Macron en Dordogne, la fraise sur le dessert

Nous publions la « lettre ouverte à Emmanuel Macron »  que nous a envoyée Gaëlle Naulin, la productrice qui a fourni les fraises du dessert offert au Président de la République, mercredi 18 juillet, à l’occasion de sa visite en Dordogne : « la fraise sur le dessert est issue de l’agriculture paysanne, pas de l’agro-business. »

« Monsieur le Président,
Je vous fais une lettre,
Que vous lirez peut être,
Si vous avez le temps…

Monsieur le Président, nous nous sommes déjà croisés. Paysanne nouvellement installée, j’ai fait partie, le 22 février 2018, des invités au Palais de l’Elysée alors que vous adressiez votre discours à la nouvelle génération agricole. Nous avons échangé, à cette occasion, une poignée de main.

Ce mercredi soir, 18 juillet 2018, à l’occasion de votre visite en Dordogne, nous nous recroisons… Vous avez dîné à « La Péniche ». J’espère que vous aurez apprécié ce repas composé avec nos produits périgourdins. Sachez que la « fraise » sur le dessert vient de notre ferme « Le Gaec des délices » où je suis associée avec mon mari. Nous travaillons en polyculture-élevage en agriculture biologique sur la ferme familiale et sommes spécialisés dans la culture de la fraise.

Ces quelques mots pour vous dire qu’il ne pourrait y avoir une telle richesse gastronomique sans l’agriculture paysanne, l’agriculture défendue par la Confédération paysanne, syndicat auquel mon mari et moi sommes adhérents. La Dordogne est un territoire où grand nombre de filières agricoles sont représentées et où l’agriculture paysanne a tout son sens. On y trouve des fermes nombreuses, diversifiées, autonomes et créatrices d’emplois. C’est ainsi que nous pourrons maintenir une alimentation de qualité et de proximité, préserver les beaux paysages qui dessinent notre pays et plus largement, limiter l’impact des pratiques de l’être humain sur la planète.

L’agriculture n’a malheureusement pas ce seul visage. On nous répète sans cesse la nécessaire cohabitation de l’agro-business et de l’agriculture paysanne. Cela pourrait être envisageable si l’agrobusiness n’était pas prédatrice de l’agriculture paysanne. Nous refusons d’être les « sacrifiés » du système. Le productivisme, le libre-échange et la chimie ne sont pas des systèmes durables et conduisent à des déserts ruraux. La suppression des services publics ne fait qu’accélérer le processus.

Une nouvelle fois, nous faisons appel à vous, Monsieur le Président, pour mettre en place d’urgence des politiques publiques qui puissent changer le cap de l’agriculture. Ces politiques doivent valoriser, soutenir l’agriculture paysanne, doivent permettre aux paysannes et paysans de vivre dignement de leur métier. Elles doivent favoriser les installations en agriculture de la nouvelle génération agricole qui a conscience des enjeux actuels.

Monsieur le Président, parce que nous souhaitons que vous puissiez continuer à déguster des produits de qualité ainsi que le plus grand nombre de nos concitoyen.ne.s, nous souhaitons des actes forts qui permettent enfin que l’agriculture paysanne ne soit pas sacrifiée et continue à régaler nos papilles. »

Gaëlle Naulin, Eglise-Neuve-de-Vergt (Dordogne), 19 juillet 2018.


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