Cheminots, éboueurs, étudiants, soignants, retraités, avocats, salariés de Carrefour ou d’Air France… les mobilisations sociales se multiplient. L’Humanité a choisi de donner la parole à ceux qu’Emmanuel Macron considère comme des « professionnels du désordre ».
«La tyrannie des minorités. » C’est la formule choisie par le président de la République pour tenter de discréditer la multiplication des mouvements sociaux. Dimanche soir, face à Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, non seulement Emmanuel Macron est resté sourd aux revendications sociales, mais il leur a lancé un message subliminal clair : « J’irai jusqu’au bout. » Pourtant, le chef de l’État a déjà dû mettre de l’eau dans son vin. Celui qui affirmait il y a un mois « ne pas entendre de colère dans le pays » dit maintenant la « comprendre », tout en lançant à l’endroit des cheminots : « Je ne crois pas à la politique de la place de grève. »
Si Emmanuel Macron fait mine de ne pas s’inquiéter du climat social, son offensive médiatique visait pourtant à reprendre la main face à la multiplication des fronts et sa dégringolade dans l’opinion, spectaculaire chez les retraités et les classes populaires. Au moment d’aborder la contestation sociale qui monte dans différents secteurs, des cheminots aux avocats, des étudiants aux personnels soignants, des postiers aux fonctionnaires, Emmanuel Macron a reproché à Edwy Plenel d’essayer de faire se « coaguler » des luttes éparses qui n’ont selon lui rien en commun. « Je conteste l’orientation de votre question qui viserait à voir une logique ou à vouloir créer une coagulation dans ces mécontentements. » Si « la convergence des luttes » est loin d’être encore une réalité, la multiplication des fronts sociaux a bien « une logique ». D’abord parce qu’elle répond à la stratégie du pouvoir d’allumer toutes les mèches en même temps pour tenter de paralyser ses opposants. Du public au privé, de La Poste (qu’ Emmanuel Macron a osé citer en exemple mercredi dernier) aux universités, de la justice à la santé, du secteur social à l’école, toutes ces résistances au macronisme s’érigent contre la culture du privé appliquée aux services publics et à leurs métiers. Les témoignages recueillis aujourd’hui dans nos colonnes, qui dressent un panorama des colères et mobilisations sociales, démontrent au contraire le besoin de redonner du sens au travail et aux services publics, abîmés par les critères de rentabilité et la course aux profits. Chacun avec ses mots, et la spécificité de sa mobilisation, affirme une haute idée de son métier, du bien commun et de l’intérêt général, bien « loin des professionnels du désordre » évoqués par Emmanuel Macron.
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