Mois : mars 2018
« Mépris », « dictature technocratique », « hyperprésident » : André Chassaigne (PCF) éreinte l’exécutif
Recours répétés aux ordonnances, déclenchement d’un vote bloqué au Sénat, projet de limiter le droit d’amendement des parlementaires… Pour André Chassaigne, la coupe est pleine. Mardi, lors des questions au gouvernement, le député communiste a dit tout le mal qu’il pensait des méthodes de l’exécutif :
« Ces coups de force répétés marquent une dangereuse dérive aux accents de dictature technocratique. André Chassaigne, président du groupe GDR, 13 mars 2018″
« Dictature technocratique », l’accusation a suscité la vive indignation des députés de la majorité. Pas de quoi freiner les ardeurs du chef de groupe, qui redoute le contenu de la future réforme des institutions. Il en appelle au référendum :
« L’avenir de notre démocratie qui est en jeu, c’est pourquoi le peuple doit décider en dernier ressort de l’adoption ou non de cette réforme structurelle.André Chassaigne, président du groupe GDR, 13 mars 2018 »
L’élu du Puy-de-Dôme a égratigné au passage Emmanuel Macron, qualifié d' »hyperprésident », auteur d’une « casse sociale » susceptible d’être « amplifiée » par les projets de loi à venir.
« Je ne suis pas d’accord avec vous »
Face aux applaudissements des bancs de l’opposition, Édouard Philippe a tenté de calmer le jeu et a rappelé les règles de la Ve République :
« Je vois donc un député communiste expliquer dans cette Assemblée que le recours à des dispositions constitutionnelles est un déni de démocratie, je ne suis pas d’accord avec vous !Édouard Philippe, 13 mars 2018″
En revanche, le premier ministre a pris soin de ne pas s’engager sur la tenue d’un éventuel référendum. La méthode susceptible de mener à bien la réforme constitutionnelle reste en effet la grande inconnue, le gouvernement poursuivant ses consultations sur ce sujet délicat.
« Dans le cochon tout est bon » : ce n’est pas une raison pour faire des cochonneries
Mon père, comme tous les pauvres, les semi-prolétaires du village, élevait chaque année un cochon.
Le jour de « pèle-porc », des « cochonnailles », nous le descendions sur des espèces de brancards, pour le sacrifier dans un hangar. Porté comme un saint de Semaine sainte sur « un paso » (une plate-forme), les cris de l’animal résonnaient dans tout le quartier du Castel. J’avais envie de traiter mon père et les « costaleros » (les porteurs) d’assassins, mais le jambon, c’est bon ! Contradictions de la dialectique porcine ! Le cochon, au village, jouissait du respect que l’on doit à ceux qui rendent la vie moins dure.
Tout cela pour dire qu’il y a des cochons plus respectables que les hommes, politiques, élus, technocrates, qui font des cochonneries. Et c’en est une que d’agrandir une porcherie située à l’entrée d’un ancien camp français « de concentration » (à La Lande et à Jude) où furent enfermés, au total, de 1939 à 1945, 16 000 républicains espagnols, puis des Juifs, des Polonais, des communistes français à la suite des rafles de juillet 1942 contre les « individus dangereux »… 295 Juifs seront déportés vers Auschwitz les 24 août 1942 et les 2-3 septembre 1942.
Septfonds, quel joli nom ! Sept sources, un petit village du Tarn-et-Garonne. A 5 km de Caussade. Il reste du camp « de concentration » (ainsi appelé à l’époque), devenus lieux nationaux de mémoire (et de recherche), le Mémorial, le cimetière, plus loin la gare de Borredon, remise à neuf par les militants; ici étaient déversés, wagon après wagon, réfugiés, prisonniers, « subversifs », accueillis (sans ménagement) par des barbelés, des gendarmes mobiles, des tirailleurs sénégalais… La porcherie industrielle devrait produire 6 000 porcs à l’année, à l’étroit dans leurs cases, élevés sans doute au soja transgénique… On imagine les nuisances ; pire que le gaz moutarde ! Les pauvres cochons, enfermés dans une cellule, où ils étouffent toute leur courte vie, et l’air du camp, devenu irrespirable.
Tout cela rend insupportable cet épandage de lisier sur la dignité et la mémoire de nos parents et grands-parents, Républicains espagnols. Une profanation, à 500 m seulement du Mémorial qui leur est dédié.
Au cimetière reposent les restes des « indésirables », des « individus dangereux » de l’époque, (assez semblables à ceux d’aujourd’hui), arrêtés par le gouvernement du radical-socialiste Daladier. Dans ces contrées de la « France profonde », règnent de petits « caudillos » locaux, ou régionaux, très souvent « de gauche », qui voudraient faire la pluie et le beau temps. Ces politiciens pro-porcherie rêvent d’enfouir à tout jamais, avec le lisier, les mémoires de lutte et de résistance, en les couvrant délibérément de discrédit, de criminalisation, de honte, de merde, d’épandages divers, quitte à commettre des crimes de lèse-mémoire. Ce qui sort de leur bouche est souvent monstrueux (Evangile selon Matthieu, XV,11).
Au Moyen-âge, à Paris, les cochons servaient à nettoyer les rues. Aujourd’hui, une oligarchie les utilise au contraire pour souiller, empoisonner durablement. Le cochon, le Sus Serofa Domesticus , si proche de l’homme et connoté de moins en moins négativement, est mis au service insupportable de la mal bouffe et de l’argent. Malgré leurs déchirures, les antifascistes espagnols, communistes, anarchistes, socialistes… portaient d’autres valeurs que la majorité des élus « pro-porcins », qui se prononcent en fait pour un enfouissement des mémoires populaires, celles de la Guerre d’Espagne , de l’anti-fascisme, de la Résistance, des camps, de la déportation… Sept-Fonds fut hélas aussi un maillon vers Drancy et les camps d’extermination et de la mort.
Depuis des mois, les associations mémorielles diverses, l’AGE des guérilleros espagnols UNE-FFI en France, la coordination d’associations mémorielles « Caminar », le Centre d’Investigation Ciimer, présidé par Carmen Negrín, etc., hurlent de colère et de douleur. Les ploutocrates qui nous gouvernent font pour l’heure l’autruche, à défaut… Mais l’indignation monte… Des milliers de démocrates, pas seulement des fils de la Guerre d’Espagne, exigent du gouvernement qu’il intervienne pour interdire, à cet endroit symbolique, l’extension d’une porcherie. Ce qui serait une authentique cochonnerie, une véritable offense à la mémoire historique. Qui vivre verrat.
Sous le masque
L’éditorial de Patrick Apel-Muller.
Le Front national, rebaptisé Rassemblement, a trouvé son grand homme. L’extrême droite l’a pêché outre-Atlantique, dans ces eaux troubles qui baignent l’entourage de Donald Trump. Steve Bannon fut le conseiller du président américain, mais plus encore son trait d’union avec le Ku Klux Klan et les suprémacistes blancs, les marchands d’armes de la NRA et les églises fanatiques. Durant des années, il a animé des sites d’information spécialisés dans la rumeur et les fausses nouvelles au profit de l’extrême droite. Aux responsables frontistes réunis en congrès, il a lancé samedi : « Laissez-vous appeler racistes, xénophobes, islamophobes. Portez-le comme un badge d’honneur… » L’extrême droite a maquillé son nom mais elle a trouvé son successeur au vieux Le Pen, en cet inspirateur d’une internationale brune dont Marion Maréchal-Le Pen voudrait former les cadres.
Certes, Marine Le Pen a perdu du crédit. Mais elle juge avec les siens que la brutalité du capitalisme mondialisé, le libéralisme autoritaire d’Emmanuel Macron et l’affaiblissement d’une gauche combative et rassemblée lui donneront la possibilité de surfer sur la vague brune qui a déjà maculé l’Italie, l’Autriche, la Hongrie… Voilà pourquoi elle modère son discours anti-européen. Le continent, s’il venait ainsi à être défiguré par la haine des migrants et l’obsession sécuritaire, lui deviendrait tout à fait sympathique.
L’extrême droite juge aussi qu’elle a tout à gagner à ce que « les Républicains » viennent braconner sur ses terres. Elle parie que l’entreprise de charme de Laurent Wauquiez aura le destin de celle de Silvio Berlusconi, vidé de ses forces par une alliance qui respectabilise son sulfureux partenaire. Déjà Thierry Mariani est tombé du côté obscur. D’autres peuvent suivre. Ce qui pourrait vraiment affaiblir le « RN » serait une mobilisation populaire sur des revendications d’égalité, de justice, de services publics, de biens communs, face à l’entreprise de destruction macronienne.
De Mélenchon au FN Sciences-Po, voici la « timeline » de Davy Rodriguez (FNJ)
En 2012, il faisait la campagne de Jean-Luc Mélenchon et soutenait Chavez. Par glissements, il applaudit Zemmour, Ménard, et mène à présent la formation FN de Sciences-Po, qui vient d’être reconnue.
Sur une vidéo postée sur Twitter ce week-end, en plein congrès du FN, on entend Davy Rodriguez, numéro 2 du Front national de la jeunesse et assistant parlementaire de Marine Le Pen et Sébastien Chenu, proférer une insulte raciste, « espèce de sale nègre ».
Selon BuzzFeed, elle vise le vigile d’un bar à Lille (Nord). Davy Rodriguez nie les faits mais il a été suspendu. En octobre 2015, Rue89 avait remonté la timeline de son compte Facebook public. (De nos archives) Pour devenir une association de Sciences-Po, le FN doit recueillir 120 suffrages sur plus de 10 000 étudiants, en quatre jours de vote. Dès le premier jour, ce jeudi en milieu de journée, il a déjà obtenu le nombre de voix nécessaire.
Espagne. Cinq millions de grévistes pour un 8 mars historique
L’appel à cesser le travail pour la Journée internationale des droits des femmes, hier, a été accompagné de rassemblements très suivis.
Machisme, harcèlement, inégalités de salaires, féminicides. « Il n’y a pas qu’une raison de faire grève, il y en a trop ! » proféraient les organisations féministes qui appelaient à arrêter le travail en Espagne à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Il y avait au moins 5,9 millions de raisons de faire grève. C’est le nombre d’arrêts de travail de deux heures, jeudi, comptabilisés par les syndicats Commissions ouvrières (CCOO) et Union générale du travail (UGT). Femmes et hommes ont croisé les bras. Un chiffre impressionnant, à la mesure de la formidable mobilisation.
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Réforme ferroviaire. La CGT cheminots contre-attaque sur le fond
Face à la presse puis au Parlement, le premier syndicat de la SNCF a présenté son plan pour l’avenir du ferroviaire. Un contre-pied aux orientations libérales du gouvernement.
Alors qu’une nouvelle réforme du système ferroviaire est annoncée par le gouvernement « avant l’été », la fédération CGT des cheminots – première organisation syndicale de la SNCF – a rendu public, hier, son propre projet de réforme, « Ensemble pour le fer », qui garantit le développement d’un véritable service public du transport ferroviaire. Car au fond, de réformes en réorganisations « parties d’objectifs de traitement des questions financières pour arriver à des usines à gaz dans l’organisation de la production (…), le problème est tout simplement pris à l’envers », affirme Laurent Brun, secrétaire général de la CGT cheminots.
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Un faux reportage de TF1 pour l’inauguration de la newsroom de La Dépêche du Midi
La « Deltaroom » de La Dépêche du Midi a été inaugurée en grandes pompes jeudi 8 mars. Pour l’occasion, de nombreux moyens de la rédaction ont été mobilisés dont un faux reportage de l’équipe de TF1 à Toulouse, employée par une filiale de… La Dépêche du Midi.
Jeudi soir, les journalistes de La Dépêche du Midi ont eu le plaisir de rédiger leurs articles avec au-dessus de leur épaule le préfet de région, un député (ancien salarié de La Dépêche du Midi), un adjoint au maire de Toulouse, un élu métropolitain ou le président du Stade Toulousain… On connaît situation plus sereine pour un journaliste en bouclage.
Il faut dire que c’était LE moment pour la direction de La Dépêche du Midi qui avait convié une centaine de personnes à l’inauguration de la Deltaroom (avec un D comme Dépêche), la salle de rédaction (« newsroom ») de La Dépêche.
A cette occasion, la rédaction numérique a été fortement mobilisée : article En direct placé en une du site internet du journal, tweet-live de la cérémonie et des discours notamment celui du Pdg du groupe, Jean-Michel Baylet. Un faux reportage a même été commandé par la direction à l’équipe de la filiale du groupe qui assure la correspondance de TF1 dans la région, avec même un clin d’oeil de Jean-Pierre Pernaut, rien n’est trop beau pour les travaux :
Un reportage-gag dont on pourrait penser qu’il n’est qu’à usage interne mais qui a en fait été… diffusé sur les réseaux numériques du journal !
Dans son discours, Jean-Michel Baylet a rappelé l’histoire du journal et cette phrase de sa mère, Evelyne-Jean Baylet, lorsqu’elle dirigeait La Dépêche : « Un journal a une âme, et cette âme c’est sa rédaction ».
Un autre reportage (ci-dessus) a aussi été réalisé sur cette soirée inaugurale. Mais il ne comptait malheureusement que 169 vues 23 heures après sa mise en ligne.
FV (@fabvalery)
Partage des richesses n°421….
Le veto d’Emmanuel Macron à l’amélioration des retraites agricoles
Moins de deux semaines après avoir dialogué douze heures durant avec les paysans sur le Salon de l’agriculture, le président de la République a obtenu de son gouvernement qu’il oppose son veto a toute amélioration des retraites agricoles. En exigeant le recours au vote bloqué lors de l’examen par le Sénat, le gouvernement voulait vider le texte présenté par les parlementaires communistes de son contenu alors que les députés l’avaient voté à l’unanimité.
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