Voici une lettre que nous écrivons à Mme Macron. Tous les enseignants du collège vont la signer, l’envoyer, et répéter l’envoi chaque semaine. Si cela vous plait, partagez-la, signez-la, envoyez-la (c’est gratuit quand on écrit au palais de l’Elysée), diffusez-la, demandez à ce qu’on la partage.
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Madame Macron,
Veuillez-nous excuser de vous solliciter directement mais nous peinons à nous faire entendre. Vous connaissez les habitudes de l’Éducation Nationale : entre collègues, on se tutoie.
Permettez donc que nous nous tutoyions ? Car c’est bien à l’ex-professeur de Français que nous écrivons, tout autant qu’à l’épouse du Président de la République.
Aujourd’hui, notre démocratie est telle qu’il est nécessaire d’user d’un médiateur influent quand les gens au pouvoir restent sourds aux attentes des citoyens. Nous comptons donc sur ton empathie et ton expérience professionnelle pour faire passer notre message à M. le Président et à son Ministre de l’Education Nationale.
Brigitte, te souviens-tu de ton salaire à l’entrée dans le métier ? Combien les premiers temps étaient compliqués : le salaire qui peine à arriver, le logement difficile à trouver, la famille et les amis que l’on doit quitter pour une région que souvent l’on n’a pas choisie. Et te souviens-tu des phrases entendues, et sous-entendues, par les commerçants, par les voisins, parfois même par ta propre famille, au sujet de ton métier ? « Ah ! ce n’est pas si fatigant ! », « et puis les vacances… », « et puis 18 heures de travail seulement ! ». Te souviens-tu du décalage entre ces discours et la masse de travail, les cours à préparer, les copies qui s’accumulent sur le bureau ? Nous sommes sûrs que, comme nous, tu t’en fichais pas mal, parce que ce métier, on le faisait pour autre chose et que, finalement, on était heureux. Même avec ce petit salaire. On savait qu’avec le temps, il finirait par augmenter, un peu.
Brigitte, te souviens-tu de la rapidité avec laquelle tu as basculé dans le métier après avoir passé le concours ? A peine quelques mois, sans être formée, juste à rêver de ce que tu pourrais être. On a tous rêvé d’être un professeur parfait, charismatique, d’aider les élèves à progresser ou même à s’en sortir. Et ton premier cours ? T‘en souviens-tu ? Forcément, car chacun·e de nous s’en rappelle, qu’il ait semblé durer 2 minutes ou 3 heures. La nuit blanche la veille, la gorge nouée le matin, l’impression de ne pas être prêt·e, la confirmation que l’on ne l’est pas !
Brigitte, te souviens-tu du nombre d’élèves dans tes classes ? Aujourd’hui la différenciation est au cœur du métier. Avec 15 élèves, c’est sympa. Avec 30, beaucoup moins. Elèves comme enseignants, nous en subissons tous les effets.
Brigitte, te souviens-tu que tu faisais bien plus que faire cours ? Te-souviens-tu des rencontres avec les professionnels, les élèves, les parents, les collègues, l’infirmière, la conseillère d’orientation, l’assistante sociale. Parce qu’en fait, on est aussi un peu infirmier, psy, éducateur, assistant social. Qu’on le fait du mieux qu’on peut, avec tout notre cœur, sans y être préparé ni formé mais parce qu’il faut bien pallier le manque de professionnels dans les établissements.
Brigitte, as-tu déjà éprouvé de l’indignation en travaillant avec des AVS ou des surveillants sous-payés ? On sait leur investissement, leur utilité, leur nécessité dans les classes, leur patience aussi.
Brigitte, as-tu déjà été TZR ? Tu sais, ces remplaçants titulaires auxquels on demande d’intervenir dans des zones de plus en plus vastes et qui peinent à obtenir des postes fixes. Te souviens-tu de ces contractuels et contractuelles de plus en plus nombreux, que l’on place devant des élèves sans aucune réelle formation professionnelle et dont on attend autant de compétences qu’un titulaire pour un salaire moindre ?
Brigitte, te souviens-tu de ces soirées grises où le découragement prenait le dessus ? Te souviens-tu de ce continuel sentiment de frustration quand tu n’arrivais pas à t’occuper correctement de tous tes élèves faute de moyens ? Te souviens-tu de cette peur panique de ne pas boucler des programmes bien trop lourds ? Te souviens-tu des remarques acerbes lues ou entendues sur ta profession ? Car s’il y a un métier pour lequel tout un chacun pense être en mesure de juger et de conseiller, c’est bien celui d’enseignant !
Aujourd’hui, la donne a changé : non seulement nous sommes mal rémunérés (je te passe les comparaisons avec les pays de l’OCDE, laissons les chiffres de côté), mais encore on nous vole notre retraite calculée sur les derniers et donc les meilleurs salaires. Pas la peine de nous faire miroiter des primes et des heures supplémentaires, le compte n’y sera pas ! Avant, nous pouvions compter sur des retraites correctes ; aujourd’hui, nous sommes des professeurs sous-payés, demain nous serons des retraités floués.
Alors, Brigitte, nous comptons sur toi pour en toucher deux mots à ton mari, le Président de la République. S’il te plaît, n’oublie pas ceux dont tu as partagé le métier : nous avons besoin de ta voix pour nous faire entendre, si nous voulons qu’il reste le plus beau du monde.
Nous vous prions d’agréer, Madame Macron, l’expression de notre respectueuse considération
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