Contre-feux. Migrants, étudiants, chômeurs… la société du tri

Quel que soit le sujet, le gouvernement adore recourir à la « sélection » pour résoudre les problèmes. Et ce n’est pas un hasard.

Emmanuel Macron a trouvé LA solution à tous ses problèmes. Elle porte le doux nom de « sélection ». Un mantra que le chef de l’État décline au gré des dossiers contrariants, où il n’aime rien tant que de tracer des lignes de partage entre les humains. Le chômage ? Il faut trier les fraudeurs et les autres. Les migrants ? D’accord pour offrir asile à ceux qui fuient les guerres et brimades politiques. Mais gardons portes closes à ceux qui ont l’idée saugrenue de vouloir échapper à la misère économique de leur pays. La même logique de bon grain et d’ivraie préside à la réforme de l’enseignement supérieur. Masqué derrière des « attendus », « prérequis » et autres contorsions de langage, un système clair de sélection est mis en place, cette fois, à l’entrée des universités. La liberté pour chaque futur bachelier de tenter sa chance dans la filière de son choix est désormais étouffée. On ne choisit plus, on est choisi dans le grand bain de la concurrence de chacun contre tous. L’argumentation gouvernementale martèle que cette sélection assurera une meilleure adéquation des élèves avec la filière et ainsi une meilleure réussite. C’est faux. Toutes les études montrent que la sélection généralisée, outre qu’elle exonère le gouvernement de créer de nouvelles places, accentue la différentiation des parcours et accroît la reproduction sociale. Emmanuel Macron le niera face aux caméras. Mais, au fond, cette logique lui sied tant elle est cohérente avec sa philosophie ruisselante, dont la préoccupation fondamentale – et revendiquée – est de conforter les « premiers de cordée ». Une élite destinée à diriger, tandis que les moins gradés se contenteront d’une formation étalonnée sur les attentes des entreprises.

Ne nous y trompons pas : derrière la société de tri, des embryons aux étudiants, se dessine ce vieux mythe de l’homme tout-puissant rêvant de contrôler la destiné des autres. Les Romains l’appelaient le Jupiter omnipotens…

Laurent Mouloud, Chef de la rubrique société

En savoir plus sur Moissac Au Coeur

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Donnez votre avis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.