Acte V à Toulouse
L’attaque meurtrière sur le marché de Noël de Strasbourg a rappelé la prégnance de la menace terroriste et son caractère de plus en plus imprévisible, fortement lié au terreau social de la délinquance et de la relégation. Les français ont communié dans le souvenir des victimes de cet horrible assassinat en remerciant les forces de sécurité, les pompiers et le personnel médical qui œuvrent dans l’intérêt général malgré les coupes budgétaires qui rendent leurs missions chaque jour plus difficile. Incidemment, il a contribué à détourner le regard de l’ébullition sociale.
Mais la colère, loin d’être éteinte, reste vive face aux annonces en trompe l’œil du Président. Le service après-vente de son allocution télévisée fait l’objet d’une véritable bataille idéologique pour adjurer celles et ceux qui étaient invisibles avant d’occuper les ronds-points de retourner à leur invisibilité.
Ainsi le tabou des 3% de déficit public explose en vol mais de la plus mauvaise des façons. On accuse les 15 Milliards € de dépenses envisagées de le creuser mais on exonère l’argent donné aux entreprises, d’un montant près de trois fois supérieur comme la suppression de l’impôt sur la fortune de 3,5 milliards €. Les nouvelles mesures avancées seraient financées par les budgets publics. Les grandes entreprises et les banques ne sont en aucun cas mises à contribution. La simple prime au bon vouloir des entreprises est un pur artifice dès lors qu’il ne s’agit pas de salaire. Au fur et à mesure des décisions une part plus grande du salaire qui était versée par les employeurs est prise en charge par de l’argent public tout en vidant peu a peu les caisses de Sécurité sociale. Le message est clair. Il est de classe : les riches continueront de s’enrichir tandis que l’immense majorité se partagera un gâteau chaque jour un peu plus mince. Les prébendes des pouvoirs économiques restent intactes et l’objectif de liquider la cotisation sociale ne varie pas d’un iota. Cette modeste soupape vise, en fait, à préserver l’agenda macroniste de mise aux normes de la France aux canons de la mondialisation capitaliste. Retraites par points, casse de la fonction publique et saccage de la Sécurité sociale restent donc à l’ordre du jour.
Les intérêts du grand capital heurtent de plein fouet l’intérêt général que portent les mouvements en cours. La politique à son service est d’une violence inouïe. Oui, une augmentation du SMIC, des bas salaires, des prestations sociales représente une somme importante. Mais, l’argent coule à flot pour les dividendes, dans les paradis fiscaux et les emballages parfumés des cadeaux sociaux et fiscaux offerts aux grandes entreprises. Et, que dire de ces 2600 milliards d’euros de monnaie créées par la Banque centrale européenne pour les banques privées qui servent si peu à l’investissement, au travail, à l’école ou à la culture.
En 2017 les entreprises ont versée 180 milliards en dividendes à leurs actionnaires et 67 milliards de frais financiers aux banques. A ceci s’ajoute l’évasion fiscale qu’organisent ces mêmes banques à hauteur d’au moins 80 milliards. Ajoutons que les frais financiers que paient l’Etat, les collectivités locales et le secteur hospitalier s’élèvent au bas mot à 43 milliards quand la Banque centrale européenne prête à taux négatif aux banques privées.
On peut donc inverser la logique et satisfaire d’abord le monde du travail et non la finance. C’est le cœur des luttes actuelles, auxquels s’additionnent des revendications d’ordre démocratique comme en témoigne l’ampleur prise par la proposition d’un référendum d’initiative citoyenne. Elles appellent une mobilisation de toutes les forces vives du pays, englobant les secteurs publics et les petites et moyennes entreprises.
De la jonction des usines et des ronds-points des gilets jaunes, des écoles et des lieux de création, des fermes ou des hôpitaux peut naitre un nouvel élan progressiste. Les fêtes de fin d’année vont être l’occasion de millions de rencontres et discussions entre familles et amis. Formons le vœu qu’elles permettent des prises de consciences salutaires pour que se constitue l’indispensable unité populaire.
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