Mathilde Basset. «Ce n’est pas ça mon métier, madame Buzyn»

Entretien réalisé par Stéphane Guérard avec Audrey Paillasse
Mathilde Basset participera à la journée de grève nationale intersyndicale le 30 janvier. Elle manifestera à Valence (Drôme).

Mathilde Basset participera à la journée de grève nationale intersyndicale le 30 janvier. Elle manifestera à Valence (Drôme).

Hôpital. Une infirmière a posté sur Facebook un témoignage sur ses conditions de travail déplorables. Une « bouteille à la mer » qui crée des remous sur les réseaux.

Le post de Mathilde Basset commence ainsi : « Je suis infirmière depuis un an et demi. Je travaille depuis trois mois au centre hospitalier du Cheylard, en Ardèche. Enfin, je travaillais, car mon dernier contrat de trois semaines se termine le 4 janvier prochain, et c’est avec dégoût et la boule au ventre que je quitte ce radeau de la Méduse. » L’infirmière de 24 ans évoque les suites de son message à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

Vous dénoncez le manque de moyens à l’hôpital dans lequel vous travailliez. Vous attendiez-vous à autant d’écho ? Continuer la lecture de Mathilde Basset. «Ce n’est pas ça mon métier, madame Buzyn»

Déluge de condamnations après les propos "racistes" de Trump

Photo AFP

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Les ambassadeurs de 54 pays africains à l’ONU ont exigé vendredi, dans un communiqué au langage très fort, « rétractations » et « excuses » au président américain Donald Trump après ses propos rapportés la veille sur l’immigration en provenance de « pays de merde ».

« Racistes », « abjects » et « blessants », les propos de Donald Trump sur l’immigration en provenance de « pays de merde » ont provoqué un torrent d’indignation à travers le monde qui ne tarissait pas dans la nuit de vendredi à samedi, l’Afrique entière réclamant des excuses. D’une même voix, dans un langage d’une rare dureté, les 54 ambassadeurs du groupe africain à l’ONU ont exigé une « rétractation » au président américain, condamnant des « remarques scandaleuses, racistes et xénophobes ». Ils se sont dit préoccupés par la tendance « grandissante » de l’administration Trump « à dénigrer le continent, et les gens de couleur ». Continuer la lecture de Déluge de condamnations après les propos "racistes" de Trump

Scandale Lactalis : « Il est temps que la légalité républicaine reprenne le dessus sur la puissance de l’argent » (Sébastien Jumel)

Député communiste de Seine-Maritime, porte-parole du groupe GDR, Sébastien Jumel demande une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur l’affaire Lactalis, ses possibles conséquences en matière de santé et les défaillances du contrôle de l’Etat. Un scandale qui survient à l’issue des états généraux de l’alimentation.

Le scandale du lait contaminé à la salmonelle de l’usine Lactalis révèle des failles incroyables dans les procédures de sécurité alimentaire.

Il met en lumière l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat et de ses moyens, l’Etat qui n’apparaît plus en capacité d’imposer le respect de la loi à des intérêts privés très puissants dans le secteur de l’agroalimentaire qui n’hésitent pas à s’affranchir de leurs obligations au risque même de mettre en péril la sécurité des consommateurs, des intérêts qui bravent les interdits, préférant payer des amendes pour leurs infractions que de respecter les règles de transparence les plus élémentaires.

C’est inacceptable et nous allons demander la constitution d’une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur les agissements de l’entreprise de transformation au centre de cette affaire et leurs conséquences possibles sur la santé de nos concitoyens, sur les défaillances de la chaîne de contrôle, sur l’incapacité du gouvernement à imposer l’ordre républicain face à des intérêts privés puissants.

Cette affaire survient à l’issue des états généraux de l’alimentation. Elle jette un doute sur l’efficacité réelle des mesures envisagées à l’issue de cette consultation. Des mesures qui devront se traduire dans la loi avec pour objectifs d’imposer aux entreprises de transformation alimentaire, dont Lactalis, et au secteur de la distribution une inversion dans la construction des prix afin d’assurer aux producteurs-agriculteurs-éleveurs des prix rémunérateurs. Des mesures qui devront assurer la traçabilité sur la qualité des produits vendus dans le commerce, au bénéfice des consommateurs.

Comment l’Etat, aujourd’hui l’arme au pied contre un groupe privé dans une affaire grave de sécurité alimentaire, fera-t-il demain pour imposer à ce dernier et aux autres entreprises du secteur des règles en matière de prix agricoles ?

Depuis de nombreuses années, les producteurs agricoles mobilisés pour défendre leur métier dénoncent l’arrogance, la loi du plus fort que font régner des groupes comme Lactalis mais aussi Bigard. Ce dernier a récemment refusé de se soumettre à une obligation de présence devant la représentation nationale dans le cadre des travaux parlementaires.

Il est temps que la légalité républicaine reprenne le dessus sur la puissance de l’argent. C’est le message de fond de cette affaire.

 

Apprendre aux filles à courber l’échine ? !

Action contre les violences faites aux femmes, le 24 novembre 2017, à Paris. Photo : Alain Jocard/AFP

Action contre les violences faites aux femmes, le 24 novembre 2017, à Paris. Photo : Alain Jocard/AFP

La tribune réactionnaire de cent femmes dans leur tour d’ivoire. Par Caroline Bréhat Psychopraticienne (1) et Thibaud Leclech Psychanalyste.

Étrange contrée que la France. Alors que le discours progressiste d’Oprah Winfrey à la remise des golden globes, diffusé par les médias mondiaux, est encensé pour son appui à la campagne « Me Too », « 100 femmes » françaises font publier, dans le Monde du 9 janvier 2018, une « tribune » réactionnaire, pour le droit « d’être importunées par des hommes », un droit perçu par elles comme « indispensable à la liberté sexuelle ».

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Médecine du travail, comment ça se passe depuis la réforme ?

CGT
Le suivi médical des salariés n’est plus systématiquement assuré par le médecin du travail, sauf pour décider avec l’employeur s’ils sont aptes ou pas. Mise à jour suite à l’application des ordonnances réformant le code du travail.

Depuis le 1er janvier 2017, voici comment ça se passe en matière de suivi médical des salariés (en CDI, CDD, Intérim, saisonniers etc.) par la médecine du travail :

la visite d’embauche par le médecin du travail est remplacée par une visite d’information et de prévention, sauf pour les postes-a-risques

Cette visite d’information et de prévention doit être réalisée dans un délai maximum de 3 mois à compter de l’embauche par un médecin du travail ou un médecin collaborateur ou un interne en médecine du travail ou un infirmier.

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Pourquoi l’hôpital public est-il « arrivé au bout d’un système » ?

Une question sociale et de santé publique.
Photo : Martin Bureau/AFP

Photo : Martin Bureau/AFP

Dans les services, la tension monte. Plus de 900 médecins et praticiens ont adressé une lettre ouverte à la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn.
Avec Dr Claire Gekiere Psychiatre, médecin hospitalier; Dr Christophe Prudhomme, Porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France, syndicaliste CGT; Nicole Smolski, Présidente du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi et Frédéric Valletoux, Président de la Fédération hospitalière de France. Continuer la lecture de Pourquoi l’hôpital public est-il « arrivé au bout d’un système » ?

Le Cévenol : la SNCF s’acharne contre un train vital + questionnaire usager

Marie Astier (Reporterre)

À une époque, elle était la principale liaison de chemin de fer reliant Paris à Marseille. Désormais, elle est un tronçon régional que les acteurs locaux tentent de sauver. La ligne des Cévennes est emblématique du combat pour la sauvegarde des lignes secondaires, abandonnées de la SNCF. Elles sont pourtant essentielles aux territoires reculés, et une solide alternative à la voiture.

  • Alès (Gard)-Langogne (Lozère), reportage

« Halte de Chamborigaud » : le lieu n’a plus droit à l’appellation de gare. Le panneau, récent, est accroché à un abri aménagé de quelques sièges, permettant au voyageur de s’abriter du froid venteux et piquant des montagnes cévenoles. Une petite dizaine de voitures stationnent sur le parking voisin. Sans cela, on pourrait se croire à un arrêt fantôme. Le bâtiment, qui a autrefois abrité un guichet et même un logement, est barricadé, soulignant la fermeture définitive.

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Christophe Ramaux «Le gouvernement est dans la diversion permanente, il détourne l’attention des vrais enjeux »

Christophe Ramaux Économiste atterré et maître de conférences

Christophe Ramaux Économiste atterré et maître de conférences
Le gouvernement préfère pointer les autres du doigt plutôt que de réfléchir à une politique macroéconomique efficace pour enrayer le chômage.

Emmanuel Macron promet une nouvelle baisse des charges pour les entreprises. Quel effet cette baisse va-t-elle avoir sur l’emploi ?

Christophe Ramaux. Ce n’est pas la bonne stratégie. Les études montrent que les allégements généraux sur les bas salaires améliorent peu la compétitivité, puisque cela bénéficie massivement à des entreprises qui ne sont pas exportatrices. On crée des effets d’aubaine, c’est-à-dire des sommes dont les entreprises n’ont pas besoin pour maintenir ou créer de l’emploi.

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Agressés et humiliés par certains élèves, les profs du lycée Gallieni de Toulouse sont en grève

 https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/sites/regions_france3/files/styles/top_big/public/assets/images/2018/01/09/lyceegallieni-3445789.jpg?itok=xey8fOPm

C’est littéralement un « appel au secours » qu’ont lancé, ce mardi matin, une soixantaine d’enseignants du lycée Joseph-Gallieni (sur 120), route d’Espagne à Toulouse. Devant l’entrée de l’établissement qui accueille plus de 1 000 élèves du CAP au bac professionnel et technologique, une large banderole réclame « un plan Marshall ».

Le malaise ne date pas d’hier, mais la coupe est pleine. Les cours ont été suspendus, ce lundi toute la journée, et remplacés par des ateliers pour que la parole s’exprime et atténue les maux d’un lycée qui est devenu un espace de non-droit. Les profs sont au bord de la crise de nerfs, certains pleurent en racontant leur quotidien fait d’incivilités et de violences.

Agressions, vols, bagarres, violences sexistes , trafic de drogues et élèves fichés S

Agressions verbales et physiques « qui se généralisent et se banalisent », « intrusion d’élèves extérieurs qui viennent semer le trouble et commettent des infractions », vols en classe, à l’internat, généralisation de bagarres violentes dans l’enceinte de l’établissement, violences sexistes subies par les filles, élèves et parents qui viennent la peur au ventre, souffrance des enseignants, trafic de stupéfiants, etc. La liste est longue et les moyens pour lutter plutôt aux abonnés absents, considèrent les équipes pédagogiques en colère.

« Des élèves partis pour tenter d’aller faire le jihad »

Le pot aux roses, c’est la découverte de lycéens fichés S. Cette fameuse fiche émise par la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) concerne des individus soupçonnés de visées terroristes ou d’atteinte à la sûreté de l’Etat, sans pour autant qu’ils aient commis de délit ou de crime. Elles peuvent ainsi être attribuées à de simples relations d’un terroriste connu.

« À une prérentrée, un collègue a demandé à la police de connaître les élèves qui ont un casier judiciaire et le policier lui a répondu qu’il ne préférait pas lui donner ces informations, pensant qu’on aurait peur de rentrer dans certaines classes, raconte Virginie, professeur de lettres et histoire. On a eu, une année, des élèves partis pour tenter d’aller faire le jihad. Quand ils sont revenus, le rectorat nous a répondu de faire appel à notre bon sens pour gérer le problème ».

« En cours avec le bracelet électronique »

« Dans les 1 000 élèves du lycée, on a des profils très particuliers, poursuit l’enseignante. Certains sont très volontaires, mais on a aussi une minorité qui relève de structures spécialisées, médicales, ou relatives à la justice : des élèves qui sortent de prison, qui viennent en cours avec le bracelet électronique, d’’autres qui ont un casier judiciaire assez fourni qu’on nous demande d’intégrer. On fait tout pour que la poudrière explose. »

Pour l’heure, Jacques Caillaut, directeur académique des services de l’Éducation nationale (Dasen), assure prendre le problème du lycée Gallieni à bras-le-corps. « Nous apportons déjà des réponses et pas seulement quand les gens se mettent en grève », indique l’inspecteur académique.