Adiu men amiga….

A Mathieu,

La nouvelle est brutale, mais n’a t-on jamais su que la montagne si douce en cette fin d’été, savait rendre irrémédiables les coup du sort comme si la vie avait encore le droit de disputer les plus beaux sommets.

La nouvelle est si brutale que le monde pleure l’amour que Mathieu savait porter à ces vallées d’Aspe ou d’Ossau et qui ont résonné tant de fois de ses pas alertes. Aux confins de ce cailloux que je chéris depuis nos premières rencontres, la roche s’est faite illusoire à se dérober sous le poids de la confiance. Tu m’en as tellement appris sur ces roches et sur ces fleurs endémiques gravées sur ma peau, toi qui a su me rendre fier au point de me sentir a ce point pyrénéen d’âme et de cœur…

Le peuple des vallées a perdu l’un des siens et nous, nous n’avons que les images d’un temps passé, les conversations autour d’un vin de l’année pour entretenir ce qui ne sera plus que des souvenirs.

Que n’ai-je su revenir plus souvent à tes côtés pour continuer à apprendre, à comprendre ses sentiers que tu nous a fait tant aimer?

Je pensais que nous pourrions vieillir pas loin l’un de l’autre pour nous satisfaire de nos moments, trop rares il est vrai, à refaire ce monde que nous n’acceptions ni toi, ni moi…. chacun avec nos convictions et nos passions! Et je mesure, à cet instant combien tu vas nous manquer, combien sont précieux les instants de vie pour celles et ceux qui restent.

Qui donc continuera à discutailler avec moi sur ce que nous avons perdu et sur ce que devons encore gagner… Tu as encore trouvé un moyen pour ne pas ouvrir le prochain Madiran, ou pour ne pas jeter sur la plancha, ce morceau que nous aurions partager à pleines dents.

La nouvelle est brutale et je n’ai pas hésité une seconde à faire le tour des vieux amis, ceux que l’on ne voit que de temps en temps pour leur dire que cette fois, tu avais fait la une de la presse locale, toi qui savait si bien te faire discret. Nous avons eu tant de moment de silence dans nos échanges que les uns comme les autres voyaient défiler devant leurs yeux embués les images de ta fidélité à ton Béarn natal comme à tes fières origines qui se jouaient de la frontière pourtant si proche.

Je n’arrive même pas à en vouloir à l’Ossau, ce géant si fragile qui s’excuse déjà du mauvais tour qu’il nous fait!

J’en veux à la terre entière de ne pas savoir garder ceux qui le mérite tant et plus, et je reviendrais sur le Pic Jean Pierre, pour toi Mathieu, sous une forme ou sous une autre… Je prendrais ce temps là, je t’en fais la promesse…..

A Christine, à Salomé, avec toute notre tendresse, tout mon amour…

Adiu men amiga….

Maximilien


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