Pouvoir d’achat. Les gilets jaunes ne retournent pas leur veste

Sur la place de l’Étoile, à Paris, samedi. François Guillot/AFP

Sur la place de l’Étoile, à Paris, samedi. François Guillot/AFP

Alors que le fossé se creuse entre les « premiers de cordée » chouchous du président et les plus modestes, toujours sans interlocuteur malgré la persistance de leur mobilisation et de leurs revendications, l’urgence sociale demeure.

Le gouvernement a beau souligner « un fort affaiblissement de la mobilisation », samedi les gilets jaunes étaient plus de 100 000 (106 301, selon le compte très précis du ministère de l’Intérieur) à manifester dans toute la France. Certes, d’un point de vue arithmétique, on note une déperdition de forces (ils étaient 282 710, selon le ministère, le samedi précédent), mais le territoire reste maillé de jaune encore aujourd’hui. Une présence qui montre combien le mécontentement sur le pouvoir d’achat est fort. Le gouvernement, bien en peine pour répondre à cette question, multiplie les échappatoires.

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, s’appuyant sur des actes et des mots bien réels mais pas structurels du mouvement, a d’abord renvoyé les gilets jaunes à la seule extrême droite. Selon lui, les « séditieux » manifestants parisiens ont « répondu à l’appel de Marine Le Pen » et voulaient « s’en prendre aux institutions ». Un écho du 6 février 1934 (marche des ligues factieuses d’extrême droite sur l’Assemblée nationale) qui passe assez mal… Le président de la République a botté en touche d’une autre manière, en annonçant la création d’un « haut conseil pour le climat » composé d’experts, selon l’Élysée. Un organisme placé sous l’autorité du premier ministre censé « susciter moins de crispations » sur la « politique énergétique et ses conséquences fiscales », précise le Journal du dimanche. Et qui a l’avantage de contourner les corps intermédiaires, avec lesquels le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, estimait qu’il fallait construire un « pacte social de la conversion écologique ». Le premier ministre l’avait rabroué : ce n’est pas ce que « demandent les gilets jaunes ».

L’exécutif sait, lui, ce que veulent les manifestants : de la « pédagogie ». Ce que va faire, promis, Emmanuel Macron. Nullement en s’adressant aux Français pour détailler des mesures sur la vie chère, mais à huis clos, devant les membres du Conseil national de la transition écologique, avec l’objectif, a-t-il déclaré à la presse, de donner le « cap » de cette transition afin de la rendre « acceptable ». Le fossé se creuse.

Grégory Marin

En savoir plus sur Moissac Au Coeur

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Donnez votre avis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.