Dans la perspective d’une journée d’action commune avec les cheminots, le 22 mars, les agents publics leur tendent la main en réaffirmant leurs propres revendications.
A u moment où la tension sociale se cristallise autour du conflit en gestation entre cheminots et gouvernement, les fonctionnaires se rappellent au bon souvenir de ce dernier. Les agents de l’État, des collectivités territoriales et des hôpitaux étaient les premiers sur la ligne de départ pour faire du 22 mars une journée de grève et de manifestations. Ils ont été imités depuis par les cheminots, avec l’appel à se saisir de cette journée lancé par la CGT et repris par SUD rail et l’Unsa ferroviaire, avant la réunion de l’intersyndicale de la SNCF hier soir (lire page suivante).
Cette convergence, imprévue au départ, comme l’ont rappelé hier les représentants des organisations de fonctionnaires engagées dans la préparation du 22 mars (CGT, FSU, FO, CFE-CGC, CFTC, Solidaires, FA-FP), change évidemment la donne. « Nous n’avions pas construit le 22 mars dans l’idée d’un tous ensemble des services publics, relève Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU. Nous allons travailler à ce qu’on n’oppose pas les uns aux autres et à la convergence de nos cortèges, et à être clairs sur nos plateformes revendicatives. »
Convergence assumée avec les salariés du rail
« Face aux attaques insupportables contre le service public du chemin de fer, on assumera cette convergence », affirme à l’unisson Jean-Marc Canon, secrétaire général de la CGT fonctionnaires. Si elle est une bonne nouvelle pour construire et élargir le front commun face à des « attaques concomitantes qui vont toutes dans le même sens : moins de services publics et plus d’ouverture à la concurrence », poursuit la représentante de la FSU, cela exige de réussir l’articulation entre des mouvements de professions aux statuts et aux revendications spécifiques.
Celles des fonctionnaires portent sur le pouvoir d’achat avec la revalorisation du point d’indice, l’opposition au rétablissement du jour de carence et à la suppression de 120 000 postes, dans la suite de la mobilisation du 10 octobre, historique par l’engagement de tous les syndicats de la fonction publique. Le 22 mars, qui rassemble sept syndicats sur neuf (l’Unsa et la CFDT ont pour l’heure décidé de ne pas s’y joindre), appelle aussi à la grève contre les nouvelles « provocations du gouvernement » énumérées par Christian Grolier, secrétaire général des fonctionnaires FO : le recours massif aux contractuels à la place d’agents statutaires, la rémunération au mérite et le fameux « plan de départs volontaires » annoncé le 1er février.
Autant d’attaques qui visent, au travers du statut des fonctionnaires, « notre modèle social, et une vision de la République » qui « garantit à l’usager le même traitement et l’égalité du service rendu », argumente le chef de file de FO. Pour le délégué national de Solidaires fonction publique, Denis Turbet-Delof, cela montre que ce qui « est en cause va au-delà de la seule fonction publique : c’est un modèle de société que le gouvernement veut imposer et au cœur de celui-ci, il y a la remise en cause de la fonction publique et du service public ».
D’où l’idée, face aux « attaques convergentes du gouvernement », de modalités d’actions discutées entre fonctionnaires et cheminots pour « marquer deux choses : la lisibilité et la spécificité de chacune des actions, et en même temps le fait qu’elles ne sont pas séparables » du point de vue de « la conception du service public » qu’elles défendent, détaille le cégétiste Jean-Marc Canon. Dans le concret de l’organisation de la journée du 22 mars, cela pourrait par exemple se traduire en Île-de-France par l’organisation de « deux manifestations distinctes qui convergeront », explique le responsable du premier syndicat de la fonction publique.
Les fonctionnaires n’entendent pas lâcher en particulier sur l’ouverture de négociations avec l’État sur « les sujets portés par les syndicats et pas seulement ceux du gouvernement », insiste Bernadette Groison. Une pétition a été lancée hier pour appuyer les revendications de l’intersyndicale, à l’heure où le pouvoir a choisi « l’affrontement et la paralysie », selon Jean-Marc Canon, en refusant l’ouverture des discussions que doit permettre, comme le veut la loi, le préavis de grève.
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