Mois : février 2018
Castelsarrasin. Exercice de démocratie
Primaire : La rentrée 2019 menacée par l'effondrement des postes mis aux concours
Alors que le ministère annonce 3680 créations de postes à la rentrée 2018, le nombre de postes mis aux concours de recrutement de professeurs des écoles est en forte baisse. Il y avait eu 13 001 postes mis aux différents concours externes et internes en 2017. Il n’y en aura que 11 840 en 2018, soit 10% de moins. Ce recul annonce de grandes difficultés pour la rentrée 2019.
Epargner Paris aux dépens de l’ouest et du sud
Certaines académies gagnent des postes au concours externe : c’est le cas de Paris, où la population scolaire dans le premier degré recule, qui gagne 14 postes. Versailles gagne 230 postes et Mayotte 60.
Favoriser Paris aux dépens d’académies plus populaires a été une signature aussi des années 2010-2012, époque où JM Blanquer dirigeait la Dgesco.
Mais la plupart des académies voient baisser le nombre de postes mis aux concours externe 2018. A Montpellier il est carrément divisé par deux (210 postes au lieu de 435), tout comme à Toulouse (237 au lieu de 428) et Nantes (198 au lieu de 356). Forte baisse aussi à Lyon (652 au lieu de 816), Rennes (180 au lieu de 256), Rouen (267 en place de 350), Grenoble (398 au lieu de 470) et Aix Marseille (495 au lieu de 559).
Une rentrée 2019 sous tension
Comment concilier les ouvertures de postes en hausse avec ces places aux concours en net repli ? Les ouvertures de postes accueillent les stagiaires de 2017 issus des forts recrutements de cette année.
Ce qui se joue dans les postes mis aux concours 2018 ce sont les créations de postes de 2019. On peut déjà annoncer qu’en 2019 il y aura nettement moins de créations de postes alors même que le ministre devra trouver des enseignants pour les derniers dédoublements de CE1 en rep+.
Autrement dit, la pression sur les postes que vivent déjà les départements cette année va fortement s’accentuer en 2019. Pour cette rentrée , le ministre devra aller au delà des fermetures de classes rurales pour trouver le nombre d’enseignants nécessaires. Le scénario d’un recul de l’école maternelle, amorcé cette semaine à l’Assemblée nationale et dont la prochaine étape sera en mars la conférence sur la maternelle, se précise.
François Jarraud
Apprentissage : Les arbitrages gouvernementaux déjà contestés
Les régions pourront imposer des « journées des métiers » dans les établissements de la 4ème à la 1ère. Les branches professionnelles décideront seules d’une grande partie des diplômes professionnels. Le nouveau financement de l’apprentissage favorisera les grands branches professionnelles au détriment de l’aménagement du territoire. Edouard Philippe, avec JM Blanquer, M Pénicaud et F Vidal, a présenté le 9 février le plan gouvernemental de transformation de l’apprentissage. Au terme d’une « consultation riche, animée et franche », le gouvernement a considérablement fait avancer l’autorité des branches professionnelles dans l’enseignement professionnel. Pour faire décoller l’apprentissage le gouvernement a prévu des aides aux apprentis (500 € sur le permis de conduire) et aux entreprises (100 € en plus par mois par apprenti). Mais les régions soulignent les insuffisances du financement. Coté enseignants, le Snuep Fsu parle de « régression » sur le plan social et dans la formation des jeunes. Quoiqu’en dise le premier ministre la réforme de l’apprentissage ressemble à sa privatisation.
Une privatisation de la formation ?
« Que veut dire privatiser le dispositif alors que le financement est socialisé ? Alors que les régions disposent de capacités d’organiser une programmation des besoins ? » Edouard Philippe a vivement défendu le 9 février le nouveau plan gouvernemental en faveur de l’apprentissage présenté par Muriel Pénicaud. Mais il a aussi reconnu qu’il veut « donner au monde professionnel une place centrale dans le fonctionnement de l’apprentissage ». JM Blanquer est resté très prudent tout en reconnaissant que les régions « ont vocation à avoir la responsabilité de l’orientation », un sujet brulant pour les syndicats enseignants.
Des mesures pour les apprentis
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Paye au mérite, recrutement local : Le gouvernement va faire évoluer les statuts
C’est une révolution des statuts des fonctionnaires d’Etat, notamment des enseignants, que prépare le gouvernement. JM Blanquer a multiplié les allusions récemment sur le recrutement local. Edouard Philippe a annoncé le 1er février un programme qui va plus loin puisqu’il est question d’établir une rémunération au mérite et d’augmenter le nombre de contractuels.
« Simplifier » les représentations syndicales
» Ces mesures s’adressent en premier lieu aux agents publics, qui se verront proposer un nouveau contrat social pour accompagner l’évolution de leurs métiers et libérer leurs initiatives. Les usagers des services publics sont eux aussi concernés : ils auront accès à une information égale et transparente sur l’efficacité et la qualité des services publics, publiée régulièrement par les administrations concernées, et pourront s’exprimer, ce qui permettra aussi de valoriser les initiatives et résultats locaux ».
A l’occasion du Comité interministériel de la transformation publique réuni le 1er février, Édouard Philippe a présenté un véritable plan d’évolution des statuts des fonctionnaires d’État.
Dès ce mois ci il va lancer une concertation sur quatre chantiers.
Ecole et pauvreté : Deux ministres, zéro politique ?
In café pédagogique
Grand moment à l’Assemblée nationale le 7 février. Deux commissions, celle des affaires sociales et celle des affaires culturelles, sont réunies pour une journée entière de travail sur l’école et la pauvreté. Si les interventions des experts, le matin, ont été brillantes, le déplacement de deux ministres, JM Blanquer et A Buzyn, n’a donné lieu à aucune annonce si ce n’est des interrogations sur l’avenir de la scolarisation avant 3 ans et des Rased. Trois ans après la publication du rapport de JP Delahaye, l’effort pour faire réussir les enfants pauvres ne s’incarne que dans les dédoublements des CP et Ce1 de Rep+.
Trois experts
De la journée de débats sur l’école et la pauvreté, l’élément le plus intéressant est sans doute les 3 heures d’interventions des 3 experts invités par les commissions : JP Delahaye, MA Grard et V Decker.
« Notre élitisme n’est pas républicain mais social ». JP Delahaye, auteur d’un rapport très remarqué, n’a pas de mal à montrer que le système éducatif fonctionne au bénéfice des enfants favorisés. Il en donne des exemples marquants. Ainsi les bourses collège dont le montant maximum vient d’être augmenté pour atteindre royalement 450 euros par an. Ou encore le retour à la semaine de 4 jours qui risque de « réduire à néant » le bénéfice des CP dédoublés. Ou encore les dispositifs d’aide aux devoirs dont les crédits varient fortement et sont sans comparaison avec l’accompagnement éducatif des CPGE : 70 millions pour 85 000 élèves. « Une solidarité à l’envers » pour JP Delahaye.
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Idées. L’utopie au présent et en actes
Le 7 février 1478 naissait Thomas More, le père moderne de l’Utopie, critique politique et modèle de société idéale. Aujourd’hui, loin de tout modèle, elle appelle un combat de la démocratie pour disputer le pouvoir au capital.
L’Utopie de Thomas More avait une évidente dimension politique. Sa dénonciation de la condition des paysans britanniques garde toute sa force et pourrait s’appliquer encore à nombre de régions dans le monde. Pourtant, les procès faits à l’idée même d’utopie ne manquent pas. Ou bien elle est le fait de doux rêveurs installés sur la Lune ou sur leur lopin de terre bio, ou bien elle vire nécessairement au cauchemar totalitaire. Les deux, d’ailleurs, pouvant aller de pair. Les rêveurs, quand ils arrivent au pouvoir, ne peuvent que devenir des tyrans. C’est évidemment l’argumentaire opposé à l’idée communiste, malheureusement conforté par la faillite matérielle et idéologique de ce qui en a tenu lieu au XXe siècle. Mais, plus largement, la critique porte sur tout projet visant à transformer le monde ou à changer la vie, pour reprendre les termes respectifs de Marx et de Rimbaud. On a même vu se développer, au milieu des années 1970, quand se profilait l’ère ultralibérale de Reagan et Thatcher, l’idée que la raison elle-même, depuis Aristote en passant par Descartes et la Révolution française, était grosse de la terreur et des dictatures. Ce n’est pas fini et, sous des formes diverses, qui concernent aussi bien Donald Trump qu’Emmanuel Macron et bien d’autres, la marée conservatrice continue à gagner du terrain autour d’une idée à maints égards dominante : il n’y a pas d’alternative au système.
Quand bien même on fait mine de déplorer les effarantes inégalités que l’on connaît, quand on s’inquiète pour l’environnement ou que l’on questionne le pouvoir démesuré des géants de la nouvelle économie, en termes financiers comme en termes de contrôle exercé sur les individus, devenus à la fois les usagers et le produit, la marchandise, la valeur d’échange des réseaux sociaux.
Paradoxalement, cette nouvelle économie semble aujourd’hui prendre pour une part la place de l’utopie. La lutte des classes étant décrétée morte, place à la start-up où se tutoient leaders et collaborateurs en manches de chemise. Le PDG du groupe géant Sodexo se déclare proche de l’écologiste Pierre Rabhi… On feint d’oublier qu’il existe toujours dans tous les pays des millions d’ouvriers. Place aux travailleurs libres que sont les jeunes chauffeurs Uber, au libre partage des réseaux Airbnb. Les anciens hippies de San Francisco sont devenus les cerveaux de la Silicon Valley en étant persuadés d’avoir inventé un nouveau monde. Ils ont alimenté les fortunes les plus colossales de toute l’histoire humaine en étant, tout autant que les anciens prolétaires, dépossédés des fruits de leur travail, ayant simplement oublié au passage que, là ou il y a du capital, il y a des capitalistes, et que ce sont eux les décideurs.
Mais, précisément, le capitalisme d’aujourd’hui s’appuie, consciemment ou non, sur le rejet des anciennes formes de l’exploitation, sur des aspirations grandissantes à la liberté, au « libre épanouissement des facultés créatrices de chacun », selon les mots de Marx. Y compris dans nombre d’entreprises traditionnelles, avec les formes nouvelles du management participatif, collaboratif ou de quelque nom qu’on l’appelle. En d’autres termes, le capitalisme d’aujourd’hui utilise à son profit les moteurs même de l’utopie. Aussi contradictoire que cela puisse paraître, ce sont sans doute les mêmes aspirations que l’on retrouve dans nombre d’expériences contestant les modes de vie et de consommation actuelle, mais, aussi bien, avec une conscience aiguë de l’urgence de vivre autrement et de changer le cours des choses, avec des mouvements comme les Indignés, Occupy Wall Street, Nuit debout, probablement ce qu’on a appelé les printemps arabes… L’utopie court dans les consciences plus que jamais, sans doute, mais pour partie à cloche-pied.
L’Utopie se voulait critique politique et modèle d’une société idéale. Il faut faire notre deuil des modèles, s’il y en eu. Il y a à inventer des pratiques nourries des multiples expériences, qui veulent imprimer un nouveau cours aux choses, utilisant précisément en les retournant comme une nouvelle terre les champs du numérique, de la gestion des entreprises ou des collectivités, mais avec la claire conscience qu’il s’agit bien aussi de pratiques et de luttes politiques. L’utopie appelle un combat permanent de la démocratie, à tous les niveaux, pour disputer le pouvoir au capital et à son personnel politique. Elle est ce combat démocratique même, au présent.
Livre. « La guerre des métaux rares » anticipe un monde de pénurie
Publié en janvier 2018, le livre de Guillaume Pitron (1) arrive à point nommé pour mettre un peu de plomb dans la cervelle des décideurs politiques et économiques qui oublient trop facilement que la « transition écologique » tournée vers la production d’énergies renouvelables est aussi lestée d’un important bilan carbone en amont. Il nous prévient aussi que la pénurie de métaux rares en sera l’étape suivante.
La guerre des métaux rares de Guillaume Pitron
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Énergie. Chez Enedis, l’emploi trinque pour muscler EDF
La CGT alerte sur le plan d’économies et de suppression de 2 000 postes imposé à l’ex-ERDF par sa maison mère, en mal de cash pour tous ses projets.
EDF a besoin d’argent, de beaucoup d’argent, pour mener à bien les chantiers colossaux que son principal actionnaire, l’État, lui a fixés. En plus d’être devenu, le mois dernier, actionnaire à 75 % des activités réacteurs nucléaires d’Areva, valorisées à 2,47 milliards d’euros, le champion tricolore de l’électricité doit débourser 51 milliards d’euros d’ici à 2025 afin de prolonger l’existence de ses 58 réacteurs et, en sus, débloquer deux tiers des 21 milliards d’euros nécessaires à la construction des deux réacteurs EPR d’Hinkley Point, en Angleterre. Endetté à hauteur de 35 milliards d’euros et affaibli par les actuels prix bas de l’électricité en Europe, EDF puise donc allégrement dans les coffres de ses filiales.
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