Ils étaient entre 250 et 300 hier dans les rues de Montauban. Les enseignants du Tarn-et-Garonne ont répondu à l’appel à manifestation des syndicats SNUipp-FSU, CGT, UNSA et Snalc. Ils ont protesté contre le budget 2019 annoncé par le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer, qui prévoit la suppression de 2650 postes d’enseignants dans les collèges et lycées, mais aussi contre la réforme du bac et Parcoursup, la réforme des retraites, et le recours de plus en plus fréquent à la contractualisation. En somme, beaucoup de sujets de mécontentements qui rassemblent les enseignants, malgré une mobilisation qui en a déçu plus d’un.
«C’est frustrant d’enseigner dans ces conditions»
Marie-Madeleine Autin est professeur au collège Olympe de Gouges à Montauban depuis 25 ans. «Les évolutions dans l’éducation n’ont pas toutes été dans le mauvais sens, mais nos conditions de travail se sont dégradées», commence l’enseignante. «Quand j’ai commencé à travailler, la norme était de 24 élèves par classe. Aujourd’hui on est passé à 30, et jusqu’à 32 dans certaines classes.» Et si les effectifs ont augmenté, les élèves accueillis ont aussi changé. «Aujourd’hui, on a aussi des élèves handicapés, des Segpa, des jeunes de langue étrangère. C’est très bien qu’ils soient inclus dans les classes mais il n’y a pas assez d’auxiliaires de vie scolaire (AVS). Dans une de mes classes, j’ai trois jeunes handicaps pour une seule AVS. Et je dois faire le même programme pour tout le monde», déplore Marie-Madeleine Autin. La professeure de Montauban reste motivée pour exercer son métier mais «c’est très frustrant. On doit sacrifier des élèves. On fait du mauvais boulot.» Pour elle, les projets annoncés, «c’est du foutage de gueule.» L’enseignante craint notamment la montée de la contractualisation. «On le vit déjà. Certains contractuels se débrouillent bien mais ils ne sont pas formés et c’est à nous de les aider. En plus, ils sont dans une situation de précarité», se désole Marie-Madeleine Autin qui malgré tout garde son envie d’enseigner.
«On ne sait pas où on va»
Frédéric Lamonzie, professeur d’Histoire-Géographie et d’Histoire des arts au lycée Michelet de Montauban, reste motivé par son métier. S’il manifeste, c’est contre la réforme du lycée et le manque de moyens dans l’enseignement. «Cette réforme induit une remise en cause de l’enseignement des langues et des Arts. Par exemple, dans notre lycée, l’art va disparaître pour les Secondes. Je suis au lycée Michelet depuis 20 ans et j’ai vu le nombre d’heures par discipline diminuer», s’alarme l’enseignant. Il pointe un manque de concertation des professeurs dans l’élaboration des programmes. «c’est désespérant aussi pour les élèves. On n’a pas de visibilité sur là où on va. C’est déroutant», souligne Frédéric Lamonzie. «Mais être enseignant, reste malgré tout une vocation,» conclut-il.
Les syndicats d’enseignants ; réunis en assemblée générale après la manifestation, ont décidé de continuer leur combat par de nouvelles actions pour «fédérer ce mécontentement qu’on ressent dans les établissements scolaires.» Une nouvelle mobilisation est donc prévue le samedi 24 novembre, avant une autre journée de grève le 10 décembre, avec une manifestation devant le rectorat de Toulouse.
Des chiffres contrastés
Les syndicats estiment que «30 à 40 %» des enseignants tous niveaux confondus ont fait grève hier dans le département. C’est bien supérieur aux chiffres annoncés par le rectorat pour l’académie de Toulouse : 16 % des enseignants du secondaire (collège et lycée) et 13 % dans le primaire ont fait grève. Dans le détail, les chiffres sont très contrastés d’un établissement à l’autre. Huit écoles primaires ont compté plus de 25 % de grévistes et l’école privée Saint-Théodard de Montauban est restée fermée pour la journée. Dans les collèges, on annonce par exemple 36 % de grévistes au collège Théodore Despeyrous de Beaumont-de-Lomagne et même 40 % à Grisolles, contre seulement 10 % dans les collèges de Labastide-Saint-Pierre ou de Lafrançaise.
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