Lactalis Pourquoi il y aura encore d’autres scandales

Lactalis était déjà un fossoyeur des producteurs de lait. Voilà le premier groupe laitier responsable de l’intoxication de bébés. D’abord les autorités, puis les industriels se sont tus. Six semaines après le rappel de 15 000 tonnes de lait infantile, des boîtes se vendaient encore. Le gouvernement comme Lactalis, sommés de s’expliquer, n’ont pas joué la transparence. Une affaire qui révèle les défaillances, l’opacité et la défense d’intérêts privés.

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Pierre Laurent : «La bataille contre les réformes antisociales ne fait que commencer»

Entretien réalisé par Julia Hamlaoui
Photo : Julien Jaulin/hanslucas

Photo : Julien Jaulin/hanslucas

Pour Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, dont le parti est en année de congrès, « 2018 sera décisive » pour marquer des points face à Macron, avec une première étape lors des états généraux du progrès social, le 3 février.

Le gouvernement prépare de nouvelles réformes. Vous avez appelé à la riposte lors de vos vœux, comment y parvenir après le passage en force sur les ordonnances ?

Pierre Laurent Macron a choisi une méthode offensive, rapide et autoritaire, avec les ordonnances, ou encore en appliquant la loi avant la fin de son vote au Parlement, comme pour l’université. Mais la bataille contre ses réformes antisociales ne fait que commencer. Chez Pimkie, les syndicats ont empêché le recours à la rupture conventionnelle collective. Continuer la lecture de Pierre Laurent : «La bataille contre les réformes antisociales ne fait que commencer»

Acharnement judiciaire contre trois salariés de Ford

Philippe Poutou est l'un des trois salariés de Ford poursuivis pour dégradations en réunion, commises en 2012 au Salon de l’automobile de Paris. Photo : Reuters

Philippe Poutou est l’un des trois salariés de Ford poursuivis pour dégradations en réunion, commises en 2012 au Salon de l’automobile de Paris. Photo : Reuters

Répression antisyndicale.  Ils comparaissaient en correctionnelle hier pour des faits remontant à 2012, au Salon de l’automobile de Paris.

C’est en petit comité que les syndicalistes ont bravé le froid hier matin devant les grilles dorées du palais de justice de Paris, pour soutenir leurs camarades. Trois militants CGT de l’usine Ford de Blanquefort, dont l’ex-candidat à la présidentielle (NPA) Philippe Poutou, étaient convoqués à 9 heures pour des dégradations en réunion, commises en 2012 au Salon de l’automobile de Paris. Les salariés avaient « redécoré » le stand Ford avec des autocollants et des confettis pour défendre leurs emplois menacés. Une audace qui leur a valu une plainte de la marque, qui considère son image « abîmée » et réclame un euro symbolique de dédommagement. Pour les syndicalistes présents, la simple convocation est déjà inadmissible. « On n’a rien à faire là ! » s’indigne Vincent, salarié chez Ford depuis dix-sept ans. Avec ses collègues de l’usine, il a pris le train de 5 h 46 depuis Bordeaux pour se présenter au tribunal. « Une journée de travail perdue », résume-t-il, amer. Laurent, lui aussi assigné à comparaître, dénonce une injustice profonde. « C’est notre employeur qui devrait être condamné, assène-t-il. C’est Ford qui saccage nos emplois. » Philippe Poutou a, quant à lui, gardé son sens de l’humour. « J’ai mes convocations au tribunal ; je rentre dans la catégorie des Grands maintenant, a-t-il plaisanté. Manque plus que l’immunité ! » L’ancien candidat à la présidentielle a souligné des accusations disproportionnées. « Quand on regarde la manif qu’on a faite et les conséquences derrière, on voit bien dans quel état est la liberté d’expression. » Au terme de l’audience, la procureure a proposé de rétrograder le délit en contravention, mais les salariés espèrent que le procès débouchera sur un non-lieu. « On n’a quand même pas envie d’avoir un palmarès à la con », a reconnu Philippe Poutou. Le verdict est attendu pour le 29 janvier prochain.

Audrey Paillasse

La République de Weimar révélée par ses peintres

Otto Dix / Dame mit Schleier ündar Nerz, 1920

Comment réagissent les artistes dans un pays confronté à la montée de la violence et à la misère, après avoir affronté la guerre la plus terrifiante de son histoire ? En 190 œuvres et 62 artistes, la Schirn Kunst Halle de Francfort démontre la prodigieuse vitalité de l’art en Allemagne sous la République de Weimar, juste avant la nuit noire du nazisme.

A peine 15 ans séparent les deux tragédies les plus terribles de l’histoire de l’Allemagne: la guerre de 14-18 et l’arrivée au pouvoir des nazis. Cette période est entièrement occupée par l’une des séquences historique les plus violemment contrastées de tout le XXème siècle, à laquelle les historiens ont donné le nom de République de Weimar : une alternance ininterrompue de tensions sociales, politiques et économiques redoutables, accompagnées de tentatives révolutionnaires avortées, d’épisodes de guerre civile, dans un climat de révolte et d’humiliation, d’injustice et d’inégalités où l’espoir – pour emprunter l’expression de Maïakovski – est « un escargot rampant. » Sauf pour une poignée de profiteurs. Continuer la lecture de La République de Weimar révélée par ses peintres

Feu Paul Bocuse

Le « cuisinier du siècle » est mort, samedi 20 janvier, à l’âge de 91 ans. Il était l’un des précurseurs de la nouvelle cuisine et détenait trois étoiles au Guide Michelin depuis plus de 50 ans.

À 91 ans, Paul Bocuse est parti samedi matin rejoindre d’autres étoiles. Il en aura fait briller trois sans discontinuer depuis 1965 – il avait célébré ses 50 ans de 3 macarons en 2015 ! – dans son auberge du Pont de Collonges, à côté de Lyon.

Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a salué « le pape des gastronomes ». « Monsieur Paul, c’était la France. Simplicité et générosité. Excellence et art de vivre. […] Puissent nos chefs, à Lyon, comme aux quatre coins du monde, longtemps cultiver les fruits de sa passion », a-t-il écrit sur Twitter.

Celui qui avait été désigné Cuisinier du siècle par Gault et Millau et « Pape de la gastronomie » en 1989, puis « Chef du siècle » en 2011 par The Culinary Institute of America (en) et avait dirigé de nombreux restaurants à Lyon et dans le monde, dont le restaurant gastronomique L’Auberge du Pont de Collonges, à Collonges-au-Mont-d’Or et fondé les Bocuse d’Or en 1987, un des plus prestigieux concours de gastronomie au monde, est tombé dans la marmte dès tout petit :

Il etait issu d’une longue lignée de cuisiniers qui remonterait au xviie siècle

Fils unique de Georges Bocuse et Irma Roulier, il est issu d’une longue lignée de cuisiniers qui remonterait au xviie siècle. Son grand-père paternel est propriétaire du restaurant Bocuse, à Collonges-au-Mont-d’Or et ses grands-parents maternels tiennent l’Hôtel du Pont, situé à 400 mètres du précédent. En 1936, ses parents s’installent dans l’hôtel maternel qui devient L’Auberge du Pont. Passionné de pêche et de chasse, le jeune Paul Bocuse ne dérogera pas à la tradition familiale.

En 1944, âgé de 18 ans, il s’engage volontairement dans l’Armée française de la Libération du général de Gaulle. Il est incorporé dans la 1re division française libre (Bataillon de marche BM 24). Blessé en Alsace, il est soigné par les Américains. Et c’est à 20 ans qu’il embrasse la carrière de cuisinier en entrant en apprentissagechez Eugénie Brazier, dite la « mère Brazier », au col de la Luère, à Pollionnay.

Il travaille ensuite au Lucas Carton, un prestigieux restaurant de la place de la Madeleine dans le 8e arrondissement de Paris, avec le grand chef cuisinier Gaston Richard, où il se lie d’une solide amitié avec ses jeunes camarades de fourneau, Pierre et Jean Troisgros (les frères Troisgros). Il fait un passage aux cuisines des Fines Fourchettes de Charbonnières-les-Bains, chez l’ancien marin et restaurateur Claude Maret, de Charly, lequel deviendra plus tard président du Syndicat de la cuisine, depuis son établissement créé par Brillat-Savarin à Belley, dans l’Ain.
Dans les années 1950, les trois amis font équipe dans le prestigieux restaurant La Pyramide de Vienne, près de Lyon, chez les grands chefs Fernand Point et Paul Mercier. Il passe huit années chez Fernand Point, son père spirituel, mentor et un de ses modèles.

Descendance

En 1946, il épouse Raymonde Duvert dont il a une fille, Françoise, en 1947 (épouse du célèbre chocolatier-pâtissier lyonnais Jean-Jacques Bernachon, fils de Maurice Bernachon). Son fils, Jérôme, naît en 1969, avec sa deuxième compagne, Raymone, ancienne directrice de clinique. Il le reconnaît officiellement à l’âge de 18 ans. Jérôme devient à son tour cuisinier, et est à la tête des restaurants américains du groupe Bocuse. Il lui a donné un petit-fils, baptisé également Paul.

Hôpitaux en crise : les députés PCF accusent le gouvernement

Le groupe parlementaire communiste prévoit dans les prochains jours un tour de France des centres hospitaliers. Photo : Philippe Desmazes/AFP

Le groupe parlementaire communiste prévoit dans les prochains jours un tour de France des centres hospitaliers. Photo : Philippe Desmazes/AFP

A l’occasion de sa niche parlementaire, le groupe communiste à l’Assemblée nationale a mis en relief le mal-être hospitalier et l’inertie du gouvernement.

C’est un panorama accablant des établissements et du personnel de santé qui a été dressé, dans la nuit de mercredi à jeudi à l’Assemblée nationale, par les députés communistes. « Aux urgences du Kremlin Bicêtre pendant les fêtes, 20 lits ont accueilli 70 patients. (…) A Rouen, les ambulanciers du Smur (service mobile d’urgence et de réanimation – NDLR) sont en grève depuis plusieurs semaines pour dénoncer les conditions de prise en charge des patients. » L’énumération du député PCF de Seine-Maritime, Sébastien Jumel, continue. Il interpelle la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, sur la situation dramatique des urgences dans les hôpitaux français, « porte d’accès au soin de beaucoup de nos concitoyens qui manquent de moyens, et nous avons des propositions », assure-t-il.

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Lycée : Le Snes-FSU sur le sentier de la guerre

« Blitzkrieg ». Le mot est lâché par le Snes qui livre une analyse alarmante des réformes lancées par JM Blanquer. Le Snes réagit aussi vigoureusement sur la réforme de l’orientation. Alors que le ministre multiplie les petites phrases et va s’en prendre au noyau dur du pouvoir syndical, la procédure d’affectation, le ton est en train de monter…

La stratégie de la Blitzkrieg

« Le gouvernement a adopté la stratégie de la guerre éclair sur tous les fronts y compris dans le domaine éducatif », affirme le Snes dans un communiqué de 4 pages publié le 18 janvier. « Les réformes de l’enseignement secondaire et supérieur auxquelles il faut ajouter celles de la formation professionnelle, sont solidaires.

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Citoyenneté. L’incontrôlable droit de cité

Yves parraine deux jeunes Guinéens. « Nous les accompagnons dans leur quotidien en leur apportant un soutien matériel, affectif, une structure familiale, et nous les cacherons s’ils devaient être expulsés !». Photo : Olivier Coulange

Yves parraine deux jeunes Guinéens. « Nous les accompagnons dans leur quotidien en leur apportant un soutien matériel, affectif, une structure familiale, et nous les cacherons s’ils devaient être expulsés !». Photo : Olivier Coulange

À Orléans, Yves Bodard, travailleur social et militant infatigable, a créé des ateliers « éthiques » pour « déconstruire les mensonges ambiants ».

Son look d’éternel ado et ses reparties cinglantes tranchent avec un regard concerné qu’Yves Bodard, le révolté, promène de maraudes en déambulations dans les quartiers populaires d’Orléans, qu’il connaît mieux que quiconque. Son impératif ? Faire évoluer les mentalités.

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Hommage à Slimane Azem : «Sa parole est plus que jamais d'actualité» in DDM

Samedi, Bruno Azem organise une journée ouverte à tous pour rendre hommage à son oncle, poète kabyle inhumé à Moissac./ Photo DDM, Ch.L.
Samedi, Bruno Azem organise une journée ouverte à tous pour rendre hommage à son oncle, poète kabyle inhumé à Moissac./ Photo DDM, Ch.L.

Depuis quatre ans, Bruno Azem et les membres de l’association Les Amis de Slimane Azem proposent un rendez-vous à Moissac pour commémorer la disparition de son oncle «Da» Slimane, le poète éclairé et visionnaire kabyle, qui a vécu et s’est éteint à Moissac le 28 janvier 1983. Un rendez-vous qui a aujourd’hui une résonance nationale, voire internationale, et qui honore la cité uvale à travers son histoire multiculturelle. Ce samedi 20 janvier, c’est à une dense et belle journée que nous convie Bruno et son association, pour les 35 ans de la disparition du poète.

Peut-on dire que cet évènement en hommage à votre oncle s’est pérennisé ?

En effet, il s’agit de la quatrième journée que nous organisons à Moissac pour commémorer et fêter la mémoire de mon oncle Slimane Azem, si présent encore dans la mémoire de la communauté kabyle. Après la bibliothèque municipale, le Hall de Paris, l’hôtel le Chapon Fin l’année dernière, nous investissons cette année l’Espace Confluences. L’évènement, grâce notamment aux réseaux sociaux, prend de l’ampleur, et on attend des gens de la France entière.

Quel est le programme pour cette journée du samedi 20 janvier ?

Tout d’abord, nous nous retrouverons avant de rendre hommage à Slimane Azem sur sa tombe au cimetière municipal à 11 heures Puis ensuite, nous irons lui rendre un deuxième hommage au jardin qui porte son nom à Moissac, derrière l’abbatiale, à 12 heures. Nous irons ensuite, à partir de 13h30, à l’Espace Confluences où une exposition sur son œuvre sera à découvrir (l’entrée est gratuite), avec plus d’une dizaine d’artistes musiciens pour égayer l’après-midi. Zedek Mouloud, un musicien renommé, nous fera l’honneur d’être présent. En soirée, nous partagerons un grand couscous berbère, avec l’aide de l’association Zine Event (1).

Pensez-vous que la parole de «Da» Slimane est toujours d’actualité ?

Plus que jamais! Et le succès grandissant d’année en année de cette journée moissagaise en janvier en témoigne.

(1) Sur réservation en contactant le 06 58 67 43 35.

L'insolente croissance du Portugal inflige un camouflet au culte de l'austérité de Merkel et Bruxelles

La réussite du modèle portugais ne vient pas des politiques de l’offre mais au contraire des politiques de la demande. Bruxelles est dans l’embarras.

Gargolas via Getty Images
Dans une rue de Porto, au Portugal.

Longtemps le modèle de référence en Europe a été le modèle allemand. Bruxelles en a fait régulièrement l’apologie, notamment en raison de l’exceptionnel excédent budgétaire allemand, de la dynamique de sa dette, de ses réformes permettant une exceptionnelle compétitivité. Bruxelles s’est souvent appuyé sur ce modèle pour faire pression sur les Etats.

Historiquement, ce modèle repose sur les réformes hétéroclites de l’épopée du Chancelier Schröder pour dépasser la crise des années 1990 en Allemagne. Réformes de l’assurance maladie, célèbres lois Hartz, accords de compétitivité dans les entreprises ont propulsé l’Allemagne vers l’idéal de l’économie de l’offre. L’abaissement des charges des entreprises et la hausse de la TVA ont déplacé la pression fiscale. En parallèle à cela, c’est tout le poids de l’Etat qui a été nettement diminué. Ce modèle qui repose finalement sur les entreprises, on le trouve en Autriche, aux Pays-Bas mais aussi… en Italie du Nord. Ces politiques pro-entreprises ont connu leur apogée en Europe entre 2005 et 2011, date à laquelle, en particulier, la croissance allemande a été maximale. Continuer la lecture de L'insolente croissance du Portugal inflige un camouflet au culte de l'austérité de Merkel et Bruxelles