Le difficile partage des richesses mondiales in Alter. Eco.

82 % des richesses produites en 2017 ont bénéficié aux 1 % les plus riches de la population mondiale. Tel est le constat du dernier rapport d’Oxfam – un réseau de 20 organisations de solidarité internationale – sur les inégalités, publié à la veille de l’ouverture du Forum économique mondial de Davos (en Suisse) qui réunit chaque année des responsables politiques et des dirigeants d’entreprise pour discuter des grands enjeux mondiaux.

Certes, la crise des inégalités est bien réelle. Au niveau mondial, entre 1980 et 2016, le 1 % du haut a capté deux fois plus de croissance que la moitié du bas. La méthodologie utilisée par Oxfam fait cependant débat. D’une part, parce qu’elle assimile la richesse au patrimoine net des ménages (c’est-à-dire leur patrimoine total, auquel sont retranchées leurs dettes). Selon cette approche, un individu très endetté – un étudiant américain par exemple – serait donc plus pauvre qu’un paysan d’Asie du Sud. Autre critique, formulée par l’économiste Alexandre Delaigue dès 2015 : définir des « riches » et des « pauvres » au niveau mondial s’avère extrêmement compliqué, tant les situations diffèrent d’un pays à l’autre.

Dans la lignée du premier rapport sur les inégalités mondiales 2018 publié en décembre – qui dresse une analyse originale et approfondie des inégalités par région – ces chiffres ont néanmoins le mérite d’attirer l’attention sur la concentration croissante des richesses dans le monde. A titre d’exemple, entre mars 2016 et mars 2017, le nombre de milliardaires a connu sa plus forte hausse jamais enregistrée. « En douze mois, la richesse des milliardaires a augmenté de 762 milliards de dollars, soit plus de 7 fois le montant nécessaire qui permettrait de mettre fin à la pauvreté extrême dans le monde », indique Oxfam.

Si le nombre de personnes vivant dans une situation d’extrême pauvreté (avec moins de 1,90 dollar par jour) a été divisé par deux entre 1990 et 2010, « 200 millions de personnes supplémentaires auraient pu sortir de la pauvreté si les inégalités n’avaient pas augmenté parallèlement sur la même période » nuance l’organisation.

Cette situation n’est cependant pas inexorable. Les auteurs du rapport fournissent d’ailleurs une série de recommandations à destination des Etats, des institutions internationales et des entreprises pour inverser la tendance et « créer un avenir commun dans un monde fracturé », comme le suggère le thème de l’édition 2018 du Forum de Davos.

L’organisation propose notamment une révision de l’Objectif de développement durable sur les inégalités (ODD #10), afin que les revenus totaux des 10 % les plus riches (contre 40 % actuellement) ne dépassent pas les revenus des 40 % les plus pauvres et préconise l’adoption d’un impôt mondial sur la fortune des milliardaires pour financer les ODD, adoptés en 2015 par les Nations-unies pour lutter contre la pauvreté et protéger la planète.

 


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