis dans les années 1960 les blancs se grimaient le visage en noir pour se moquer des noirs, en les caricaturant. Cette pratique, consciente ou non, a toujours cours  dans de nombreux pays dont la France. 

S’il y a bien une chose qui me hérisse, c’est la résurgence, notamment sur les réseaux sociaux, du Blackface. cette pratique ne devrait pas être banalisée car son histoire est lourde de préjugés racistes et de discriminations.. Pas au XXIe siècle !
Souvenez-vous de la chanson « Jump Jim Crow »,  écrite en 1828 par Thomas Dartmouth, un émigrant anglais aux États-Unis, le premier à se produire en public en se noircissant le visage et les mains. Les tristement célèbres lois racistes du Sud des Etats Unis furent d’ailleurs surnommée « lois Jim Crow » (1). A l’époque, les blancs se grimaient le visage en noir pour jouer à la place des noirs leurs rôles au cinéma ou dans les théâtres. Bien que née aux Etats-Unis, on retrouve cette pratique en France au début du XXe siècle dans des spectacles tels que « Malikoko, roi nègre » ou encore « Impressions d’Afrique ».
Toujours en France, pendant le carnaval de Dunkerque, perdure depuis 50 ans la fameuse « Nuit des Noirs ». Au cours de cette manifestation, les blancs se maquillent en noirs qu’ils représentent comme des « sauvages ». Inacceptable pour la population noire. Se « déguiser » en Noir est un fait raciste, comme le montre l’histoire. Qu’on le veuille ou non, être noir n’est pas un déguisement. Il parait d’ailleurs inconcevable que ces pratiques perdurent encore au XXIe siècle ! Ceux qui le font encore ou en rient sont au mieux des incultes mais ils risquent de banaliser le racisme. D’aucun accusent ceux qui dénonce le Blackface de chercher à se «victimiser ».
Hélas, il ne s’agit pas d’une posture car les acteurs noirs sont effectivement discriminés dans le sens où ils restent très minoritaires à l’écran. Rares sont ceux qui obtiennent un rôle principal au cinéma, et qui font une réelle carrière cinématographique.
J’admire Peter Brook, ce metteur en scène et réalisateur britannique qui engage un acteur ou une actrice pour son talent, sa capacité à incarner n’importe quel personnage, sans tenir aucun compte de sa couleur de peau. Je suis persuadée que « mixer les rôles » nous aiderait à sortir des insupportables assignations catégorielles. Je rêve d’un monde où ce ne serait pas la couleur de peau qui déterminerait notre avenir.

(1) Les lois Jim Crow (Jim Crow Laws) sont une série d’arrêtés et de règlements promulgués généralement dans les municipalités ou les États du Sud des États-Unis entre 1876 et 1964. Ces lois, qui constituaient l’un des éléments majeurs de la ségrégation raciale aux États-Unis, distinguaient les citoyens selon leur appartenance raciale et, tout en admettant leur égalité de droit, elles imposèrent une ségrégation de droit dans tous les lieux et services publics.Les plus importantes introduisaient la ségrégation dans les écoles et dans la plupart des services publics, y compris les trains et les bus.

La ségrégation scolaire a été déclarée inconstitutionnelle par la cour suprême des États-Unis en 1954 (arrêt Brown v. Board of Education). Les autres Lois Jim Crow ont été abolies par le Civil Rights Act de 1964.


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