Répression antisyndicale. Ils comparaissaient en correctionnelle hier pour des faits remontant à 2012, au Salon de l’automobile de Paris.
C’est en petit comité que les syndicalistes ont bravé le froid hier matin devant les grilles dorées du palais de justice de Paris, pour soutenir leurs camarades. Trois militants CGT de l’usine Ford de Blanquefort, dont l’ex-candidat à la présidentielle (NPA) Philippe Poutou, étaient convoqués à 9 heures pour des dégradations en réunion, commises en 2012 au Salon de l’automobile de Paris. Les salariés avaient « redécoré » le stand Ford avec des autocollants et des confettis pour défendre leurs emplois menacés. Une audace qui leur a valu une plainte de la marque, qui considère son image « abîmée » et réclame un euro symbolique de dédommagement. Pour les syndicalistes présents, la simple convocation est déjà inadmissible. « On n’a rien à faire là ! » s’indigne Vincent, salarié chez Ford depuis dix-sept ans. Avec ses collègues de l’usine, il a pris le train de 5 h 46 depuis Bordeaux pour se présenter au tribunal. « Une journée de travail perdue », résume-t-il, amer. Laurent, lui aussi assigné à comparaître, dénonce une injustice profonde. « C’est notre employeur qui devrait être condamné, assène-t-il. C’est Ford qui saccage nos emplois. » Philippe Poutou a, quant à lui, gardé son sens de l’humour. « J’ai mes convocations au tribunal ; je rentre dans la catégorie des Grands maintenant, a-t-il plaisanté. Manque plus que l’immunité ! » L’ancien candidat à la présidentielle a souligné des accusations disproportionnées. « Quand on regarde la manif qu’on a faite et les conséquences derrière, on voit bien dans quel état est la liberté d’expression. » Au terme de l’audience, la procureure a proposé de rétrograder le délit en contravention, mais les salariés espèrent que le procès débouchera sur un non-lieu. « On n’a quand même pas envie d’avoir un palmarès à la con », a reconnu Philippe Poutou. Le verdict est attendu pour le 29 janvier prochain.